Saint Pierre d'Alcantara
Fête le 19 octobre
Légende de la gravure
Dernière communion de saint Pierre d’Alcantara.
Naissance
Le sang des plus nobles familles d’Espagne coulait dans les veines de cet homme qui fut un prodige d’austérités. Son père, Alphonse Garavito, était gouverneur d’Alcantara, dans l’Estramadure, et sa mère, Villila de Sarabria était alliée comme son époux aux premières familles d’Espagne.
Premières marques de sainteté
Ni l’abondance ni l’éclat des biens de ce monde ne séduisit l’âme de Pierre. Cette âme bénie se tourna vers les biens invisibles dès que brillèrent en elle les premières lueurs de la raison. Pierre n’avait pas encore sept ans, lorsqu’il fut trouvé derrière les orgues de l’église, absorbé dans une prière et une contemplation qui le rendaient complètement étranger aux choses d’ici-bas. Il ne voyait plus rien, il n’entendait plus rien.
Ses études
Après avoir fait sa philosophie, Pierre se rendit à l’université de Salamanque pour y suivre le cours de droit canon. Il y parut comme un modèle accompli, unissant aux travaux de l’intelligence les œuvres de la charité, employant ses loisirs à la visite des hôpitaux et au service des malades.
La netteté et la pénétration de son esprit faisaient concevoir dès lors à ses maîtres et à sa famille les plus magnifiques espérances. Mais en même temps il y avait en lui un goût prononcé pour les livres saints et un dégoût profond des profanes ; la compagnie des religieux le séduisait autant que celle du monde lui était à charge.
Religieux
A seize ans, ses études terminées, Pierre prenait le chemin d’un couvent de S. François, celui de Manjarez.
Il eut à se rendre pour sa prise d’habit, dans un bourg peu distant de Valence où se trouvait alors son supérieur. Il arrive sur les bords de la rivière du Tiétar avec l’espoir d’y trouver facilement un bateau, mais ce fut en vain qu’il chercha des yeux sur les rives de la rivière gonflée par les pluies, le batelier qui devait le transporter. Il se tourna immédiatement vers Dieu, et le fervent serviteur de Dieu se trouva en un instant transporté sur la rive opposée.
Le jeune novice était désormais séparé du monde par les habits. Il en était également éloigné par son couvent de Manjarez, fort solitaire, environné de précipices et de rochers, situé dans les montagnes qui séparent la Nouvelle-Castille du Portugal : il sut se créer une retraite encore plus profonde que celle du couvent le plus solitaire.
Un jour son supérieur lui demanda pourquoi il ne servait pas aux religieux les fruits qui faisaient partie des provisions confiées à ses soins. Pierre répondit qu’il n’en avait pas. Et, en effet, les raisins secs qui étaient suspendus au plancher de la dépense, étaient comme n’existant pas pour le très modeste religieux qui ne les avait jamais aperçus.
Le pacte qu’il avait fait avec ses yeux était plus onéreux que celui de Job. Il ne connaissait ses frères qu’à la voix. Il n’eût pu se rendre seul dans plusieurs salles de la maison où cependant il allait tous les jours, à la suite de ses frères pour les exercices de la communauté. Il en était de même des chemins. Quelle était la forme de la voûte de l’église, Il n’eût pu le dire. Il passa quatre ans dans un couvent sans apercevoir un arbre qui étendait ses branches et donnait son ombre près de la porte.
Saint Pierre d’Alcantara, supérieur
On n’hésita pas à nommer Pierre, âgé de vingt ans, gardien du couvent de Badajoz, métropole de l’Estramadure.
Il se montra tout de suite à la hauteur de sa charge. Il eut de la douceur au point d’attirer ses inférieurs à l’imitation de ses austérités. Il eut de l’humilité jusqu’à pratiquer certains actes qui paraissent abaisser beaucoup plus un supérieur qu’un simple religieux. Il baisait les pieds de ses religieux. Il se faisait imposer des pénitences publiques par son vicaire. Mais aussi il eut de l’autorité et de la fermeté.
