Saint Jean Népomucène

Fête le 20 mai

Martyr


Légende de la gravure

Le corps de saint Jean Népomucène est retiré des eaux.


Naissance miraculeuse

L’un des premiers jours de l’an 1330, deux vieillards sortaient de la petite ville de Népomuck, en Bohême, et se rendaient au couvent des Cisterciens, voisin de la cité. Dans l’église du monastère, on vénérait une image miraculeuse de la Vierge Marie.

Les deux pèlerins s’agenouillèrent dévotement au pied de l’autel et supplièrent la Mère de Dieu de leur accorder enfin un fils, qu’ils demandaient depuis si longtemps.

Ils furent exaucés et, peu de temps après, ils obtinrent un enfant, qu’ils nommèrent Jean, afin que ce nom seul rappelât au nouveau-né quelle affection il devait à Marie. A l’instant même, des flammes merveilleuses et très sereines, à la grande joie de la ville de Népomuck parurent descendre du ciel et entourer toute la maison ; des clartés plus vives s’allumèrent également sur le berceau de l’enfant, présage de la lumière de la grâce, qui devait briller en lui dans ce monde, et la lumière de gloire qui l’attendait dans l’autre.

Ses parents le consacrent à Dieu

Quelques jours s’étaient à peines écoulés que Jean tomba dangereusement malade. Tous attendaient sa mort. Les deux vieillards, confiants en Dieu, reprirent le chemin du sanctuaire, où Marie les avait déjà exaucés.

Ils prièrent le long du chemin, ils prièrent longtemps surtout devant la sainte image. « O bienheureuse Vierge, dirent-ils, conservez-nous l’enfant que vous nous avez accordé il y a peu de temps. Vous nous exaucerez, ô Vierge ; nous promettons de le consacrer à Dieu, s’il se lève guéri. »

Marie accepta le vœu, et l’enfant plein de vie s’élança de son berceau dans les bras de sa mère.

Le modèle des enfants de chœur

Pénétrés d’une vive reconnaissance, ses parents tinrent leur promesse et n’épargnèrent rien pour lui donner une excellente éducation.

Envoyé de bonne heure à l’école, il y apprit d’abord le catéchisme et les répons de la messe. Dès qu’il les sut, il allait tous les matins dans l’église des Cisterciens, au pied de l’image de Marie, et servait toutes les messes qui s’y disaient. C’était là son bonheur et son plus doux passe-temps. Sa dévotion, sa bonté, faisaient l’admiration de tous. Les personnes sages en auguraient dès lors quelque chose de grand. Dans la plaine de Népomuck, comme autrefois sur les montagnes de Juda, on se disait : que pensez-vous que sera cet enfant ? Et plus tard en effet le petit enfant de chœur des Cisterciens devait retracer admirablement la belle figure de saint Jean-Baptiste.

Jean fait ses études ecclésiastiques

A la piété la plus tendre il joignait un esprit libre très vif. Ses parents travaillèrent de leurs mains, se privèrent et, grâce à leurs économies, ils purent envoyer Jean étudier à Staaze, puis à Prague, où il obtint le grade de docteur en théologie et en droit canon.

Il y reçut une dignité bien plus précieuse, celle du sacerdoce ; il ne se présenta à l’ordination qu’après avoir passé un mois dans la retraite et purifié son âme par le jeûne, la prière et la mortification.

Ses grands talents le firent choisir pour remplir l’office de prédicateur dans l’église de Notre-Dame du Tein. Prague changea bientôt de face sous sa parole ardente. Une foule immense accourait à ses sermons, on y comptait plusieurs milliers d’écoliers, et l’empereur Venceslas IV lui-même aimait à l’entendre. Il le nomma prédicateur de la cour en même temps que l’archevêque de Prague le faisait entrer dans le chapitre de la métropole. Jean se montra toujours fort exact à assister au chœur, mais son zèle ardent et actif savait encore trouver de longues heures pour travailler au salut des âmes.

