Notre-Dame du Mont Carmel

Fête le 16 juillet


La beauté du Carmel

La sainte Eglise se plaît à appliquer à la bienheureuse Vierge Marie ces paroles du prophète Isaïe : « La gloire du Liban lui a été donnée, avec la beauté du Carmel et de Saron. » Le Carmel est une belle montagne de l’ancienne tribu de Zabulon, qui domine la vaste baie de Saint-Jean d’Acre.

C’est après une grande et solennelle exécution de la justice divine contre les ennemis de la foi que Marie en prit possession. Le prophète Elie de la Thesbite venait de massacrer les quatre cent cinquante faux prophètes de Baal, sur le bord du torrent de Cison, qui coule au pied du Carmel. Ces hommes de perdition, en séduisant le peuple d’Israël, avaient mérité que le ciel restât fermé trois ans au commandement d’Elie, et la terre, sans la pluie et sans rosée, était devenue stérile comme le cœur des méchants. Mais la destruction de l’impiété allait soudain y faire descendre la bénédiction du ciel.

Quand la gloire d’Elie, dévorant comme la flamme en eut fini avec les prêtres de Baal, le prophète dit à Achab : « Va manger et boire, car j’entends le son d’une grande pluie. » Achab alla donc manger et boire. En même temps, Elie gravit le sommet du Carmel, et se prosterna devant le Seigneur. Après avoir prié, il dit à son serviteur : « Monte, regarde du côté de la mer. » Le serviteur monta, et, après avoir contemplé la tranquille immensité des flots, il revint dire au prophète : « Je ne vois rien. » Elie lui dit : « Retournes-y jusqu’à sept fois. » Et à la septième fois voici qu’une petite nuée, semblable à la trace du pied d’un homme, s’élevait de la mer. « Va, dit Elie et dis à Achab : « Attèle ton char et hâte-toi de descendre, de peur que la pluie ne te surprenne. » Tandis qu’Achab étonné regardait autour de lui, le ciel s’obscurcit soudain, les nuages s’amoncelèrent, le vent s’éleva avec violence, et il tomba une grande pluie.

Il est dit dans l’office de Notre-Dame du Mont-Carmel que la petite nuée qui s’éleva de la mer était le type de la Vierge.

Car comme la nuée s’élève de la mer sans garder la pesanteur ni l’amertume de ses eaux, de même Marie sort de la race humaine appesantie et corrompue par le péché sans rien contracter de ses souillures. Aussi la doctrine de l’Immaculée-Conception a-t-elle toujours été particulièrement vénéré dans l’ordre des Carmes.

Saint Méthode, qui vivait à la fin du IIIe siècle, dit qu’Elie fut instruit surnaturellement de tous les mystères ; qu’il connut dans le signe de la nuée, la pureté de la Sainte Vierge, et qu’il se résolut à l’imiter par avance. Et la tradition constante des Carmes est qu’il fonda alors leur ordre, en y faisant pratiquer par vœux la chasteté, la pauvreté et l’obéissance.

Après sa grande vision de la caverne du Mont Areb, où Dieu, d’après saint Jean de la Croix, lui fit contempler son essence à découvert comme aux bienheureux du ciel, Elie, par une inspiration divine, se choisit un disciple et un successeur en la personne d’Elisée. Plusieurs fidèles israélites se joignirent à eux. Elie revint au Carmel en leur compagnie, et y fonda l’ordre prophétique, afin d’y former des hommes de zèle pour combattre contre Baal, contre ses faux prêtres et ses faux prophètes. Cet ordre, il le dédia dès lors à la Sainte Vierge, dont les excellences lui avaient été surnaturellement montrées par avance, et choisit Marie comme patronne et comme modèle pour lui-même et pour ses disciples.

L’école du prophète du Mont-Carmel se perpétua après la mort d’Elie et d’Elisée, et conserva l’étincelle de la foi dans le royaume schismatique d’Israël, dont les prêtres, enfants d’Araon étaient exclus, et à qui les princes impies fermaient le chemin de Jérusalem.

Après la captivité de Babylone, la vie religieuse instituée par Elie se retrouve en Judée dans la secte ou plutôt l’ordre des Essémiens, dont la vie admirable a été décrite par Josèphe, et une véritable communauté religieuse d’enfants d’Elie vivait encore sur le Carmel au temps de Notre-Seigneur.

