Sainte Zite

Fête le 27 avril

Vierge - Troisième siècle.


Légende de la gravure

Sainte Zite, revenant du pèlerinage de saint Pierre-a-Grando, s’assied, épuisée de fatigue, auprès d’une fontaine. La Sainte Vierge lui apparaît et lui indique de la main le fort de Pontetollo, dont les portes vont s’ouvrir d’elles-mêmes pour les laisser passer.


L’Evangile ne prêche pas une égalité chimérique. Sainte Zite n’était qu’une humble servante et cependant on retrouve dans sa vie les mêmes traits que dans celle de sa contemporaine sainte Elisabeth, princesse de Hongrie, et comtesse de Thuringe.

Enfance de Zite

C’est en 1218, sous le pontificat d’Honorius III, que Zite vint au monde dans une petite chaumière située sur un des riants coteaux qui avoisinent Lucques. Du seuil de la maison on apercevait la Brentina dont les eaux transparentes reflètent les cimes boisées du mont Catina, du Marendote et du Lapelia.

Que de fois le doux regard de la sainte enfant se sera arrêté sur ce spectacle et aura lu les splendeurs de Dieu dans le grand livre de la nature, le seul probablement qu’elle ait jamais connu.

Les parents de Zite étaient pauvres des biens de la fortune, mais riches des biens de la grâce. Un de ses oncles vécut ermite sur le mont de Lapelia et sa mémoire est restée en vénération dans la contrée. Sa sœur aînée, Marguerite, mourut dans un monastère de l’ordre de Cîteaux. Les bons exemples entourèrent donc son enfance et formèrent son âme aux vertus qu’elle devait si courageusement pratiquer.

Bonissima forma de bonne heure le jugement et le cœur de sa fille. Le premier mot qu’elle lui apprit fut celui de Jésus et le premier exercice, celui de joindre ses petites mains et de lever ses yeux bleus vers le ciel en disant : Notre Père qui êtes aux cieux, aimez bien votre enfant.

Elle lui apprenait à rapporter ses actions, sa volonté, ses sentiments à la pensée de Dieu, ne craignant pas de lui parler déjà de l’immortalité de l’âme et de la fragilité de la vie.

Bonissima faisait mieux encore : elle donnait l’exemple.

Pauvre, elle ne refusait jamais l’aumône, au moins celle d’un service. Sa journée était un exemple vivant d’une vie chrétiennement remplie.

Zite l’aidait dans les soins du ménage, travaillait aux champs et s’acquittait à merveille de tous ses devoirs.

Quand, par suite, de sa vivacité naturelle ou de la légèreté de son âge, elle allait se livrer à quelque action répréhensible, sa mère lui disait simplement :

- Ma fille, ce que tu fais déplaît à Dieu.

Et aussitôt l’enfant y renonçait.

Zite quitte son village

Zite était à peine âgée de douze ans quand son père lui dit :

- Dieu le veut, ma chère enfant, il faut nous séparer. Ta mère est infirme, nous avons besoin de ton travail ; compte sur le secours de Dieu. Il sera ton protecteur.

La pieuse enfant, ignorante encore des périls du monde, forte seulement de sa candeur et de son innocence, partit le lendemain pour Lucques.

Zite servante à Lucques

Lucques était alors une ville forte, très commerçante et capitale d’une petite république. L’existence de l’enfant, qui jusqu’alors n’avait connu que son village, allait être extérieurement bien changée.

Fatinelli (c’était le nom de son maître) était un riche commerçant ; il tenait un rang élevé dans la république et avait de nombreux domestiques ; les croix de Zite furent donc nombreuses aussi.

Fatinelli était bon, mais vif et emporté ; néanmoins la douceur de la petite servante ne se démentit jamais, car elle la puisait au pied du tabernacle.

Parmi toutes les vertus qui brillaient en elle, une des principales fut sans contredit l’obéissance. La volonté de son père et de sa mère avait toujours été pour elle l’expression de la volonté de Dieu. Elle obéit de même à Fatinelli, ne montrant jamais la moindre humeur, la moindre hésitation ; que ses maîtres fussent présents ou absents, sa conduite était toujours aussi exemplaire.

La main au travail, le cœur à Dieu, telle était sa devise.

Elle servait ses maîtres, non par intérêt mais par dévouement ; aussi lui abandonnait-il, sans contrôle l’administration des choses les plus importantes ; et plus occupée encore de leurs intérêts spirituels que de leurs intérêts temporels, elle élevait sans cesse sa prière vers Dieu pour lui demander la sanctification de tous.

Zite en butte à la calomnie

Les serviteurs de Fatinelli, peu consciencieux dans leur service, craignirent d’être dénoncés par Zite, et, ne pouvant l’entraîner au mal, ils la calomnièrent. Ses actions les plus louables furent dénaturées, et Dieu permit que ses maîtres ajoutassent foi au mensonge. L’amitié fit place aux soupçons ; au lieu d’encouragements on ne lui adressait que des reproches. Cette épreuve dura plusieurs années pendant lesquelles Zite, loin de se plaindre, bénit Dieu de lui avoir confié une parcelle de sa croix.