Jean est nommé aumônier de la cour

L’empereur ne s’était pas encore abandonné aux désordres qui devait faire de lui un persécuteur et un bourreau. Il écoutait volontiers les conseils de Jean Népomucène, et voulut lui donner l’évêché de Leitméritz. Mais le saint refusa et n’accepta, après beaucoup d’instances, que la charge d’aumônier de la cour, afin d’être plus à portée d’instruire les grands.

Il fut un véritable aumônier, et son appartement devint dès lors le rendez-vous des pauvres. Sa charité était ingénieuse à découvrir les misères cachées et à concilier les différends qui s’élevaient à la cour et dans la ville. Il assoupissait les querelles et prévenait les procès. – Si l’on s’étonne, dit l’hagiographe, qu’il pût trouver du temps pour toutes ces œuvres, qu’on se rappelle que les saints, s’oubliant eux-mêmes, ont beaucoup plus de temps à consacrer aux intérêts du prochain.

L’impératrice le choisit pour son confesseur

L’impératrice Jeanne le prit pour directeur de sa conscience. Sous un tel maître elle avança rapidement dans les voies de Dieu. C’était une princesse d’une grande innocence de mœurs, digne de son rang encore plus par ses vertus que par la noblesse de son sang. Elle aimait les indigents, les servait de ses propres mains, mortifiait son corps par des jeûnes et donnait à la prière une grande partie de ses nuits.

La crainte de déplaire à son bien-aimé Jésus lui faisait fuir jusqu’à l’ombre du péché, et s’il lui échappait de ces fautes dont les plus grands saints ne sont pas exempts, elle lavait bien vite dans les eaux de la pénitence une tache qui aurait pu diminuer les délices que l’Epoux divin trouve dans les âmes toutes pures.

Elle pleurait comme ses propres péchés les égarements de l’empereur qui, entraîné par ses passions, séduit par les conseils impies de ses courtisans, s’était laissé aller à toutes les débauches. Ses désordres achevèrent de dégrader ce cœur, que saint Jean Népomucène avait vu un moment gagné à la vertu. Venceslas s’offensa même des marques de tendresse que ne cessait de lui donner la vertueuse reine. Il interpréta mal les plus saintes actions de son épouse et en prit occasion de former les soupçons les plus outrageants sur sa conduite.

Il savait que Jean était le confesseur de l’impératrice ; il le fait un jour venir au palais, s’enferme avec lui et essaye de surprendre sur ses lèvres le secret de la confession.

Le saint, saisi d’horreur, lui représente avec énergie l’indiscrétion de sa demande. L’empereur insiste ; il lui offre des honneurs, des dignités s’il veut lui révéler les fautes de la princesse. Jean s’y refuse avec énergie et Venceslas le congédia avec un morne silence.

Il est jeté en prison et torturé

Quelques jours après on servit sur la table du prince une volaille qui n’était pas assez rôtie. Venceslas furieux ordonne de mettre à la broche le cuisinier maladroit et de le faire rôtir à petit feu. Les courtisans pâlissent d’horreur, mais redoutant la colère de leur maître, ils gardent un honteux silence.

Saint Jean Népomucène était alors à la cour ; il apprend cet ordre affreux. Aussitôt il demande à parler à l’empereur, et nouveau Jean-Baptiste il reproche à cet autre Hérode l’atrocité du crime qu’il veut commettre.

A peine eut-il dit quelques mots que le tyran ordonna de le jeter au fond d’un noir cachot. Jean souffrit avec joie cet indigne traitement. Il n’ignorait pas la cause secrète qui le lui avait attiré. Venceslas lui-même n’en faisait pas un mystère ; on alla de sa part dire au saint confesseur qu’il ne recouvrerait pas sa liberté, s’il ne révélait la confession de l’impératrice. Mais le bienheureux eut préféré mille morts à cette violation sacrilège ; il souffrit la faim en silence.

Peu de temps s’était écoulé quand l’empereur députa un de ses premiers ministres pour annoncer au saint de sa part qu’il était transpercé de douleur d’avoir agi avec une personne de son caractère d’une manière si barbare.

