Bienheureuse Véronique de Binasco

Fête le 2 janvier

Religieuse de l’Ordre de saint Augustin


Education chrétienne – Indices de sainteté

Sur le chemin qui va de Pavie à Milan, à égale distance de ses deux villes, on rencontre un humble village du nom de Binasco. Cette bourgade fut la patrie de la vierge Véronique, dont nous allons raconter la vie.

Elle appartenait à une pauvre famille de laboureurs, plus riche en vertus qu’en biens de la terre. Son père gagnait péniblement sa vie et celle des siens par la culture des champs et un peu de commerce. Homme honnête, s’il en fut, il était dans ses rapports avec le prochain d’une probité et d’une simplicité remarquables. Isidore Isolanus, de l’ordre de Saint-Dominique, qui fut l’historien de notre Sainte, raconte comment il se serait fait un scrupule de taire aux acheteurs le moindre défaut caché des bêtes qu’il leur vendait.

Véronique était à une bonne école de sainteté, et dès sa plus tendre enfance, elle profita des exemples qu’elle avait continuellement sous les yeux.

A cause de leur pauvreté, ses parents durent l’employer de bonne heure aux travaux de la campagne. Elle s’y rendait avec d’autres femmes ; mais tandis que celles-ci cherchaient à se distraire par des conversations mondaines et des chansons légères, Véronique vaquait à l’oraison et à la prière. A voir son recueillement, on aurait cru qu’elle n’avait pas d’oreilles pour entendre les bruyants éclats de rire et les chants joyeux qui retentissaient autour d’elle.

Première vision

Cette jeune âme, ainsi prévenue des bénédictions célestes, n’était pas appelée à vivre dans le monde. Dieu lui inspira la pensée de se consacrer à lui dans la vie monastique. Elle vint trouver la prieure du couvent de Sainte-Marthe, à Milan, et lui présenta humblement sa requête, disant qu’elle voulait prendre le voile des religieuses, et persévérer jusqu’à la fin de ses jours dans la pratique de la règle de Saint-Augustin, observée en ce monastère.

- « Ma fille, savez-vous lire ? demanda la prieure.

- Non, ma mère, répondit la postulante.

- Dans ce cas, retournez chez vos parents ; apprenez à lire alors nous vous recevrons à bras ouverts. »

Elle revint à la maison paternelle. Durant le jour, elle s’occupait des soins du ménage ; la nuit, elle tâchait d’apprendre à connaître les lettres et à les joindre entre elles. Vains efforts ! Elle dépensait inutilement son travail et son énergie.

Elle se tourna vers la sainte Vierge et lui demanda avec d’instantes prières de vaincre l’obstacle qui s’opposait à sa sortie du monde.

La Mère de Dieu lui apparut. L’humble vierge qui, dans la suite, devait être favorisée de si nombreuses visions célestes, se trouvait en présence d’un être surnaturel pour la première fois. Elle s’effraya, et tomba la face contre terre.

« Ne crains pas, ma fille, dit Marie ; je viens à toi pour te dispenser d’apprendre à lire. Qu’il te suffise de connaître les trois lettres que j’apporte du ciel avec moi. »

Les paroles de l’apparition rendirent quelque courage à Véronique ; elle interrogea : « Qui êtes-vous ?

- Je suis la Mère de Dieu.

- Je ne croirai jamais que la Bienheureuse Vierge ait daigné se montrer à une femme chétive comme je le suis. Je crains plutôt que vous ne soyez un esprit de ténèbres qui venez ici pour me tromper. »

Marie répondit avec une douceur de voix qui porta la persuasion dans l’âme de sa servante : « N’hésite pas, et crois que je suis la Mère du Christ. Je veux t’apprendre les trois lettres qu’il est nécessaire de connaître et de posséder. La première est la pureté du cœur, qui nous fait aimer Dieu par-dessus toutes choses. Prend garde qu’une affection déréglée ne vienne jamais ternir la blancheur immaculée de ton âme. Tu ne dois avoir qu’un amour, celui de mon Fils.