Le Carmel au temps apostolique

Nazareth, où Marie passa une grande partie de sa vie, est voisin du Carmel. La tradition rapporte qu’au retour de l’Egypte, la Sainte Famille resta quelques jours dans la grotte de l’Ecole des prophètes, et que Marie se plaisait ensuite à revenir souvent sur la Sainte Montagne, pour converser avec les ermites et les instruire des mystères de la foi et des règles de la perfection.

Beaucoup des enfants d’Elie entendirent la prédication de saint Jean-Baptiste et reçurent son baptême. Ils se trouvaient en grand nombre à Jérusalem, le jour de la Pentecôte, quand les apôtres parlèrent les diverses langues et commencèrent à opérer des miracles au nom de Jésus. Ils crurent aussitôt à l’Evangile, et se mirent à vénérer avec une affection toute particulière la Sainte-Vierge qu’ils eurent le bonheur de voir et d’entretenir sur la montagne de Sion. Ils se joignirent ensuite aux apôtres pour prêcher l’Evangile dans la Judée et la Samarie.

Après la dispersion des Apôtres, l’an 38, à ce que l’on croit, ils élevèrent sur le versant du Carmel, à l’endroit même d’où Elie vit la petite nuée sortir de la mer, une chapelle en l’honneur de la Vierge, qui fut sans doute le premier temple dédié à Marie. Ils s’y réunissaient chaque jour pour chanter les louanges de la Mère de Dieu. Les fidèles venaient se joindre à eux, et commencèrent dès lors à leur donner le nom de Frères de la Sainte Vierge, titre glorieux qui a été conservé à l’Ordre, consacré par les Papes. Urbain VI a même accordé trois quarantaines d’indulgences à ceux qui donnent aux Carmes le nom de Frères de la bienheureuse Mère de Dieu, Marie du Mont-Carmel.

Une autre église plus grande fut construite l’an 83 sur le sommet même du Mont-Carmel, où elle pouvait être aperçue de plus loin, et les religieux vivaient répandus dans les alentours, sans former une communauté proprement dite, mais menant dans un même esprit la vie érémitique.

Leur genre de vie consistait à imiter celui de la Sainte Vierge. Beaucoup même pensent qu’ils portaient le même vêtement qu’elle, savoir : la robe brune et le manteau blanc que les Carmes ont conservés. La Sainte Vierge, en effet, est représentée aussi vêtue dans plusieurs peintures antiques.

Le Carmel en Occident

Les Carmes sont donc les premiers qui pratiquèrent dans le monde la vie religieuse. Aux disciples d’Elie se rattachent les moines appelés Thérapeutes que saint Marc l’Evangéliste institua à Alexandrie, et ceux dont saint Denys l’aréopagite décrit la vie dans son livre de la hiérarchie ecclésiastique. Les Pères du désert de la Thébaïde sont leurs successeurs et les héritiers de l’esprit d’Elie.

Les Carmes eurent beaucoup à souffrir sous les persécutions païennes et au temps de la conquête de Terre Sainte par les Musulmans. Leurs martyrs furent nombreux ; on les obligea même pour un temps à quitter leur habit, et il sembla que le Carmel allait perdre les derniers vestiges de sa gloire et de sa beauté ; - Il refleurit à l’époque des Croisades. Alors délivré par l’épée des chevaliers chrétiens, il reçut dans son sein un grand nombre des pèlerins d’Occident ; Saint Berthold, saint Cyrille, saint Ange, saint Simon Stock furent les nouveaux gages que Marie donna de son amour pour ses enfants.

Cependant le royaume de Jérusalem ne tarda pas à décliner sous le poids des péchés des hommes. Le Carmel, qui avait relevé la tête sous la protection de Godefroi de Bouillon, voyait revenir les mauvais jours. Saint Cyrille, alors général de l’Ordre, s’affligeait grandement des maux de la Terre-Sainte et de ses enfants. Dans ses angoisses, il recourut à la Sainte Vierge. La Reine du Carmel vint elle-même le consoler : « C’est la volonté de mon Fils et la mienne, lui dit-elle, que la Religion du Carmel ne soit pas seulement une lumière pour la Palestine et la Syrie, mais qu’elle éclaire le monde entier. C’est pour ce motif que je lui ai attiré et lui attirerai de tous les Pays de nombreux enfants, afin que retournant chez eux, ils établissent et la répandent partout. »

Les généraux Berthold II et Alain le Breton ne tardèrent pas en effet à envoyer des colonies en Chypre, en Sicile, en Allemagne, en Angleterre. Saint Louis, sauvé du naufrage par Notre-Dame du Mont-Carmel, reçut l’hospitalité des moines, et, par reconnaissance, leur fit construire à Paris un couvent qui fut la pépinière de beaucoup d’autres.

