Saint Luc

Fête le 18 octobre

Apôtre et Evangéliste


Ce qu’on sait sur les premières années de saint Luc

Antioche était au premier siècle de l’Eglise, la ville de Syrie, la plus recommandable par la beauté de son site, par son commerce, et la politesse de ses habitants.

Ses richesses, ses écoles portaient au loin sa renommée. Toutefois, l’un de ses plus beaux titres de gloire, fut d’avoir été la patrie de l’évangéliste saint Luc, le fidèle disciple du grand saint Paul.

L’histoire nous apprend peu de chose des premières années de ce saint Apôtre. De quelle religion était-il avant sa conversion ? Suivait-il les superstitions de l’idolâtrie ou les observances de la loi mosaïque ? C’est ce que se demandèrent tout d’abord les Pères de l’Eglise.

Quelques-uns pensèrent qu’il était Juif, parce que les Juifs étaient très nombreux dans son temps à Antioche.

D’autres, tels que saint Jérôme et saint Grégoire assurent qu’il était Grec, parce qu’ils reconnaissaient dans ses écrits une plus grande connaissance de la langue et des rites des Grecs, que de la langue et des cérémonies Judaïques.

La tradition la plus commune est qu’il professa le Judaïsme, plutôt par choix que par naissance. Du reste saint Paul semble le dire dans son épître aux Colossiens.

Dès qu’il fut à l’âge d’étudier, Luc se fit admettre aux écoles de son pays, où il fit bientôt de rapides progrès dans toutes les sciences.

Doué d’un caractère énergique et d’une intelligence élevée, il se livra avec toute l’ardeur de la jeunesse, à l’étude des arts libéraux. Il aimait la peinture ; et se rendit utile à ses compatriotes par l’art de la médecine, dans lequel il excellait. Enfin, il suivit avec tant de succès, les leçons de rhétorique et de philosophie, qu’il faisait l’admiration de ses maîtres et de ses concitoyens. Estimé de tous pour ses mérites, il semblait que Luc allait occuper un poste important à Antioche, lorsque Dieu qui avait ses desseins sur lui, résolut de lui envoyer un rayon de sa lumière, et de faire servir à sa plus grande gloire les connaissances profanes qu’il avait acquises.

L’heure était venue où Jésus-Christ, le Sauveur du monde, quittant sa paisible retraite de Nazareth, accomplissait les œuvres de son Père.

Le bruit se répandait partout qu’un homme extraordinaire avait paru dans la Judée, parcourant les villes et les bourgades, prêchant une doctrine nouvelle, annonçant un royaume nouveau, et confirmant la véracité de ses paroles par des miracles.

Luc fut frappé des récits merveilleux qu’il entendait sur le Messie. Il voulut voir cet homme qui se disait le Fils de Dieu, descendu du ciel sur la terre pour racheter le genre humain. Il le vit, et il crut en lui.

Un jour que Jésus-Christ enseignait au peuple ce magnifique conseil évangélique : « Que celui qui veut être mon disciple quitte tout et me suive, » notre Saint gravant ces paroles dans le fond de son cœur pour les redire à la postérité, quitta tout, sa patrie, sa famille, les arts qu’il aimait, l’avenir brillant qui s’ouvrait devant lui, et suivit Jésus.

Saint Luc se prépare à écrire l’Evangile en suivant Jésus-Christ

Obéissant au souffle de la grâce d’en haut, Luc se mit à la suite du Sauveur, et devint bientôt un de ses plus zélés disciples.

Il était de ceux que le divin Maître envoya deux à deux porter la paix en son nom aux peuples de la Judée, et qui le suivirent pas à pas dans ses courses apostoliques.

Rien ne put jamais ébranler la foi et la confiance qu’il avait dans le Christ. Lorsqu’aux jours douloureux de la Passion, les disciples et les Apôtres se demandaient inquiets, si celui qui mourait comme un vil criminel, était l’envoyé de Dieu ; Luc ne douta pas un instant. Il se montra digne ainsi, de rendre à la vérité l’éclatant témoignage que le Seigneur allait lui demander.