La seconde lettre est de ne pas murmurer contre les défauts du prochain, mais de les supporter avec patience et de prier pour lui. Ne sois jamais scandalisée par les actions des hommes. Si tu vois accomplir des œuvres mauvaises, aie compassion des malheureux qui les commettent, et fais des efforts pour les gagner à mon Fils.

La troisième lettre est de méditer chaque jour, la passion de mon Jésus, qui veut bien consentir à être ton époux.

Et maintenant, si tu peux apprendre les autres lettres fais-le ; mais n’oublie jamais celles dont je t’ai donné connaissance. »

Et la vision disparut.

Dès lors Véronique ne fit plus cas de l’alphabet ni des livres, mais elle s’appliqua à méditer chaque jour sur les trois lettres que la Mère de Dieu lui avait enseignées. Au bout de trois ans elle revint au monastère de Sainte-Marthe, et on l’admit parmi les sœurs converses.

Le don des larmes

Les grâces du ciel semblaient s’être donné rendez-vous dans cette âme privilégiée. Elle eut surtout le don des larmes à un degré extraordinaire. En particulier comme en public, elle ne cessait de répandre des pleurs ; on aurait dit que ses yeux s’étaient changés en deux sources intarissables. Faisait-elle des efforts pour se modérer, elle tombait malade et la santé ne lui était rendue que lorsqu’elle ne s’imposait plus de contrainte.

La méditation des douleurs endurées par le Sauveur, la pensée de l’ingratitude des hommes causaient principalement cette abondance de larmes.

Un jour Notre-Seigneur lui apparut et lui dit : « Ma fille, tiens pour assuré que les larmes répandues en mémoire de ma Passion me sont très agréables ; mais à cause de l’amour incompréhensible que je porte à ma mère, celle que tu verserais en contemplant ses propres douleurs me seraient encore plus chères.

Dès ce moment, Véronique médita plus souvent sur les souffrances de Marie au pied de la croix, et ses pleurs redoublèrent.

La sœur Thadée, religieuse du couvent de Sainte-Marthe et confidente de la Bienheureuse, rapporte que plus d’une fois les vêtements de Véronique furent mouillés, comme si on eut répandu sur elle un vaisseau rempli d’eau ; car telle était l’abondance de ses larmes.

Les pleurs coulaient avec plus d’intensité au moment des extases. La sœur Thadée eut la pensée de les recueillir dans un vase préparé à dessein. Un ange se chargea lui-même de ce ministère, on le vit tenir un calice sous le visage de la Sainte, tandis que cette dernière était ravie en Dieu. Il arriva aussi, pendant certains ravissements, que les larmes s’arrêtèrent immobiles sur la poitrine de la vierge, comme si elles se fussent subitement gelées. Après l’extase elles se répandaient à terre.

Vie religieuse de la bienheureuse Véronique

Les dons gratuits de Dieu ne sanctifient point l’homme ; on peut accomplir des miracles et n’être qu’un pécheur. Ce qui rend les hommes saints, c’est la pratique des vertus.

Véronique les recherchait toutes, mais elle excellait surtout dans celles qui sont propres à la vie religieuse.

Elle était d’une obéissance exemplaire, aussi fut-il facile à ses supérieurs de découvrir les merveilles que la bonté divine opérait en son âme. Ils n’avaient qu’à l’interroger ; elle leur dévoilait tout, dans la crainte de manquer à l’obéissance qui leur était due. Aux consolations spirituelles, à l’oraison, à la méditation, aux colloques avec les anges, elle préférait l’acte le plus simple qui montrait la soumission de sa volonté aux moindres ordres de ses supérieurs.

Elle avait demandé à la Mère prieure de pouvoir interrompre son sommeil une ou deux heures avant le lever des sœurs, afin de vaquer à la contemplation durant le silence de la nuit. La permission sollicitée lui fut d’abord refusée. L’humble religieuse reçut le refus de bonne grâce, à quelque temps de là, Notre-Seigneur lui dit  dans une vision : « Ma fille, il m’est agréable que tu ne te lèves pas avant l’office de Matines, puisque la prieure te le défend. Je préfère ton obéissance à toutes les prières que tu aurais pu m’adresser ; car les actes de la vie commune me plaise extrêmement surtout ceux que l’on accomplit en vertu du renoncement à sa volonté propre. »

Son obéissance n’avait d’égale que son humilité. Les joies et les consolations célestes affluaient en son âme ; elle en était vraiment inondée. Cependant, au milieu de ces richesses, elle aimait à répéter qu’elle était indigne des bienfaits de Dieu, qu’elle était une femme de rien, chargée de toutes sortes de crimes.

