Sainte Marie-Madeleine de Pazzi
Fête le 27 mai
De l’Ordre des Carmélites
Naissance de sainte Marie-Madeleine – Sa piété précoce
Ses austérités
Sainte Marie-Madeleine, cette belle fleur qui embauma le Carmel d’un parfum si suave et si délicieux, naquit à Florence le 2 avril de l’an 1566, de parents aussi remarquables par leur noblesse que par leur vertu. Son père s’appelait Camille de Géry de Pazzi, et sa mère Marie-Laurence de Blondelmonti. Ils la firent baptiser le jour même de sa naissance, et lui donnèrent le nom de Catherine.
Dès sa plus tendre enfance elle donna des marques précoces de l’éminente sainteté à laquelle Dieu la destinait. Elle n’avait pas encore atteint l’âge de raison, que déjà tout son bonheur était de réciter les prières que lui avaient apprises sa pieuse mère, et de répéter fréquemment les saints noms de Jésus et de Marie, noms si doux pour un cœur brûlant d’amour, comme le fut le sien. Elle passait des heures entières, agenouillée devant son crucifix, demandant à Notre-Seigneur ce qu’elle devait faire pour lui être agréable.
A sept ans, elle était déjà formée à l’exercice de l’oraison. Avec de telles dispositions, ses progrès dans la vertu furent rapides. Les pauvres devinrent ses plus tendres amis. Quand elle n’avait plus rien à leur donner, elle se privait de nourriture pour pouvoir leur faire l’aumône, et cela lui arrivait si souvent, qu’elle attira bientôt sur elle l’attention de ses parents ; ils durent l’observer avec une vigilance d’autant plus grande, pour lui faire interrompre ses jeûnes, qu’elle mettait un plus grand soin à dissimuler tout ce qu’elle faisait pour Jésus-Christ. Elle se retirait parfois, loin de leurs regards, pour prier et pour châtier son corps plus à son aise, en le macérant par des disciplines sanglantes et par tous les autres moyens que l’amour lui suggérait.
Voulant imiter Notre-Seigneur dans ses souffrances, elle se fit une couronne d’épines qu’elle portait la nuit sur sa tête, et qui lui causait des douleurs inexprimables. Mais un désir ardent enflammait le cœur de Catherine. Elle ne soupirait qu’après le jour où elle pourrait prendre place au banquet sacré de l’Agneau, et se nourrir du pain des Anges. Chaque fois que sa mère avait communié, elle s’approchait d’elle, et ne pouvait plus la quitter, disant qu’elle était attirée par la très douce odeur de Jésus-Christ.
Cette rare ferveur détermina son confesseur à l’admettre à la sainte Table avant le temps ordinaire. A partir de ce moment, elle se sentit disposée à faire tous les sacrifices que Dieu exigerait d’elle, et, pour lui prouver son amour, renonçant aux plaisirs du monde, elle fit le vœu de virginité, et résolut de n’avoir jamais d’autre époux que Jésus-Christ.
Elle embrasse l’état religieux
Cependant, son père ayant été nommé gouverneur de Cortone, Catherine fut placée comme pensionnaire chez les religieuses de Saint-Jean, à Florence, où elle donna l’exemple de toutes les vertus.
Elle s’appliqua à l’oraison avec une nouvelle ferveur. Chaque matin, elle faisait une méditation de quatre heures.
Mais il lui fallut bientôt quitter cette douce retraite qu’elle se plaisait à nommer, le Paradis Terrestre, car ses parents la rappelèrent quelque temps après, dans l’intention de lui faire épouser quelqu’un des nombreux partis qui se présentaient. Elle protesta hautement qu’elle avait consacré sa virginité à Jésus-Christ, et qu’elle n’aurait jamais d’autre époux que lui.
« Je livrerai plutôt ma tête au bourreau que ma chasteté à un homme », répondit-elle à son père qui la pressait d’acquiescer à sa demande.