Après l’ascension du Sauveur, le saint Evangéliste revint au Cénacle en compagnie des Apôtres, où il reçut les dons de l’Esprit-Saint. Ce fut alors qu’embrasé du feu divin, il partit pour Antioche sa patrie, où il convertit un grand nombre d’idolâtres à la foi de Jésus-Christ.

A quelque temps de là, lorsque saint Paul eut été terrassé sur le chemin de Damas, et que de violent persécuteur des chrétiens il fut devenu leur défenseur, Luc le choisit pour son maître, et se joignit à lui pour l’aider dans ses grands travaux.

Il ne quitta plus désormais le grand Apôtre. Il l’accompagna dans tous les voyages qu’il entreprit, supporta patiemment les fatigues, les souffrances, les persécutions qu’il eut à endurer pour le nom de Jésus-Christ.

Aussi, lorsque saint Paul enchaîné par les satellites de César, écrivait à ses fidèles, il pouvait dire à la louange de son disciple : Lucas est mecum solus, Luc est resté seul avec moi.

Comment il devint nécessaire que Luc écrivit son Evangile

Comme Jésus-Christ l’avait annoncé pendant sa vie terrestre, les hommes et les démons ne tardèrent pas à se liguer pour arrêter les progrès de l’Evangile.

Des édits parurent qui défendirent aux Apôtres de continuer leurs prédications, et aux fidèles de se faire initier aux mystères de la religion nouvelle.

Ceux qui ne voulurent pas se soumettre furent persécutés. L’ivraie fut semée au milieu du bon grain. Des faux prophètes se levèrent et répandirent sur la personne et les actes du Christ des histoires fabuleuses, qui mirent la foi en danger.

Enfin il fut nécessaire de faire resplendir la vérité, aux regards de tous, et c’est ce que firent saint Mathieu, saint Marc, et après eux saint Luc, en écrivant ces livres merveilleux que l’on nomme les saints Evangiles.

Quelques Pères des premiers siècles de l’Eglise, traitant de l’authenticité des Livres Saints, se demandèrent si saint Paul ne serait pas l’auteur de l’Evangile attribué à saint Luc. Certes on ne saurait nier que disciple et scribe en quelque sorte du grand Apôtre, le saint Evangéliste ne se soit aidé de ses lumières et de ses conseils dans la composition de son ouvrage ; mais il faut dire qu’il l’écrivit seul ; et il l’écrivit d’après ce qu’il avait vu et entendu, soit de lui-même, soit par les témoins oculaires.

Tel est ce qu’il nous apprend lui-même dans ses écrits sur ce sujet, et ce que la tradition constante de l’Eglise nous enseigne.

Quelques-uns ont conclu des premiers versets de l’Evangile de saint Luc qu’il écrivit, d’après le récit des témoins oculaires, des choses qu’il n’avait pas vues par lui-même. Mais une lecture attentive amène à une conclusion très différente.

« Mihi assecuto a principio diligenter. J’ai tout suivi avec soin dès le commencement. »

L’Evangile de saint Luc est remarquable, comme celui de saint Jean, par la profondeur des pensées et des mystères qui y sont contenus. La simplicité, la netteté, l’élégance du langage, dénote dans le saint Evangéliste un esprit cultivé, une âme possédant toutes les vertus célestes qui inspirent la vertu et font aimer la vérité.

Saint Luc entre dans les menus détails historiques de la vie du Sauveur. C’est par lui que nous connaissons plusieurs circonstances relatives à l’Incarnation du Verbe, telles que l’Annonciation de la Vierge, sa visite à sainte Elisabeth, la parabole de l’Enfant prodigue et d’autres encore.

Il insiste tout spécialement sur tout ce qui a rapport au sacerdoce de Jésus-Christ. C’est pourquoi la tradition, dans la représentation symbolique des quatre Evangélistes, le représente ayant à ses côtés un bœuf, emblème du sacrifice.

Selon la croyance la plus commune, saint Luc aurait écrit son Evangile l’an 53, pendant que l’apôtre saint Paul prêchait en Achaïe.

Saint Luc écrit les Actes des Apôtres

Ce que l’on doit penser des images dites de saint Luc

Lorsque saint Paul fut conduit du fond de l’Asie au tribunal de Néron, saint Luc le suivit, vint l’aider et partager ses fers.