Les fonctions les plus basses, les emplois les plus vils étaient ceux qu’elle recherchait avec une préférence très marquée. Pendant longtemps, elle voulut soigner les poules du monastère, au grand déplaisir des autres sœurs, qui désiraient lui voir exercer une charge en rapport avec les grâces qu’elle recevait du ciel.

Par le même sentiment d’humilité, elle ne consentit jamais à chanter au chœur avec les religieuses, même après qu’un ange lui eut enseigné la manière de réciter l’office divin.

La mortification fut la campagne inséparable de son obéissance et de son humilité. Les jeûnes de l’Ordre ne suffisaient pas à satisfaire son violent désir d’austérité et de pénitence.

Elle était joyeuse quand on lui permettait de passer des jours entiers avec un peu de pain et d’eau. Il lui arriva souvent de ne rien prendre de toute une journée. C’était surtout lorsqu’elle avait reçu le corps de Notre-Seigneur qu’elle manifestait son dégoût pour n’importe quelle nourriture de la terre.

Véronique ambassadrice de Notre-Seigneur

Dieu prenait plaisir à exalter cette petite sœur converse, qui, de son côté, cherchait avec tant d’empressement les occasions de s’abaisser et de s’humilier. Un jour, son divin Epoux lui dit : « Il faut que tu ailles à Rome ; tu verras le Pontife romain, et tu lui parleras en mon nom. »

Alexandre VI, ce pape si calomnié, occupait alors le siège de Saint-Pierre. Véronique vint le trouver ; elle eut avec lui un entretien secret dont jamais personne n’a rien su ; Après cette conversation mystérieuse, le Souverain-Pontife accorda une multitude d’indulgences à Véronique et à son couvent. Puis, il la présenta aux cardinaux et à ceux de sa cour, en disant : « Honorez cette femme, c’est une sainte. »

Apparitions

La sœur Véronique ne vivait guère sur la terre, parmi les hommes. En toute vérité, on pouvait lui appliquer le mot de saint Paul : Ma conversation est dans le ciel. Elle allait de vision en vision, et durant les dernières années de sa vie, il ne se passait presque pas de jour qu’elle n’eût des entretiens, soit avec Notre-Seigneur, soit avec les anges ou les saints.

En l’an 1489, pendant toute l’octave de la Fête-Dieu, elle ne pouvait entrer dans l’Eglise sans apercevoir l’Enfant Jésus revêtu d’une robe éclatante de blancheur, au milieu d’un cortège formé par les anges. Tantôt elle le voyait se promener sur l’autel, tantôt il entrait dans le tabernacle ou bien il en sortait. Le dernier jour de l’octave, à la procession qui eut lieu dans l’église du couvent, Véronique vit encore l’Enfant Jésus. Il était porté par un ange ; des milliers d’esprits célestes l’entouraient, ayant des cierges allumés dans leurs mains. En même temps, une mélodie toute divine remplissait l’édifice sacré.

Une nuit, Véronique était restée dans l’oratoire après la récitation de l’office ; elle méditait selon sa coutume sur les souffrances de son Sauveur. Tout à coup l’église s’illumina d’une clarté surnaturelle, et auprès de l’autel Jésus-Christ apparut cloué sur la croix, la tête couronnée d’épines, le visage pâle et défait, le corps tuméfié par les plaies. Cette vue causa une douleur indicible à l’âme de la Bienheureuse ; elle eut comme une défaillance.

Les anges se faisaient un honneur de servir l’humble fille que Jésus, leur Roi, traitait comme une épouse bien-aimée. Durant les trois années qui précédèrent sa mort, un de ces esprits célestes lui apportait, le lundi, le mercredi et le vendredi de chaque semaine, un pain délicieux qui la rassasiait et l’empêchait de goûter à une autre nourriture.