- Le roi vous en demande pardon, dit le courtisan, ne le refusez pas ; oubliez les injures qu’il vous a faites, jouissez de votre première liberté et demain trouvez-vous à sa table. Sa majesté vous y attend pour vous donner des preuves éclatantes du regret qu’elle a conçu de sa faute et des assurances réelles de la part que vous avez à ses bonnes grâces.

Le lendemain, en effet, Jean se rendit au palais et fut admis au festin royal avec toutes les marques d’honneur et d’estime possibles. Le repas fini, les courtisans retirés, l’empereur s’enferma dans ses appartements avec le saint. Il s’entretint d’abord avec lui de choses indifférentes, puis exposa le véritable sujet de son appel à la cour.

- Je ne suis jamais en repos, lui dit-il ; mes jours et mes nuits sont remplies d’inquiétudes ; il ne tient qu’à vous de soulager mes chagrins, de dissiper les fantômes qui m’occupent, de calmer les tempêtes qui m’assaillent. Déclarez-moi par ordre tout ce que vous avez appris de la confession de mon épouse ; ne me célez rien, ne me déguisez rien : foi de prince je vous promets un silence et un secret absolus. En récompense, que voulez-vous ? des dignités, des honneurs, mes bonnes grâces ? je vous les accorde ; demandez tout, vous obtiendrez tout. Si vous me refusez, au contraire, la rage des bourreaux ne pourra rien inventer de si cruel que je ne vous fasse éprouver. Croyez-moi, profitez de mes offres et de mes faveurs ; n’irritez pas ma colère, n’animez point ma fureur.

- Je n’y consentirai jamais, répondit le saint martyr ; et vous-même, sir, souvenez-vous que vous entreprenez sur les droits de Dieu, à qui seul appartient le discernement des consciences. En toute autre chose commandez, je vous obéirai ; mais en ceci, j’ose dire à Votre Majesté ce que répondait saint Pierre aux princes des prêtres : « Il vaut mieux obéir à Dieu qu’aux hommes. »

Venceslas irrité fit venir le bourreau que, par amitié, il appelait son compère ; le saint fut traîné en prison, dépouillé et mis à la torture. Les soldats lui appliquèrent des torches ardentes aux côtés et aux parties du corps les plus sensibles, le brûlèrent à petit feu et le tourmentèrent avec la plus horrible barbarie.

- « Jésus ! Marie ! » s’écriait Jean Népomucène au milieu de l’affreux supplice. Le bourreau lassé abandonna la lutte ; on retira le martyr de dessus le chevalet, mais il était presque expirant. Le Seigneur visita son serviteur dans la prison et remplit son âme des plus douces consolations.

Cependant l’impératrice apprit ce qui se passait ; elle alla se jeter aux pieds de Venceslas qu’elle parvint à fléchir par ses larmes et ses prières, et obtint l’élargissement du serviteur de Dieu.

Saint Jean Népomucène prédit sa mort et les malheurs de la Bohême

Jean rentra dans sa demeure calme et joyeux. Il ne se plaignit à personne, laissa ses plaies se refermer et reprit le cours de son saint ministère avec plus de zèle que jamais. Il savait que la haine de l’empereur n’était point apaisée. Dieu lui avait révélé qu’il mourrait bientôt sous ses coups ; il se préparait donc au martyre par la prière et les bonnes œuvres.

L’heure approchait cependant où il devait verser son sang pour Jésus Christ. Il monte une dernière fois dans la chaire de la métropole pour faire ses adieux à ce peuple qu’il avait évangélisé depuis tant d’années. ses paroles sont remarquables, dit son historien ; il commence par le dernier discours que le Fils de Dieu tint à ses apôtres, la veille de sa mort :

« Vous me verrez encore un peu de temps, leur dit-il, mais je ne vous parlerai plus beaucoup ; je finis ma carrière, ma fin approche ; je mourrai pour les lois de Jésus-Christ et de son Eglise.