Ses religieux devaient à son exemple se décharger complètement sur la Providence du soin de leur nourriture ; chaque jour on distribuait aux pauvres les restes des aumônes accordées aux religieux, et cela, même à l’époque la plus rigoureuse et la plus difficile de l’hiver. Il arriva un jour que les religieux, se trouvant assiégés dans leur couvent par une grande quantité de neige, et privés de toute provision, commençaient à se plaindre de la trop grande austérité et de l’imprévoyance de leur supérieur. La porte du couvent fut ouverte. Elle adhérait à la neige jusqu’à une certaine hauteur. Mais les religieux présents aperçurent avec étonnement une charmante corbeille. On approche… Elle était remplie de pains. On regarde de tous côtés ; mais sur cette grande surface blanche qui entourait l’asile des religieux, aucune trace de pas ne paraissait. Qui pouvait avoir déposé à la porte du couvent cette bonne aumône, sinon celui en qui Pierre avait mis sa confiance et dont les bienfaits ne peuvent être arrêtés par aucun obstacle.
Saint Pierre d’Alcantara, prêtre
Le temps de recevoir les saints ordres et le sacerdoce arriva pour le saint. Il demanda à ses supérieurs un délai qui ne lui fut point accordé. Il était appelé par Dieu à monter à ces autels, qu’il devait toute sa vie baigner de ses larmes.
Saint Pierre d’Alcantara, supérieur pour la deuxième fois
Sa vingt sixième année fut la première de son second gardiennat. Le nouveau couvent qui lui était confié, le couvent de Notre-Dame-des-Anges, était situé dans l’endroit le plus froid de l’Espagne, au milieu des glaces, des neiges et des frimas. Il est vrai que Pierre avait contre le froid un secret qu’il n’appartient qu’aux saints de trouver.
Il ne portait jamais qu’une pauvre robe de bure et un misérable manteau, qu’il lavait et rapiéçait lui-même, avec les vieux habits de ses religieux. Or, au milieu des plus grands froids de l’hiver, alors que tout se glaçait soit au dehors, soit au dedans de sa cellule, à l’exception de son cœur qui était toujours brûlant, il ôtait son manteau, ouvrait la porte et la fenêtre de sa cellule ; puis, après un certain laps de temps, reprenait son manteau et refermait porte et fenêtre. Il pensait user par là d’une grande miséricorde à l’égard de son corps.
Saint Pierre d’Alcantara, prédicateur
Le temps de son deuxième gardiennat expiré, saint Pierre d’Alcantara fut dès lors appliqué au ministère de la prédication et de la confession. On vit paraître dans les chaires chrétiennes, pour servir de l’expression de sainte Thérèse, la mortification personnifiée. Cette grande et belle statue de la pénitence lançait, avec puissance, ces flèches aiguës dont parle l’Ecriture et qui vont faire d’heureuses blessures dans les cœurs. Les victimes qui tombèrent sous ces coups salutaires, furent innombrables. La seule vue du saint produisait déjà une impression profonde. Cette impression s’accroissait durant le discours. Puis c’était des larmes, des sanglots qui obligeaient quelquefois le prédicateur de s’arrêter. Enfin et surtout c’étaient des changements de vie considérables, des réparations constantes, des vocations religieuses suivies courageusement.
Au sortir de la chaire, avec une grande connaissance des voies intérieures, il donnait des conseils, dirigeait et affermissait les âmes, chacune dans sa voie.
Saint Pierre d’Alcantara, supérieur pour la troisième fois
Pierre demeura appliqué à cette vie extérieure, pendant six ans. Ensuite, il demanda et obtint de se retirer dans une bienheureuse solitude, sa seule béatitude. On l’envoya au couvent de S. Onufre de Lapa ; mais à la condition qu’il en prendrait le gouvernement.
C’est là qu’il composa son Traité de l’Oraison, à l’instance de Dom Rodriguez de Chiane, gentilhomme très pieux. Ce livre se répandit dans toute l’Espagne. Le R. P. Louis de Grenade conçut, en le lisant, l’heureux projet de composer ses ouvrages spirituels. Grégoire XV a déclaré que le livre de S. Pierre d’Alcantara est une lumière très pure destinée à conduire au ciel un grand nombre d’âmes, et il fit peindre le Saint-Esprit sous la forme d’une colombe, dictant à l’oreille de Pierre les paroles de son livre.