La sœur Thadée ayant contracté une infirmité dangereuse, Véronique pria pour la santé de sa compagne ; alors l’ange lui apporta deux pains ; Elle en donna un à la malade qui le mangea et fut guérie.

Comment un ange lui apprit à réciter le bréviaire

Nous avons dit comment la vierge de Binasco fut obligée de prendre le voile des sœurs converses, faute de savoir lire. Pendant longtemps la prieure l’appliqua à mendier, de porte en porte, les choses nécessaires à la vie de la communauté.

A la fin Dieu regarda l’humilité de sa servante ; il lui donna l’intelligence des Ecritures, et il l’éclaira d’une lumière surnaturelle qui lui permit de lire et de comprendre le psautier.

Un peu plus tard, un ange vint la trouver, et, durant huit jours consécutifs, il lui enseigna les rubriques de l’office, selon le rite romain, avec les usages spéciaux aux Ordres religieux qui se servent du bréviaire de Rome. La sœur Thadée voulut éprouver la réalité du miracle. Pendant quelque temps elle remit, chaque jour, son bréviaire à Véronique, en ayant soin de changer toutes les marques. La Sainte qui auparavant, au su de tout le monde, ne connaissait pas les lettres, rendait le livre après avoir mis les signets aux endroits voulus.

L’ange ne se contenta pas d’enseigner à la Bienheureuse comment il fallait chanter les louanges de Dieu, il récita lui-même l’office avec elle. L’un et l’autre se mettait à genoux ; ils disaient ensemble les antiennes, se répondaient alternativement au chant des psaumes et lisaient les leçons à tour de rôle. Le compagnon de Véronique était attentif à lui rendre jusqu’au moindre petit service. Ainsi, il tournait les feuillets du livre dans lequel elle lisait.

Véronique récite l’office avec Notre-Seigneur

Le jour de la Pentecôte de l’an 1496, un peu avant l’heure de None, la sœur Thadée vint, selon son habitude, à la cellule de Véronique. Elle frappa plusieurs fois à la porte sans recevoir de réponse. Ayant regardé à travers les fentes de la cloison, elle aperçut que l’appartement était rempli d’une clarté éblouissante. La Bienheureuse marchait au milieu de cette lumière et elle chantait ; mais sa voix n’avait rien d’humain. Tout à coup elle s’arrêta, et, après une pause, elle dit : «  Seigneur, je ne puis continuer, j’ignore la suite. »

Cependant l’heure de None avait sonné, la sœur Thadée ne put se rendre au chœur avec les autres religieuses ; une force suave, mais irrésistible, la retenait à la porte de sa compagne.

Enfin, celle-ci vint lui ouvrir : « Que Dieu vous pardonne, dit la sœur ; vous m’avez fait longtemps attendre aujourd’hui. »

- C’est que, répondit la Sainte, je psalmodiais mes Heures avec le Sauveur lui-même.

- Je vous ai entendue dire : Seigneur, je ne puis continuer ; j’ignore la suite.

- En effet, j’avais oublié la suite du psaume, mais le Seigneur a daigné me la remettre en mémoire. Désormais cet accident ne se représentera plus, car le divin Maître m’a donné la science du bréviaire et a confié à mon esprit toutes les prières que ce livre contient.

Communions merveilleuses

Les merveilles succèdent aux merveilles dans la vie de la vierge augustinienne. Une nuit, dans l’octave de la Fête-Dieu, Véronique priant dans sa cellule, entendit une voix qui lui dit : « Lève-toi, ma fille, et prépare-toi à recevoir le Sacrement divin que le Seigneur t’envoie. Un sentiment d’amour très véhément s’empara de son cœur ; en même temps elle vit, entouré d’une auréole lumineuse, un ange qui s’avançait vers elle, tenant entre les mains le corps de Notre-Seigneur. Il le déposa sur les lèvres de la Bienheureuse, et disparut. Au matin, celle-ci s’approchait encore de la sainte Table avec ses compagnes ; sa joie était extrême d’avoir participé deux fois, en un jour, au corps de son Sauveur.