L’hérésie, continue-t-il, que l’enfer suscitera dans peu, désolera le royaume de Jésus-Christ ; et dans cet empire même de Bohême, où la religion est à présent si florissante, on verra les autels profanés, le sanctuaire anéanti, l’usage des sacrements aboli, les conseils évangéliques méprisés, toutes les lois divines et humaines foulées aux pieds. Les temples du Seigneur et les monastères où il est servi seront réduits en cendre ; plusieurs saints religieux périront par l’épée, par la faim, par la soif et par une infinité d’autres supplices. Les loups entreront par force dans la bergerie, ils dévoreront le troupeau ; ils s’empareront du patrimoine de Jésus-Christ. Tout sera renversé, changé, méprisé ; la puissance des ténèbres sera déchaînée, et malheur à celui qui tombera entre les mains de ces faux prophètes ! »

Des larmes abondantes coulaient des yeux du saint martyr et des gémissements se faisaient entendre dans tout l’auditoire.

La prédiction n’était que trop vraie ; trente ans plus tard, Jean Hus, Jérôme de Prague et plusieurs autres hérétiques levèrent l’étendard de la révolte contre l’Eglise catholique, insultant à la foi du Christ et semant partout leur détestable doctrine. – Les païens firent ensuite irruption en Bohême, brûlant les églises, renversant les monastères et commettant des impunités jusqu’alors inouïes. – Enfin, quelque temps après, la plupart des habitants furent entraînés dans l’abîme par l’hérésie de Luther.

Le saint, avant de descendre de chaire, dit un dernier adieu aux fidèles de Prague. – « Je demande pardon aux chanoines et aux clercs, ajouta-t-il, de tous les mauvais exemples que je leur ai donnés. »

Tout le peuple, saisi de crainte et de douleur, répondit de nouveau par des pleurs et des lamentations.

Son martyre

Saint Jean Népomucène voulut ensuite prier une dernière fois aux pieds de Notre-Dame de Bunzlan, dont saint Cyrille et saint Méthode avaient autrefois apporté l’image en Bohême avec la foi chrétienne.

- O bonne Mère, dit-il, qui m’avez béni dans mon berceau et protégé durant tout le cours de ma vie, veillez, je vous en supplie, sur mon agonie, secourez-moi dans cette heure dernière, rendez-moi votre cher Fils propice, et ne permettez pas que mon âme devienne la proie de mes ennemis ! »

Sur le soir il rentra dans Prague. Venceslas était à la fenêtre de son palais ; il aperçut sa victime, et le feu de la jalousie se rallumant dans son âme, il fit amener devant lui le saint martyr.

- Ecoute, prêtre, lui dit-il, il n’est plus à présent question de garder le silence : Tu parleras ou tu mourras. Si tu ne me déclares pas tout ce que tu sais de l’impératrice, vive Dieu ! tu boiras de l’eau de la rivière de Prague.

Le saint regarda son bourreau avec un visage calme et sévère, sans daigner lui répondre, attendant avec intrépidité la couronne qu’on lui préparait.

Venceslas, furieux de ce silence et ne gardant plus de mesure, s’écria : - « Qu’on enlève cet homme de devant mes yeux et qu’on le jette dans la rivière, dès que les ténèbres seront assez épaisses pour dérober au peuple la connaissance de l’exécution. »

Le glorieux confesseur employa le peu d’heures qui lui restaient à se préparer à son sacrifice. La nuit venue, il fut traîné par les satellites de Venceslas, qui le précipitèrent pieds et mains liés dans le Moldau, de dessus le pont qui joint la grande et la petite Prague. C’était la veille de l’Ascension, 16 mai 1383.

Son corps fut entraîné par les flots, tandis que les anges du Seigneur emportaient son âme triomphante pour recevoir au ciel la palme et l’auréole des martyrs.