Saint Pierre d’Alcantara à la cour du roi du Portugal
Un jour notre saint reçut un ordre émanant de ses Supérieurs et l’envoyant à la cour du Portugal. Jean III avait témoigné le grand désir qu’il avait de le voir et de l’entendre. Pierre quitte sa cellule et, refusant les voitures qui lui sont offertes, s’achemine nu-pieds et la tête découverte, vers la ville royale du Portugal. Il ne mit pas de sandales à ses pieds, pour se présenter à la cour ; il ne changea pas non plus le pauvre habit qu’il avait toujours porté.
Ce n’était pas au saint de changer, c’était plutôt au monde du palais. C’est en effet ce qui arriva. L’infant D. Louis, frère du roi, fit bâtir le couvent de Salvaltierra et s’y retira. L’infante Marie, sœur du roi, renonça à ses divertissements, à ses parures, à ses appartements, consacra tous ses biens au service de notre Seigneur et fit le vœu de chasteté.
Saint Pierre d’Alcantara, provincial
Le roi désirait beaucoup retenir le saint à la cour et lui avait fait construire une cellule et un oratoire. Mais l’austère religieux aimait trop peu le voisinage des grandeurs et des splendeurs terrestres, pour ne pas s’en éloigner le plus tôt possible. Il rentra donc en Espagne n’ayant pas encore quarante ans.
Il n’oublia pas de le faire valoir lorsqu’on voulut le nommer provincial de la province de Saint-Gabriel. Mais ce fut en vain.
Saint Pierre d’Alcantara, réformateur
Plus tard le saint travailla à une réforme de son ordre entreprise par le R. P. Martin de Sainte-Marie. Il entreprit une autre lui-même qui devait faire revivre très exactement la règle de Saint François. Il se rendit en Portugal, fut rappelé en Espagne ; puis réclamé à nouveau en Portugal par le prince Louis, frère du roi, il rentra ensuite en Espagne, mais pour retourner en Portugal. Il fit deux fois le voyage de Rome.
On voit que les fatigues et les travaux ne lui manquèrent pas, surtout si l’on considère qu’il ne paraissait jamais sur les chemins que nu-pieds et la tête découverte : la tête découverte, parce que, disait-il, il voulait vénérer la présence de Dieu qui se trouve partout ; à pied et nu-pieds, parce qu’il ne voulait négliger aucune occasion d’offrir à Dieu des mortifications.
S’il lui arrivait de se blesser un pied, il prenait une sandale, mais une seule, parce qu’il ne convenait pas, disait-il, qu’un pied fût à son aise, pendant que l’autre était incommodé.
Sa réforme fécondée par tant de pénitences, tant de travaux, fut bénie de Dieu qui l’avait inspirée. Plusieurs maisons l’adoptèrent. Un certain nombre de couvents furent bâtis ; et, six ans après la fondation (1561), elle comptait assez de maisons pour former une province, la province de Saint-Joseph. Ensuite Paul IV l’affranchit de la juridiction des conventuels pour la soumettre au ministre général des Observantins. Bientôt elle compta un bon nombre de maisons en Espagne, en Italie et s’étendit jusqu’aux Indes. Pierre en fut nommé le visiteur général.
Entrevue de sainte Thérèse
Cependant Charles Quint fatigué du trône et méditant sa retraite au monastère de Saint-Just avait porté ses yeux sur Pierre, pensant trouver dans le célèbre réformateur un puissant auxiliaire pour sanctifier les derniers jours de sa vie. Mais le saint sut si bien s’en excuser que le puissant empereur renonça à son désir.
En ce même temps il prit volontiers la responsabilité des œuvres de sainte Thérèse. La Providence qui veille d’une manière particulière sur ses saints ménagea une rencontre qui devait être extrêmement précieuse pour cette sainte.
C’est à Avila que la réformatrice du Carmel eut le bonheur de voir ce vieillard qui portait sur sa figure les marques d’un grand amour divin uni à des mortifications sans nombre et à un calme incomparable. La peau s’était presque séchée sur les os, les deux yeux étaient enfoncés dans leurs orbites. S’échappant de là bien des fois, des larmes abondantes avaient creusé deux sillons sur le visage du saint. Lorsqu’il parlait, un sourire céleste se dessinait sur ses lèvres ; et ses paroles, quoique rares, portaient le caractère de cette douceur qu’il avait toujours montrée envers les autres.