Mais leur nouveauté en Occident leur suscita de nouvelles contradictions. Le IVe Concile général de Latran, tenu par Innocent III en 1215, avait porté la défense d’établir aucun ordre religieux nouveau sans l’approbation du Pape. Nul n’était mieux en règle que l’ordre des Carmes, et il semblait qu’ils n’eussent rien à craindre pour leur existence. Ce ne fut pas l’avis de certains esprits téméraires qui prétendaient les obliger à se dissoudre en vertu du décret du Concile. Ils avaient d’autant plus tort que, outre l’antiquité de l’institution, saint Albert, patriarche de Jérusalem, avait donné aux Carmes en 1205, dix ans avant le Concile, une règle écrite qu’ils n’avaient point eue jusque-là, et l’avait confirmée au nom du Pape dont il était légat.

Saint Simon Stock, vicaire général de l’ordre pour tous les monastères d’Occident, recourut contre ses contradicteurs à l’autorité du Pape Honorius III, qui venait de succéder en 1216 à Innocent. Honorius nomma pour examiner l’affaire, deux juges qu’il croyait affectionnés à l’Ordre. Mais son attente fut trompée. Ces deux hommes ne songèrent qu’à retarder la conclusion et à multiplier les difficultés. Ces retards durèrent dix ans. Enfin le Pape étant venu à Réati en 1226, les Carmes l’y suivirent, et n’attendant plus de secours que du ciel, ils conjurèrent Marie de prendre elle-même leur cause en main. Or, une nuit, la Sainte Vierge apparut à Honorius durant son sommeil, et lui ordonna de recevoir les Carmes avec bonté et d’approuver leur règle et leur institut. Et elle ajouta sur le ton du commandement : « Ce que j’ordonne ne comporte ni contradiction ni délai. Et pour que tu ajoutes foi à mes paroles, sache que, cette nuit même, tes deux juges, ennemis de ma Religion, seront frappés par la vengeance de Dieu, et mourront à la même heure de mort subite. »

Le lendemain, qui était le 30 janvier, Honorius apprit en effet la mort des juges. Il appela auprès de lui les religieux Carmes, les embrassa avec bonté, et le même jour, il rendit la bulle qui confirmait la règle et approuvait définitivement l’institut.

Quand on connut dans l’ordre ce trait insigne de la protection de la Sainte Vierge, tous les enfants du Carmel se répandirent en actions de grâces. Pour en perpétuer le souvenir, saint Simon Stock demanda qu’une fête soit instituée par le Pape. Honorius accorda cette faveur ; il plaça au 16 du mois de juillet la Commémoration solennelle de Notre-Dame du Mont-Carmel, et fit relater dans les leçons de l’office qu’on y célèbre, le fait que nous venons de rapporter.

Le scapulaire

La Sainte Vierge accorda à l’œuvre des Carmes une autre faveur signalée et plus précieuse encore, car elle n’est pas seulement pour les religieux, mais elle peut s’étendre à tout les fidèles sans distinction.

En 1251, saint Simon Stock, alors cassé par l’âge et par les austérités, était allé dans le Cambridge pour présider à la fondation d’un nouveau couvent. L’âme du saint vieillard était pleine d’amertume et de tristesse, car malgré l’approbation du Pape et tant de marques de protection de Marie, l’ordre éprouvait en Angleterre de très puissantes contradictions. Mettant tout son appui dans la Mère du Carmel, il passait de longues heures en larmes et en prières, conjurant Marie que puisqu’elle avait daigné appeler les Carmes ses frères et ses fils, elle se montrât leur véritable Mère en leur donnant quelque gage qui obligeât leurs ennemis à les aimer ou du moins à les respecter.