Enfin, après de longues épreuves, qu’elle traversa avec une patience héroïque et une constance inébranlable, il lui fut permis d’embrasser l’état religieux. Son choix se fixa sur l’Ordre des Carmélites, parce qu’on y communiait presque tous les jours. Elle entra dans le monastère de Sainte-Marie des Anges, en 1582, la veille du premier dimanche de l’Avent. Elle était alors âgée de seize ans. C’était l’année même où sainte Thérèse, la lumière et la réformatrice du Carmel, venait d’échanger les travaux de cette vie terrestre, contre le bonheur éternel des Saints.
Le 30 janvier de l’année suivante, elle prit l’habit religieux. Pendant la cérémonie, son visage parut tout illuminé, et elle se sentit tout embrasée d’un désir ardent de souffrir toute sa vie pour Jésus-Christ.
Le nom de Catherine, qu’elle avait reçu au baptême, lui fut changé en celui de Marie–Madeleine. Elle devait être en effet par son amour un portait achevé de cette sainte pénitente, et imiter Marie par sa pureté angélique.
Dès son noviciat, elle surpassa la ferveur des plus anciennes religieuses par son humilité, sa patience, sa douceur, qui ne se démentirent pas un seul instant.
Elle sacrifia à l’obéissance toutes ses dévotions particulières, disant que le moindre exercice fait par obéissance valait autant que la plus longue prière.
Mais Madeleine ne désirait rien tant que d’être unie plus intimement à son divin Epoux par des vœux solennels. Selon qu’elle avait prédit, elle fit sa profession plus tôt qu’on ne s’y attendait ; car, étant tombée dangereusement malade, comme on la croyait à l’extrémité, on ne voulut pas lui refuser la douce consolation de mourir religieuse. Le 17 mai 1584, elle fut transportée devant l’autel de la sainte Vierge, où la cérémonie se fit solennellement.
Après qu’elle eut prononcé ses vœux, Notre-Seigneur lui apparut, en compagnie de sa très sainte Mère, de saint Augustin et de sainte Catherine de Sienne, et lui remit au doigt un anneau précieux, gage de l’alliance indestructible qu’elle venait de contracter avec ce divin Epoux.
Dès qu’on l’eut reportée à l’infirmerie, elle fut, pendant plus d’une heure, ravie en extase, ce qui se renouvela chaque matin pendant quarante jours de suite.
A partir de ce moment, il ne se passa guère de jour pendant les deux années qui suivirent sa profession, qu’elle ne fût ravie en Dieu ; et ces extases ne duraient pas seulement des heures, mais des jours et quelquefois des semaines entières. Le Saint-Esprit lui dictait alors des choses si admirables qu’on se crut obligé de lui donner plusieurs secrétaires, chargés de recueillir les précieux enseignements qui sortaient de sa bouche.
Règlement que lui trace Notre-Seigneur
Mais Notre-Seigneur voulait élever son épouse à un très haut degré de perfection. A cet effet, il lui inspira un grand désir de la mortification et une profonde humilité. Un jour, Madeleine lui adressa ces paroles de saint Paul : « Seigneur, que voulez-vous que je fasse ? » Jésus-Christ lui répondit que désormais elle devrait faire pénitence pour les pécheurs.
Il lui prescrivit donc de jeûner continuellement au pain et à l’eau, à l’exception du dimanche et des fêtes, où elle pourrait user des mets de carême, et d’aller toujours pieds-nus.
Ses supérieures n’approuvèrent point tout d’abord cette singularité ; mais elles virent bientôt que la volonté de Dieu était manifeste, car Madeleine ne pouvait retenir aucune autre nourriture, et il lui était impossible de faire un pas, lorsqu’on l’obligeait à porter des souliers.
Notre-Seigneur lui prescrivit en outre des règles admirables pour acquérir la sainteté. Il lui ordonna de conserver avec un grand soin la pureté de son cœur et la simplicité ; de considérer chacune de ses paroles comme si ce devait être la dernière de sa vie ; de ne jamais rien entreprendre, ni donner un conseil, sans consulter auparavant son crucifix ; d’avoir une grande charité envers le prochain ; de ne chercher de repos, ni de consolation que dans l’humilité et le mépris d’elle même ; d’avoir une faim insatiable de la divine Eucharistie et de s’en approcher chaque fois avec un nouveau goût, et une nouvelle ferveur.