Une autre année, le vendredi qui suit l’octave du Très-Saint-Sacrement, le jour même où l’Eglise devait plus tard, sur les indications de Notre-Seigneur, célébrer la fête du Sacré-Cœur, Véronique entendit, la nuit, une voix qui lui ordonnait de se rendre à l’église. Elle obéit.

Sur l’autel, deux cierges étaient allumés comme pour l’oblation du Sacrifice ou pour la distribution de la sainte Communion. A ses yeux, la porte du tabernacle s’ouvrit d’elle-même, le vase qui contenait la sainte Réserve se plaça sur l’autel, se découvrit, une Hostie s’en échappa et vint se reposer sur les lèvres de la vierge qui était à genoux. Au même instant, ces mots parvenaient à son oreille : « Reçois, ô ma fille, le sacrement de mon corps. »

Luttes contre le démon

Les rapports constants de la Bienheureuse avec Jésus-Christ, les Anges et les Saints, lui valurent la haine de l’enfer. Le démon ne se contenta pas de l’éprouver par des tentations ordinaires, dont sa vertu ne faisait que rire, il essaya de l’épouvanter avec des visions terribles, il alla jusqu’à la maltraiter et à la faire souffrir dans son corps.

Souvent, il la précipita sur le pavé du haut de l’escalier du couvent. Un jour même, l’escalier s’effondra pendant que Véronique le montait ; elle tomba au milieu des débris et reçut de graves contusions.

En un voyage qu’elle avait entreprit sur l’ordre de la Mère prieure, le démon se saisit d’elle et la jeta dans une fosse profonde, d’où ses Sœurs eurent toutes les peines du monde à la retirer.

Quand elle était dans sa cellule, Satan, sous l’apparence d’un monstre hideux venait s’accroupir à l’entrée. Il poussait des mugissements comme ceux d’un taureau. Quelquefois il prononçait des paroles propres à la jeter dans le découragement. « Que fais-tu là-dedans avec ton Christ ? Ne sais-tu pas que tu es réservée à la damnation ? »

Un jour, elle sortait de son appartement lorsque le monstre hideux lui sauta sur les épaules. Elle s’affaissa comme écrasée par un énorme poids ; et Satan s’acharnant contre sa victime lui porta des coups très violents à la tête. « Je croyais, racontait-elle plus tard, que l’on me frappait avec un marteau de forgeron ou une massue de pierre. »

Autres visions, mort de la bienheureuse Véronique

La patience de l’héroïque vierge rendit inutiles les efforts de l’enfer ; et tant de combats, si vaillamment soutenus, ne servirent qu’à augmenter ses mérites. D’ailleurs, après ces heures de lutte, le Divin Epoux ne manqua jamais de réconforter son cœur, en l’inondant de consolations célestes. En dehors des visions rapportées plus haut, Notre-Seigneur montra à sa servante, dans une série d’extases, les différents actes de sa vie mortelle, avec des circonstances qui ne sont pas relatées dans les Evangiles.

Durant l’espace d’un an, elle assista dans le ciel aux fêtes que l’Eglise célèbre sur la terre. Chaque jour, le Saint dont c’était la solennité, lui apparaissait, escorté d’une multitude d’autres âmes bienheureuses ; il lui adressait un discours sur la vie religieuse et la manière de se sanctifier. Ces merveilles sont rapportées tout au long dans le récit d’Isidore Isolanus.

Enfin, le temps vint pour Véronique où elle fut appelée à jouir de la gloire dont ses fréquentes extases n’avaient été que l’avant-goût. Après une cruelle maladie de six mois, qui acheva de la rendre conforme à son divin Epoux, elle mourut âgée de cinquante-deux ans, en ayant vécu trente dans la profession religieuse, au jour et à l’heure qu’elle avait prédits.

Dieu ne tarda pas à manifester la sainteté de sa servante par de nombreux miracles.

En 1517, vingt ans seulement après sa mort, Léon X permit de célébrer sa fête dans le couvent de Sainte-Marthe, et Benoît XIV inscrivit son nom dans le martyrologe romain. L’ordre de Saint-Augustin vénère sa mémoire le 28 janvier.