En la nuit de la fête du Carmel, il redoublait ses supplications, répétant à la Sainte Vierge ces paroles d’une hymne qu’il avait lui-même composée à sa louange : « Fleur du Carmel, Vigne fleurie, Splendeur du ciel, unique Vierge Mère, Mère pleine de douceur et toujours Vierge, Etoile de la mer, donnez à vos Carmes des privilèges. » Il pria ainsi jusqu’aux premiers rayons du jour. Au lever de l’aurore, Marie lui apparut, accompagnée d’une multitude d’anges et environnée d’une lumière éclatante. Elle était vêtue de l’habit du Carmel ; son visage était souriant ; sa tête était armée d’une couronne impériale. Dans ses mains elle tenait le scapulaire de l’ordre. Arrivée auprès du Saint, elle s’en revêtit en disant : « Ceci est un privilège pour toi et pour tous les Carmes. Quiconque mourra en portant cet habit ne souffrira pas le feu éternel. »

Cette vision a été publiée par le saint lui-même dans une lettre adressée à toutes les maisons de l’ordre, et conservée par Pierre Savanyngton, son secrétaire, qui l’a écrite sous sa dictée. Et le témoignage qu’il rendit de cette faveur de Marie fut confirmé par des miracles éclatants.

Ce n’est point là la première origine du scapulaire que portent les Carmes ; ils avaient eu de tout temps cet habit ; mais dès lors, ils commencèrent à le porter comme un don de leur Mère du Ciel, et comme un gage des nouvelles faveurs que Marie leur avait accordées.

La confrérie de Notre-Dame du Mont-Carmel

A l’ombre du grand ordre des Carmes s’éleva très anciennement la confrérie de Notre-Dame du Mont-Carmel, pour les chrétiens qui, ne pouvant embrasser la règle, veulent cependant se mettre sous la protection de la Sainte Vierge honorée sous ce titre.

Quelques auteurs rapportent l’origine de cette confrérie aux temps mêmes du prophète Elie. Il en est fait une mention authentique pour la première fois sous le pontificat de Léon IV, élu en 843, comme le constate la bulle de Sixte IV en 1477. Plusieurs Papes, successeurs de Léon IV, l’enrichirent d’indulgences. Elle prit une extension toute nouvelle après le don du scapulaire à saint Simon Stock. Enfin les souverains pontifes accordèrent avec tant de libéralité leurs faveurs à la Confrérie, qu’il en résulta de la confusion, si bien que Paul IV, en 1616, et Clément X, en 1673, jugèrent à propos de publier en bulles pour en donner le compte avec netteté.

Mais le privilège le plus notable des confrères, après celui qui a été révélée à saint Simon Stock, est ce qu’on appelle l’indulgence sabbatine. En voici l’origine et la teneur.

En 1314, à la mort du Pape Clément V, les cardinaux se réunirent à Avignon pour lui élire un successeur. Des factions contraires se disputaient les suffrages avec tant d’acharnement, que deux ans se passèrent sans qu’un nouveau Pontife vint consoler le veuvage de l’Eglise. Alors Philippe de Valois, qui fut roi depuis sous le nom de Philippe VI, d’accord avec les autres princes chrétiens, amena les cardinaux dans le Conclave, en leur intimant de n’en pas sortir avant qu’ils n’eussent élu un Pape. Quarante jours se passèrent encore en délibérations. Le cardinal Jacques d’Euse, un des concurrents, affligé, des maux qui désolaient l’Eglise, conjurait souvent avec larmes Marie de les abréger. Or, une nuit qu’il priait ainsi, la Sainte Vierge lui apparut revêtue de l’habit du Carmel, et lui parla en ces termes :

« Jean, vicaire de mon Fils, à cause de la dévotion que tu as pour moi, j’ai demandé et obtenu de mon Fils que tu sois Pape, et son vicaire en terre. Je te délivrerai de tes adversaires, et, en retour de cette grâce, je veux que tu favorises mon ordre des Carmes, et que tu lui accordes les faveurs suivantes que je lui ai obtenues dans le Ciel, savoir : que tous ses religieux, et ceux qui, par dévotion, entreront dans ma confrérie, porteront le scapulaire, s’appelleront confrères, garderont la chasteté selon leur état, réciteront l’Office divin, ou, s’ils ne le peuvent, feront abstinence le mercredi et le samedi, reçoivent le jour de leur entrée la remise du tiers de leur peine dues à leurs péchés et, le jour de leur mort, une indulgence plénière. Et s’ils vont en Purgatoire, moi, comme Mère de miséricorde, je les aiderai de mes supplications continuelles, de mes prières, de mes mérites et de ma protection spéciale pour qu’ils soient au plus tôt délivrés de leurs peines, spécialement le samedi qui suivra immédiatement leur mort, pour être placés dans la Béatitude Céleste. »