Sainte Thérèse se sentit en présence d’un grand saint, de son côté, saint Pierre d’Alcantara reconnut en Thérèse de Jésus une sainte de premier ordre.
Celle-ci sortit de cet entretien entièrement rassurée sur ses visions et pleinement éclairée sur les difficultés que présentait sa réforme. Celui à qui elle donnait déjà le nom de saint, lui apparut plusieurs fois dans la suite, pour lui apporter ses secours et ses conseils.
Mortifications de saint Pierre d’Alcantara
Sa mortification était universelle et telle qu’il paraissait ne plus se servir de ses sens et de ses facultés que pour se faire souffrir.
Nous avons déjà parlé de l’empire qu’il exerçait sur ses yeux. Celui qu’il avait obtenu sur le sens du goût était non moins admirable. Il ne mangeait qu’une fois tous les trois jours, se contentant à ce rare repas de pain et d’eau. Et quel pain encore ? Il savait se procurer tout ce qu’il y avait de plus sec et de plus noir dans le couvent. Dans sa vieillesse, il ajouta au pain qu’il faisait presque sa seule nourriture quelques légumes cuits qu’il préparait pour toute une semaine, de peur que de plus nombreuses préparations ne lui dérobassent quelques parcelles de son temps. S’il arrivait que l’appétit donnât quelque saveur à des mets si peu savoureux par eux-mêmes, il y mettait ordre immédiatement, en jetant dans son plat de l’eau ou de la cendre. Il demeura quelquefois huit jours sans manger ; mais ce fut sans doute, comme le dit sainte Thérèse, durant les grands ravissements dont Dieu le favorisait.
Il passa quarante ans sans pouvoir jamais se résigner à donner au sommeil plus d’une heure et demi par jour ; et encore, ce sommeil si court, ne le prenait-il qu’assis et la tête appuyée sur une corde tendue ou sur une planche fixée dans le mur de sa cellule, ce fut là la mortification qui lui coûta le plus , selon la confidence qu’il en a faite à sainte Thérèse.
Sachant combien il est difficile de dompter la langue, il porta, pour la soumettre entièrement, pendant trois ans, de petites pierres dans sa bouche.
Sous son pauvre habit, se trouvait un cilice terrible en lames de métal, et ce métal percé en forme de râpe avait ses pointes tournées en dedans.
Deux fois par jour le saint armait son bras d’une chaîne de fer qui lui servait de discipline. Enfin il avait fait cette convention avec son corps, de ne jamais lui laisser un moment de repos.
Son oraison
Nous ne pouvons pas nous rendre témoins de l’union même de son âme avec Dieu ; mais au moins nous en admirerons les manifestations et les effets les plus certains.
Il éprouvait, en certains jours, de tels mouvements intérieurs, qu’il quittait précipitamment tout le monde pour se retirer soit dans sa cellule, soit à l’église. Il y avait dans son cœur un feu intérieur qui l’obligeait, à certains moments, de sortir et de se découvrir la poitrine. Les transports d’allégresse qui emportaient son âme étaient tels, qu’il poussait des cris, qu’il ne pouvait s’empêcher de chanter, en quelque endroit qu’il se trouvât, au point de jeter les religieux dans la stupéfaction et de se faire passer auprès des étrangers pour un extravagant. Il lui arriva souvent de se retirer dans les bois pour donner libre cours à ses transports, et les paysans d’alentour qui l’entendaient le prenaient pour un homme dont la raison s’égare. Lui parlait-on simplement du Très Saint-Sacrement ou du mystère de l’Incarnation, il entrait aussitôt en extase. La Passion de Notre-Seigneur faisait en son âme de telles impressions qu’on le vit un jour élevé de terre jusqu’aux bras d’une grande croix. Le saint était en extase et les flammes extérieures qui l’enveloppaient étaient un signe de l’incendie allumé dans son âme.
