Saint Marcel

Fête le 4 septembre

Martyr


A la suite de Pothin, l’illustre évêque de l’Eglise de Lyon qui avait péri sous les coups du superstitieux et politique Marc-Aurèle, grand nombre de fidèles de cette Eglise et de celle de Vienne arrosèrent de leur sang le sol de la Gaule.

De ce nombre fut le prêtre Marcel. Délivré par un ange ainsi que son compagnon le diacre Valérien, de la prison dans laquelle ils avaient été jetés par les persécuteurs, ils se dirigèrent vers les villes voisines de Lugdunum (Lyon) pour y annoncer l’Evangile.

Valérien suivant la rive droite de l’Arare s’arrêta à Tournus (Trenoschium), Marcel au contraire se jetant dans les forêts de la rive gauche, annonça sur sa route l’Evangile aux Leignanes et arriva bientôt sous les murs de Châlons.

Là, il trouva l’hospitalité chez un homme riche du nom de Latinus. Or il advint que dans l’atrium qui précédait la demeure de ce dernier s’élevait la statue équestre de Mars escortée de celles de Mercure et de Minerve.

A cette vue, l’apôtre eut grand’peine à retenir l’expression de la douleur qu’il ressentait en son âme, et s’adressant avec douceur à son hôte qu’il espérait amener à la vérité lui dit : « Qu’attendez-vous de ces prétendues divinités que je vois ici ? Vaines images, muettes, sourdes, insensibles et impuissantes comme la pierre dont on les a faites, peuvent-elles donc exaucer vos vœux ou même les entendre ? En vérité ils ne sont pas loin de leur ressembler ceux qui croient que dans ces œuvres de la main de l’homme il y a quelque chose de supérieur à l’homme. Que ne renoncez-vous bien vite à cette ridicule et misérable superstition ? »

Peu de jours après, le païen instruit par le prêtre Marcel était régénéré dans les eaux du baptême.

S’étant éloigné quoique à regret pour laisser passer l’orage qui sévissait à Lyon, Marcel passa la Saône, se dirigea du côté de Dijon, mais tomba inopinément au milieu d’une fête païenne quelques précautions qu’il eût prises pour éviter les lieux fréquentés.

Invité gracieusement par Priscus, le gouverneur, qui présidait aux jeux, à y prendre part, Marcel non seulement refusa d’y participer, mais encore proclama bien hautement la vanité des idoles.

Mais vous êtes chrétien alors, lui dit-on. – Certes oui, répond le prêtre, et je m’en fais gloire.

A peine a-t-il terminé sa courageuse profession de foi qu’il se voit suspendre à deux branches d’arbre violemment courbées qui devaient, en reprenant leur position, lui disloquer les membres et l’amener à se rétracter ; c’était du moins l’espérance de Priscus.

Mais tel ne fut pas le résultat du supplice qui loin d’effrayer le martyr lui causa une très grande joie : « Il est dit, en effet, dans les actes de son martyre qu’il se réjouissait de souffrir sur le bois à l’exemple de Jésus-Christ, et de pouvoir unir sa passion à celle du divin Rédempteur qui avait voulut expirer sur la croix, afin que comme le crime était venu d’un arbre, l’expiation en vint aussi. » Il est alors conduit par ordre de Priscus devant une statue colossale de Saturne qui dominait les eaux de la Saône, où un refus d’idolâtrie le devait précipiter. La constance du martyr ne faiblit pas un instant ; c’est pourquoi étendu sur un chevalet, il dut expier aux pieds de la statue les injures qu’il avait faites à cette divinité.

La rive gauche de la Saône devient peu après le théâtre d’un nouveau supplice, châtiment des paroles injurieuses qu’il avait prononcées à l’endroit de la statue du soleil. Enfin après avoir épuisé sans succès toutes les ressources que lui pouvait suggérer sa cruauté le préfet Priscus le fit enterrer jusqu’à la ceinture.

Le bienheureux Marcel expira dans ces horribles tortures, les yeux tournés vers le ciel qu’on lui avait, sans le vouloir, permis de regarder en quittant la vie.

Ceci arrivait le 4 septembre vers l’année 178 après Jésus-Christ.

Du culte et des reliques de saint Marcel

Le bienheureux martyr a toujours été en grand honneur dans le royaume de Bourgogne. Dans le principe il eut la gloire de voir un monastère fondé en son honneur par le roi Gontrand. Ses reliques vénérées des peuples, s’y gardèrent longtemps dans une église qui portait son nom (1).

La Révolution a rasé le monastère et aujourd’hui l’herbe croît sur ses ruines, mais à l’heure de la tourmente, lorsqu’ils se virent à la veille de quitter le monastère de saint Marcel qu’ils avaient occupé depuis sa fondation, les fils de saint Benoît livrèrent le corps du bienheureux martyr à l’église Saint-Marcel-les-Châlon, près Châlon-sur-Saône, où « il est conservé à peu près entier dans une grande et belle châsse portée par un groupe d’anges en marbre blanc de la plus grande beauté, qui se voit au fond du sanctuaire (2). »

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(1) Histoire de la Vie des saints Pères et des Martyrs. – Saint Marcel.

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(2) Voir l’histoire de saint Symphorien et de son culte, par Dinet.

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