Dieu manifeste par un miracle la sainteté de l’humble servante.

Un jour Zite descendait l’escalier emportant du pain dans son tablier. C’étaient des restes dont sa maîtresse lui avait permis de disposer et qu’elle voulait donner à de pauvres familles du voisinage. Fatinelli l’ayant rencontrée, lui demanda avec humeur où elle allait et ce qu’elle emportait encore de chez ses maîtres. Zite abaissa son tablier et lui répondit en souriant :

- Ce sont des fleurs, mon bon maître, voyez plutôt.

Et, en effet, le tablier était rempli des fleurs les plus charmantes.

Elle poursuivit son chemin et distribua aux pauvres son aumône, car les fleurs étaient redevenues des pains.

A la vue de ce prodige, Fatinelli rendit toute sa confiance à Zite et lui donna même la garde de ses enfants.

L’humble fille était illettrée, mais, divinement instruite à l’école de Jésus-Christ, elle comprenait que l’éducation est un véritable sacerdoce, et elle s’efforça de faire naître en ces jeunes âmes l’amour de Dieu, le respect envers leurs parents et le culte de la vérité.

Zite avait dès longtemps voué sa virginité au Seigneur et sa tendre dévotion envers la reine des anges était la sauvegarde de sa vertu. Un jour, un des serviteurs de Fatinelli ayant voulu l’entraîner au mal, la jeune sainte, généralement si timide, n’hésita point, et de ses ongles déchira le visage de l’insolent.

La Sainte Vierge apparaît à Zite

Munie de la permission de ses maîtres, Zite partit avec une de ses compagnes pour le pèlerinage de Saint-Pierre-à-Grando. Elles étaient à jeun et la route étant longue et difficile, le courage abandonna son amie. Zite n’en continua pas moins son chemin.

Arrivée à Saint-Pierre, elle y communia avec sa ferveur accoutumée, puis elle repartit, refusant les divers abris qui lui furent offerts pour la nuit. Cependant, épuisée par le jeûne et la fatigue, elle sentit enfin ses forces défaillir, et, vers l’heure du chant du coq, disent les biographes, elle s’assit au bord d’une fontaine.

Elle puisait de l’eau, et la portait à ses lèvres, quand elle sentit une main se poser doucement sur son épaule, et, en même temps, une voix harmonieuse s’éleva :

- Voulez-vous venir avec moi à Lucques ?

Loin d’être troublée, Zite se sentit divinement fortifiée. La faim, la soif, la lassitude, elle avait tout oublié, et elle se mit joyeusement en marche.

Il fallait traverser un fort appelé Pontetollo ; les portes en étaient fermées, mais, à l’approche des deux femmes, elles s’ouvrirent d’elles-mêmes pour les laisser passer.

Zite, devant la demeure de Fatinelli, tendit la main à sa compagne inconnue, la priant de venir prendre un peu de repos, mais elle avait disparu…

Une chapelle s’élève maintenant auprès de la fontaine où Marie-Immaculée daigna venir en aide à son humble servante.

Sainte Zite membre du Tiers-Ordre de Saint-François

C’est vers cette époque que Zite s’engagea dans le tiers-ordre de Saint-François. Elle ceignit ses reins de la corde qui en est l’insigne, et la serra si étroitement, qu’après sa mort on la trouva recouverte par les chairs.

La ville de Lucques est mise en interdit.

Conduite de Zite en cette occasion

La république de Lucques ayant déclaré la guerre au Saint-Siège, le pape Grégoire IX prononça contre elle une sentence d’excommunication.

Plus d’ornements sur les autels, plus de chants sacrés, plus de cérémonies religieuses ; les prêtres priaient en silence, la désolation régnait dans tous les cœurs.

Quelle ne fut pas celle de Zite et combien ses prières montèrent, ardentes, vers le ciel, pour obtenir la conversion de la cité !

Elle ne reculait devant aucune fatigue pour aller chercher les secours religieux dans les lieux où ne s’étendait pas l’interdit. Ni la terreur qu’inspiraient les hommes de guerre, ni l’âpreté des chemins, rien n’arrêtait son zèle.

La maison de Fatinelli était souvent un théâtre de luttes et d’intrigues, mais l’humble et douce Zite n’était nullement troublée dans son recueillement.

Les anges de Dieu font l’ouvrage de Zite pendant qu’elle est en oraison

Fidèle à ses devoirs d’état, Zite prenait sur son sommeil le temps de ses prières. Une fois cependant, absorbée devant Dieu, elle oublia qu’elle devait rentrer pour pétrir le pain. Quel ne fut pas son étonnement de trouver à son retour le pain pétri et prêt à être mis dans le four !

Elle courut remercier sa maîtresse et les autres servantes. Personne ne sut ce qu’elle voulait dire, et comme ce pain répandait une odeur suave et céleste, nul ne douta que Dieu lui-même, se plaisait dans la compagnie de sa servante, n’eût envoyé ses anges la remplacer dans les soins du ménage.