On voulut arborer une grande croix sur la montagne de Gata, en Estramadure. Elle était extrêmement pesante. Pierre la prit sur ses épaules et gravit la montagne. Arrivé à une certaine distance du sommet, il ne voulut plus marcher qu’à genoux. Il s’ensanglanta les pieds, les genoux sur la pointe des cailloux et sur une terre toute couverte de ronces et d’épines.
Ses miracles
Notre-Seigneur était dans son serviteur avec ce foyer divin qui enflamme si facilement les âmes bien disposées ; mais il y était aussi avec sa puissance.
Un incendie éclate dans un couvent, le saint s’avance au milieu des flammes et les flammes obéissantes disparaissent.
Le ciel refuse à la terre sa pluie bienfaisante ; une contrée toute entière est menacée de la famine ; à la prière de Pierre, des nuages se forment et le danger est éloigné.
Le Tage durcit ses eaux sous les pieds du saint.
La neige, en s’arrêtant suspendue sur sa tête, lui forme, dans un de ses voyages, une petite chapelle où il passe la nuit paisiblement avec ses frères.
Un jour, son compagnon de voyage tombait de fatigue et d’épuisement ; les deux voyageurs s’arrêtèrent pour prier, et voilà que soudain, ils virent briller sous les feux du soleil les eaux d’une petite fontaine, près de laquelle se trouvaient déposés un pain et quelques poissons.
Le saint planta au couvent de Palençar le bâton dont il s’était servi, durant l’un de ses deux voyages de Rome. Ce bâton jeta de profondes racines, s’étendit en branches magnifiques et se charge bientôt de figues qui rendaient la santé aux malades. Des rejetons de ce figuier, qu’on appela le figuier aux miracles, sortirent d’autres figuiers qui eurent la même propriété.
Autres merveilles
Notre-Seigneur était dans son serviteur avec sa puissance, il y était aussi avec ses lumières. Saint Pierre d’Alcantara avait le don de la discrétion des esprits, le don de prophétie, le don des langues dont il se servit pour prêcher aux étrangers avec une connaissance admirable de l’Ecriture et de la Théologie. Enfin, de quelle faveur spirituelle pouvait manquer celui à l’intercession duquel, selon la révélation faite à sainte Thérèse, Notre-Seigneur ne peut rien refuser.
Il fut vu par cette même sainte, assisté au Saint-Autel d’un diacre et d’un sous-diacre ; le diacre était François d’Assise, le sous-diacre saint Antoine de Padoue. Notre-Seigneur lui-même voulut honorer de sa visite la maison où se trouvaient un jour saint Pierre d’Alcantara et sainte Thérèse. Une femme pieuse, qui était présente, s’écria :
- Comment ! Seigneur, votre majesté daigne-t-elle venir ici ?
Le Seigneur répondit :
- Où voulez-vous que j’aille sinon où je trouve mes élus ?
Dernière maladie et mort
Il n’est pas difficile de comprendre combien fut grande sa joie, lorsqu’il se vit sur le point d’entrer dans son éternité.
Une fièvre ardente l’arrêta dans la visite de ses maisons. Il se vit transporter au couvent d’Arenas. Sa joie augmentait avec sa maladie. Il ne voulait pas que les religieux versassent la moindre larme. Austère jusqu’à son dernier soupir, il attendit à genoux le bienheureux moment. Celui qu’il avait tant aimé, son unique bien vint se donner à lui pour la dernière fois, dans le Très Saint-Sacrement. Ensuite, son âme se plongea dans les grâces abondantes de l’Extrême-Onction. Puis… un grand ravissement… « Eh ! mes frères, ne voyez-vous pas la Très Sainte-Trinité, la Très glorieuse Vierge et saint Jean l’Evangéliste ? » Les lèvres du saint s’ouvrirent une dernière fois pour dire ses paroles : « Je me suis réjoui lorsqu’il m’a été dit que nous irons dans la maison du Seigneur. » En ce moment, son âme bienheureuse apparaissait à sainte Thérèse pour lui laisser ces paroles : « O la bienheureuse pénitence qui m’a valu tant de gloire ! » Au même instant, cette belle âme s’éleva rapidement dans les cieux, laissant derrière elle un long sillon de lumière.