Elle était favorisée du don des miracles et de prophétie
Madeleine fut favorisée du don des miracles et de prophétie. Elle guérit une religieuse gravement malade, en faisant sur elle le signe de la croix.
Sur son ordre le démon sortit du corps d’une jeune fille qu’il tourmentait depuis longtemps. Ayant fait par obéissance le signe de la croix sur un tonneau de vin, elle lui communiqua tant de vertu qu’une religieuse malade se trouva subitement guérie après en avoir bu.
Elle prédit au cardinal Alexandre de Médicis, archevêque de Florence, qu’il serait un jour pape. Plus tard, elle renouvela sa prédiction lorsque ce cardinal fut envoyé par Clément VIII, en qualité de légat, vers le roi Henri IV :
« Ce prélat, dit-elle, possède maintenant un grand honneur, mais il en possédera encore un plus grand : il sera élevé au souverain Pontificat ; mais il ne jouira pas longtemps de cette suprême dignité, car, lorsqu’il voudra l’embrasser, elle passera en un instant. »
En effet, Alexandre de Médicis fut élevé sous le nom de Léon XI, et n’occupa que vingt-six jours le siège pontifical.
Extases et révélations
Ainsi que nous l’avons dit, Madeleine était presque continuellement en extase.
Un jour que cette grande amante de Jésus était malade à l’extrémité, elle se leva de son lit, et, courant à l’autel de l’infirmerie, elle embrasse le crucifix, en s’écriant : « O amour ! amour ! personne ne vous connaît, personne ne vous aime. »
Une autre fois comme on lui disait qu’une sœur avait un grand désir d’accomplir la volonté de Dieu, elle répondit : « Elle a raison ; car il n’y a rien de si aimable que de faire la volonté de Dieu. » Et là-dessus, ravie en extase, elle alla par tout le couvent , en disant : « Mes sœurs, ô que la volonté de Dieu est aimable ! »
Le jeudi saint de l’année 1585, elle demeura en extase, durant l’espace de vingt heures, souffrant dans tout son corps des douleurs incroyables. Elle vit en esprit le drame sanglant de la Passion. Arrivée au Calvaire, elle demeura une demi-heure les bras en croix, puis répéta ces paroles que Notre-Seigneur avait prononcées avant d’expirer : « Tout est consommé », et tomba raide sans donner plus aucun signe de vie. Mais elle se releva bientôt, brillante comme Jésus-Christ sortant du tombeau.
Un jour il lui fut donné de voir la gloire dont jouissait dans le ciel saint Louis de Gonzague.
Aussitôt, ravie en extase, elle s’écria : « O quelle gloire à Louis, fils d’Ignace ! Je ne l’eusse jamais cru, si mon Jésus ne me l’eût montrée. »
Elle vit aussi dans l’assemblée des Bienheureux une religieuse, assise sur un trône d’or, enrichi de pierreries, et Notre-Seigneur lui apprit que le trône représentait la virginité immaculée que cette religieuse avait gardée, et les pierres précieuses, les âmes qu’elle avait attirées au service de Dieu.
Epreuves et tentations
Jusqu’à présent, Madeleine a savouré, avec un ineffable bonheur les délices incomparables de son bien-aimé. Il l’a conduite à travers les prospérités et les douces consolations, et elle s’est enivrée des suavités célestes. Mais le temps est venu où l’innocente brebis va devenir le jouet des boucs impurs au milieu desquels elle sera jetée. C’est en vain qu’ils épuiseront contre elle tous leurs efforts : jamais ils n’altéreront son éclatante blancheur.
Pendant cinq ans entiers Madeleine dut boire à longs traits au calice d’amertume. De violentes tentations vinrent la visiter. D’affreuses visions assiégèrent son esprit. Le démon revêtit mille formes sensibles, s’efforçant par tous les moyens de souiller les yeux et les oreilles de la vierge. Lorsqu’il voyait que tous ses efforts étaient inutiles et ne tendaient qu’à faire aimer Dieu davantage, il entrait en fureur et accablait de coups l’épouse de Jésus-Christ.