Ce fut là que saint Luc écrivit les Actes des Apôtres, où il résuma en quelques paroles les merveilles dont le Seigneur entoura son Eglise naissante, et les actes de ses premiers pasteurs.

Dès que cet ouvrage parut, les idolâtres furent confondus, les récits fabuleux et les mensonges qu’ils faisaient circuler sur les chrétiens disparurent d’eux-mêmes, et la foi ranima dans le cœur des fidèles.

Outre les Actes des Apôtres, le saint Evangéliste traduisit encore en grec l’Epître de saint Paul aux Hébreux, ce qui prouve conclut saint Jérôme, qu’il était versé dans la connaissance des langues.

Ecrivain distingué, bon médecin comme l’appelait l’Apôtre dans une de ses épîtres, saint Luc était, de plus, fort expert dans l’art de la peinture. Il existe encore plusieurs portraits de la Vierge Marie dus à son pinceau, que la critique moderne s’obstine à lui refuser, mais que les récentes découvertes d’accord avec l’histoire lui attribuent.

Voici du reste ce que dit la tradition sur ce sujet : saint Luc ayant gravé profondément dans le fond de son cœur les portraits de Jésus et de Marie, voulut laisser leurs traits à la postérité.

Comme il était bon peintre, il s’envint trouver la sainte Vierge qui habitait la maison de Jean sur le mont Sion, et la supplia de lui laisser faire son portrait. La divine Mère ayant consenti, le saint Evangéliste peignit cette gracieuse image que nous vénérons encore aujourd’hui sous le nom de Vierge de saint Luc. Marie est représentée tenant son divin Enfant dans les bras. Son visage est encadré d’un voile qui tombe gracieusement à la manière des femmes Juives ; une étoile à cinq rayons flamboyants se détache au-dessus de son front, et l’inonde d’une lumière céleste.

Lorsque le peintre eut achevé son travail, suivant la même tradition, il alla le présenter à la Vierge qui le bénit en disant : Ma grâce sera toujours avec cette image.

Saint Luc peignit jusqu’à sept portraits de la Vierge Marie, qui furent exposés par les Apôtres à la vénération des fidèles, et transportés dans la suite des temps dans différentes églises notamment dans celle de Constantinople.

Le principal de ces portraits est vénéré encore de nos jours dans l’église de Sainte-Marie Majeure à Rome, où il fut placé par le Pape Paul V. Nous donnons une copie d’une autre de ces images, conservée au sanctuaire de Notre-Dame de la Garde, près de Bologne.

Dernières années de saint Luc

Après plusieurs années de captivité, saint Paul comparut enfin devant le tribunal de l’Empereur, qui lui rendit la liberté. L’heure de sa dissolution, qu’il désirait tant, n’était pas encore venue ; sa course n’était pas achevée, il vola donc à de nouveaux travaux emmenant avec lui son fidèle disciple.

Ce fut pour peu de temps cependant : saint Paul revint à Rome mourir avec saint Pierre, et saint Luc continua de prêcher l’Evangile en Italie, dans les Gaules, la Dalmatie, la Macédoine qu’il parcourait en convertissant et baptisant les idolâtres.

L’histoire passe sous silence les dernières années du saint Evangéliste. Où mourut-il, et de quelle manière ? c’est ce qu’on ne saurait dire au juste.

Selon les Grecs modernes, saint Luc serait allé mourir martyr dans la Péloponèse après avoir porté la bonne nouvelle en Egypte.

D’après Bède et Baronius, il serait au contraire mort fort âgé en Bithynie après avoir beaucoup souffert pour la foi. Mais de quelque manière que le saint Evangéliste ait quitté cette terre, il est allé recevoir la récompense due à ses grands travaux et à ses vertus.

Le corps de saint Luc fut conservé à Patras en Achaïe, puis transféré par l’empereur Constance à Constantinople l’an 357, avec ceux de saint André et de saint Timothée. Dans la suite des temps, sa tête fut transportée à Rome, et le reste de ses reliques à Padoue où il est en grande vénération dans la Basilique de Sainte-Justine.

L’Evangéliste a toujours été invoqué comme patron des confréries et associations de peintres.