Le lendemain, l’animosité des factions avait miraculeusement disparu. Jacques d’Euse fut élu Pape, comme la Sainte Vierge le lui avait prédit. Il prit le nom de Jean sous lequel Marie l’avait interpellé, et il publia aussitôt une Bulle en faveur de l’ordre des Carmes, dans lequel il annonçait en même temps l’indulgence sabbatine, c’est-à-dire la délivrance des feux du Purgatoire le samedi qui suivrait leur mort pour tous ceux qui auraient porté le scapulaire et rempli les autres conditions.

Plusieurs ont contesté l’authenticité de la Bulle de Jean XXII ; mais quoi qu’il en soit, l’indulgence qu’elle concède est parfaitement certaine, car elle a été confirmée d’autorité par les souverains Pontifes Alexandre V et Clément VII.

Privilèges attachés au scapulaire

Les privilèges attachés au scapulaire du Carmel sont très nombreux. Déterminons en la signification :

Et d’abord, quand on dit que ceux qui portent le scapulaire seront délivrés des feux de l’enfer, cela ne signifie point que la seule condition de le porter suffise pour éviter la damnation, si d’ailleurs on ne remplit pas les obligations de la vie chrétienne. En aucun cas la grâce de Dieu ne peut tout faire pour nous sauver sans la coopération de notre volonté. Mais il faut entendre que Marie fait de son côté tout ce qui est nécessaire pour le salut de ses confrères, de sorte que, s’ils profitent des secours qu’elle leur obtient et leur accorde, ils se sauveront infailliblement. Dieu veut le salut de tous les hommes, et Notre-Seigneur a mérité par sa mort toutes les grâces qui leur sont nécessaires. Ceux qui portent le scapulaire ont comme les autres ces grâces communes, mais ils reçoivent de plus un autre secours dû à la protection de la Sainte Vierge et assez puissant à lui seul pour leur procurer le salut. C’est l’explication du savant carme Lezana.

Quant à la délivrance du Purgatoire, parmi les Papes qui en ont parlé, les uns disent qu’elle aura lieu au plus tôt, les autres, notamment Jean XXII, la fixent expressément au samedi après la mort. Les auteurs carmes s’en expliquent ainsi : les âmes au moment de la mort, sont redevables à la justice de Dieu de peines plus ou moins considérables. La Sainte Vierge emploiera aussitôt sa médiation en faveurs des enfants du scapulaire pour les délivrer ; et si la justice divine le permet, leurs peines seront très abrégées, ou même supprimées. Mais s’ils doivent les subir, du moins elles ne dureront pas plus longtemps que le samedi après leur mort, pourvu qu’ils aient rempli les conditions nécessaires.

Les autres biens attachés au scapulaire sont des indulgences que nous ne pouvons rapporter ici, qui sont très nombreuses.

Conditions pour gagner les privilèges et grâces spirituelles du scapulaire

Les grâces et privilèges du scapulaire sont divisibles, et les confrères ont droit à une partie ou à la totalité selon les diverses conditions qu’ils remplissent.

Pour avoir part au premier privilège : être garanti du feu de l’enfer, il faut avoir reçu le scapulaire des mains ou d’un prêtre approuvé à cet effet, et selon la formule ordinaire, s’être fait inscrire sur le registre de la Confrérie (cependant on peut aujourd’hui gagner les indulgences avant cette inscription), et porter sur soi le scapulaire de manière qu’une extrémité pende sur la poitrine et l’autre sur les épaules. – En remplissant ces conditions, on est encore associé aux bonnes œuvres et aux suffrages qui se font dans l’ordre des Carmes, et on a le droit à un grand nombre d’indulgences plénières ou partielles.

Enfin, pour gagner l’indulgence sabbatine, il faut réciter chaque jour le petit office de la Sainte Vierge (pour les prêtres, l’office canonial suffit, quoiqu’il soit d’obligation), faire abstinence le mercredi et le samedi, et garder la chasteté selon son état. Les deux premières pratiques peuvent être commuées par tout confesseur.