On entendait parfois la Bienheureuse s’écrier, au milieu de tant d’afflictions : « Non, je ne sais pas si je suis une créature raisonnable ou un être privé de raison ; je ne vois rien en moi de bien qu’un peu de bonne volonté de ne jamais offenser la divine Majesté. »
D’autres fois, elle appelait de toutes ses forces son divin Maître dont elle se croyait abandonnée :
« Où êtes-vous, disait-elle, ô mon Dieu ! où êtes-vous ? Le soleil de votre grâce s’est donc obscurci pour moi. Votre bonté m’aurait-elle abandonnée ? »
Cependant Madeleine ne se découragea pas un seul instant. Elle eut recours à la sainte Vierge. Cette Mère de miséricorde lui apparut un jour qu’elle était violemment tentée, et lui mit sur la tête un voile qui chassa aussitôt la tentation.
La Sainte redoubla ses mortifications et ses austérités. Elle entoura son corps d’une ceinture armée de pointes de fer, qui pénétraient bien avant dans sa chair. Elle se flagellait fréquemment, et pendant des heures entières, et lorsque les religieuses la voulaient soulager dans ses souffrances, elle leur répondait : « Laissez-moi souffrir pour mes péchés ; c’est mon cher Epoux qui le veut. » A l’imitation de saint Benoît, elle se jeta dans un buisson d’épines, et triompha ainsi d’une violente tentation par laquelle le diable cherchait à entrer dans son cœur.
Notre-Seigneur, jugeant les épreuves suffisantes ; ne voulut pas laisser souffrir davantage sa douce et fidèle amante. La veille de la Pentecôte, de l’année 1590, elle se trouva ravie en extase pendant que l’on chantait au chœur l’office divin. Après les Laudes, elle commença à parler comme auparavant des merveilles du ciel. Puis, s’adressant aux religieuses :
« Le Seigneur, dit-elle, m’a délivrée de mes ennemis ; l’hiver et le mauvais temps sont passés ; aidez-moi à remercier mon Dieu. »
Elle vit ensuite tous les saints, auxquels elle avait une dévotion particulière, venir la féliciter de son triomphe. Son ange gardien lui mit une couronne sur la tête ; un autre l’ornait d’un riche collier d’or ; un troisième d’une robe plus blanche que la neige.
« O mon Dieu ! s’écria alors la Sainte, qu’ai-je donc fait contre votre divine Majesté ? il semble que vous voulez me récompenser ici-bas. »
Il serait trop long de raconter en détail tous les assauts que le démon lui livra et toutes les victoires qu’elle remporta sur cet odieux ennemi de l’homme, je ne puis cependant pas passer sous silence ce qui arriva à la bienheureuse vierge, au sujet de ses tentations.
Un jour que le démon la pressait vivement de quitter le saint habit, elle pria instamment Notre-Seigneur, par l’intercession de saint Albert, qu’elle avait choisi pour un de ses avocats dans le ciel, de l’assister dans cette tentation.
Au même instant saint Albert lui apparut et la revêtit d’un habit blanc, d’un scapulaire et d’une ceinture de même couleur, qu’il prit dans le côté de Jésus crucifié ; la Sainte Vierge lui mit entre les mains un cierge allumé avec une couronne de fleurs sur la tête ; les anges firent entendre une suave mélodie, et chantèrent les antiennes que les religieuses avaient coutume de chanter pour les prises d’habit ; Notre-Seigneur Jésus-Christ lui-même lui donna de ses propres mains la sainte communion.
On conçoit que le diable ne dut pas rester à cette cérémonie, et qu’il ne poussa plus la Sainte à quitter l’habit religieux.
Charité de Marie-Madeleine
Son horreur pour le péché
Mais qui pourra exprimer les ardeurs dont elle brûlait pour son divin Epoux ? son cœur était un brasier ardent, consumé par l’amour. Pour rafraîchir sa poitrine embrasée, elle était obligée, à l’exemple de saint Pierre d’Alcantara, de se plonger dans l’eau glacée.