Dieu récompense l’amour de Zite pour les pauvres

Zite aimait tendrement les pauvres. Elle se dépouillait de tout pour leur venir en aide, et quand elle n’avait plus rien à leur donner, elle sollicitait pour eux.

Pendant une famine, elle obtint de ses maîtres la permission d’user de leurs provisions et de distribuer des aumônes si abondantes, que la maison de Fatinelli était devenue la providence de tout le pays. Entre autres choses, elle donna une grande quantité de fèves sans songer que bientôt la provision serait épuisée. Quand les coffres furent vides, la pauvre servante se fit d’amers reproches. Ses maîtres lui avaient permis d’être généreuse, mais lui avaient-ils permis d’être prodigue ? N’avait-elle pas abusé et disposé inconsidérément du bien d’autrui…

Elle roulait ces pensées dans son esprit quand elle entendit Fatinelli demander la clef de ses coffres et dire qu’il avait vendu sa provision de fèves.

Elle approche tremblante, mais quelles ne sont pas ses reconnaissances et sa joie, en voyant les coffres plus pleins qu’ils ne l’avaient jamais été !

La veille de Noël, pendant un hiver très rigoureux, Fatinelli s’étant aperçu que la sainte était vêtue aussi légèrement qu’en été, lui prêta un manteau en lui recommandant de le rapporter avec soin. Zite remercia, et étant à peine arrivée à l’église, elle vit gisant sur la pierre un pauvre grelottant de froid. Elle lui donna le manteau :

- Je serai à l’église tout le temps de l’office, lui dit-elle, je le reprendrai en sortant.

Là-dessus elle se met à prier avec tant de ferveur qu’elle tombe en extase. Elle priait encore quand les premières lueurs de l’aurore l’appelèrent à ses devoirs habituels, mais le pauvre avait disparu.

Fatinelli reprit vivement sa servante, mais à ce moment, le pauvre accourut rapporter le manteau et, à sa vue, tous les assistants furent pénétrés d’une telle joie, que pas un ne douta qu’il ne fût un ange envoyé de Dieu.

Un jour, Zite était occupée à son travail, quand un pèlerin l’aborda. Il était épuisé de lassitude et implorait d’elle la charité d’un peu de vin. Zite n’en avait pas, mais, remplie de foi, elle tira de l’eau du puits, la bénit, et l’offrit au pèlerin qui assura n’avoir jamais bu un vin aussi excellent.

Mort de sainte Zite. – Miracles qui la suivirent.

Après soixante ans d’une vie si bien remplie devant Dieu et devant les hommes sainte Zite alla recevoir sa récompense.

Une nouvelle étoile brilla, dit-on, au-dessus de la ville de Lucques et répandit un tel éclat qu’il n’était effacé que par les rayons du soleil. Chacun pensa que l’âme de la sainte, pareille à une brillante étoile, avait paru devant le Soleil de justice.

Quelques jours après les funérailles, une liqueur semblable à du baume s’échappa du tombeau. On la recueillit et on l’appliqua sur des infirmes qui furent guéris. Un mort même fut ressuscité.

Pierre Fatinelli voyageait en Provence. Il appartenait à la famille chez qui la sainte avait servi et on croit même qu’il avait été élevé par elle. Etant tombé malade et condamné par tous les médecins, il invoqua sainte Zite, et la nuit suivante, une douce lumière s’étant répandue dans la chambre, il vit venir à lui une femme admirablement vêtue.

- Zite, pourquoi m’avez-vous abandonné ? lui dit-il, je vais mourir loin des miens, hâtez-vous de me secourir.

La sainte le rassura et disparut, le laissant absolument guéri.

Les miracles opérés auprès de son tombeau devinrent si nombreux que la coutume s’établit, à chaque nouveau prodige, de sonner la cloche de l’église de Saint-Fridien.

Quelques libres-penseurs de l’époque se moquèrent de celle qu’ils appelèrent la faiseuse de miracles. Un d’eux, le batelier Mandriano Torsello, voyant un jour un infirme qu’on portait auprès du tombeau de la sainte.

- Mettez-moi cet homme en terre, dit-il, il sera plus vite guéri.

Ces paroles étaient à peine prononcées qu’il devint subitement muet et le lendemain matin on le vit entrer à Saint-Fridien et, à genoux devant le tombeau de la sainte, répandre d’abondantes larmes de repentir, puis, les pieds nus, la corde au cou, visiter successivement les principales églises de la ville.

Revenu à Saint-Fridien la parole lui fut rendue.

Sainte Zite est représentée portant une cruche, pour rappeler le miracle par lequel elle changea de l’eau en vin.

Les servantes et les femmes de charge l’invoquent comme leur modèle et leur protectrice spéciale.

Elle leur a laissé plusieurs maximes parmi lesquelles nous ne citerons que celle-ci : « Une servante paresseuse ne doit pas être appelée pieuse ; une personne de notre condition qui affecte d’être pieuse, sans être essentiellement laborieuse, n’a qu’une fausse piété. »