« Si je savais, répétait-elle souvent, qu’en disant une seule parole à autre fin que pour l’amour de Dieu, encore qu’il n’y eût point d’offense, dussé-je devenir plus grande qu’un séraphin, je ne le ferais jamais. » Tout son bonheur était de souffrir pour celui qui a tant souffert pour nous, et elle ne désirait vivre plus longtemps que pour souffrir davantage.
La virginité qu’elle lui avait consacrée, elle la conservait avec un grand soin, et baisait les murs de son couvent, qui l’aidaient à garder une si belle fleur.
Le seul nom de péché mortel la faisait reculer d’horreur et d’épouvante, et elle ne savait pas comment un homme raisonnable pouvait commettre un péché mortel.
« Ah ! disait-elle quelques jours avant sa mort, je quitte le monde sans avoir pu comprendre comment la créature peut se résoudre à pécher contre son Créateur. »
Elle vit une fois l’âme d’un pécheur, condamnée aux flammes éternelles :
« O âme misérable, s’écria-t-elle en fondant en larmes, tu es donc devenu un tison d’enfer, et le plaisir passé est changé pour toi en des peines cruelles. Mais, ô Dieu éternel ! les hommes du monde ne considèrent pas ces choses. »
Sa mort
Enfin, après avoir passé 41 ans sur cette terre, Madeleine alla jouir dans le ciel du bonheur éternel. Dieu la prépara à la mort par de très grandes souffrances. On ne pouvait approcher du lit où elle était étendue, comme Jésus-Christ sur la croix, sans lui causer des douleurs inexprimables. A ce moment suprême, Dieu lui retira toute consolation et sembla l’avoir abandonnée. Mais la Bienheureuse ne se découragea pas. Comme son confesseur lui disait que ses souffrances allaient bientôt finir :
« Non, non, mon Père, répondit-elle, ce n’est pas la consolation que je cherche ; mais je désir souffrir jusqu’au dernier moment de ma vie. »
Elle reçut les derniers sacrements avec des transports d’amour et de joie. Cette grande Sainte donna sur son lit de mort un dernier et magnifique exemple d’obéissance. Son confesseur s’était rendu à l’église pour dire la sainte messe, lorsqu’on vint l’avertir que Madeleine n’avait plus qu’un instant à vivre.
« Dites à Madeleine, répondit-il, que si elle veut être obéissante jusqu’à la mort à l’exemple de son divin Maître, elle attende pour mourir que j’aie dit la messe. »
La Sainte obéit. Vers trois heures du soir, elle fit appeler la Mère prieure et lui dit différentes choses au sujet du gouvernement du monastère. Puis prenant congé de toutes les religieuses, elle leur donna ce dernier avis :
« Mes révérendes Mères et mes très chères sœurs, me voici sur le point de vous quitter jusqu’à l’éternité, je vous prie au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ de n’aimer que lui seul, de mettre toute votre espérance en lui, et d’être continuellement embrasées du désir de souffrir pour son amour. C’est la dernière grâce que je vous demande. »
Après avoir dit ces paroles, sa belle âme s’envola vers son Epoux pour jouir éternellement du suprême bonheur.
C’était un vendredi à l’heure où notre divin Sauveur avait consommé son sacrifice sur la croix.
Aussitôt que la nouvelle de cette mort se fut répandue dans la ville de Florence, on accourut de toutes parts pour voir le corps de la Sainte, qui avait été déposé dans l’église.
Or il y avait parmi la foule un homme adonné à toutes sortes de vices. Au moment où il s’approchait de la vierge, poussé par un motif de curiosité, elle se retourna de l’autre côté, ne pouvant, même après sa mort, souffrir un pareil spectacle. Cet homme fut touché du miracle et mena depuis une vie édifiante.
Le corps de la Sainte fut enseveli derrière le grand autel, où deux ans après il fut trouvé non seulement sans corruption, mais répandant une odeur très agréable.
De nombreux miracles témoignèrent de la sainteté de Marie-Madeleine, ce qui détermina le pape Clément IX à la canoniser, le 28 avril de l’année 1669.