Des flammes miraculeuses entourent son corps

Au même instant des feux parurent sur la rivière ; on voyait une infinité d’étoiles d’une clarté merveilleuse surgir comme du milieu des flots. « Cependant, dit son hagiographe, le corps du saint martyr descendait doucement avec le courant des eaux, accompagné de nouvelles clartés encore plus étonnantes ; il semblait que des flambeaux lumineux le suivissent et le précédassent rangés dans un ordre admirable ; Les uns s’élevaient un peu au-dessus des autres ; ceux-ci s’abaissaient, ceux-là l’environnaient, comme s’ils eussent assisté à une pompe funèbre et porté le corps du bienheureux martyr en triomphe. »

Toute la ville accourut pour être témoin de ce prodige inouï dont on ignorait encore la cause. L’impératrice voulut le faire remarquer à Venceslas, et avec la simplicité d’une colombe elle demanda au monarque ce que pouvait présager une semblable merveille.

Venceslas en fut frappé comme d’un coup de foudre ; il s’enferma pendant trois jours, sans vouloir recevoir personne ; il lui semblait avoir devant les yeux le corps de sa victime, illuminé des splendeurs du ciel.

Quelques années après, la colère divine s’appesantit sur lui : il fut privé de trône et de la couronne impériale.

Miracles lors de ses funérailles

Le mystère s’éclaircit bientôt, les bourreaux eux-mêmes trahirent le secret du prince. On retira le saint corps des eaux qui l’avaient respectueusement porté, et on le déposa dans l’église de Sainte-Croix des Pénitents ; bientôt le chapitre, le clergé et les moines suivis de tous les fidèles vinrent en grande pompe transporter les vénérables reliques à la cathédrale. On fut obligé de rouvrir le cercueil pour satisfaire la pieuse tendresse du peuple, qui voulait revoir une dernière fois les traits de l’homme de Dieu. Tous les malades qui purent toucher son corps furent aussitôt guéris. Une odeur délectable sortait du cercueil et faisait voir assez la sainteté du précieux dépôt qu’il renfermait.

Quand on ouvrit la terre pour lui confier les restes du martyr, on y trouva un riche trésor, comme si Dieu eût voulu de se charger de la dépense des funérailles de son glorieux serviteur.

Saint Jean Népomucène arrache une jeune fille du fond d’un précipice

Les miracles se perpétuèrent pendant tout le cours des siècles.

Marie-Elisabeth Bertenia, guérie dans son enfance par notre saint, avait été mise contre son gré au service d’un grand seigneur luthérien. A l’occasion des fêtes de Noël, elle alla à Egra, sa patrie, pour y faire ses dévotions et revoir sa famille.

Au retour elle fut surprise dans une profonde vallée, entre des bois et des montagnes, par un effroyable tourbillon de neige ; là, voulant passer sur un petit pont formé par une poutre et rendu glissant par la gelée, les pieds lui manquèrent et elle tomba dans des neiges profondes et glacées. La nuit approchait ; n’espérant plus rien du côté des hommes, elle s’écria : - « Ah ! saint Jean Népomucène, ne me laissez point en un si grand péril. Délivrez et sauvez mon âme et ma vie. »

A peine eut-elle achevé, qu’un prêtre vénérable apparut sur la poutre qui servait de pont, lui tendit la main et la tira hors de l’abîme, en lui disant : - « Je suis venu ici pour t’assister et pour te délivrer, parce que Dieu a exaucé ton invocation. Sois donc constamment dévoué à saint Jean Népomucène, mets toujours ta confiance en Dieu, et tu ne seras jamais abandonnée en aucun malheur. Je te conseille cependant de quitter ce chemin, qui te mène chez le luthérien et qui te conduirait à de plus grands périls encore ; mais tourne-toi vers la grande route et par là tu reviendras heureusement chez tes parents. »

A ces mots le saint libérateur disparut, sans que la jeune fille pût découvrir sur la neige la moindre trace de ses pieds.

Les voleurs mis en fuite

Un fameux voleur de Bohême, déguisé en boucher, était venu loger dans une auberge. Au milieu de la nuit, il se lève et introduit ses compagnons. Ces bandits se saisissent de l’hôte, lui lient les pieds et les mains, et pour l’obliger de déclarer où était son argent, ils allument un grand feu.

Cependant la femme de l’aubergiste, loin de pouvoir secourir son mari, avait été garrottée et jetée dans un coin, où tremblante elle invoquait le secours de saint Jean Népomucène. Aussitôt ses liens sont brisés par une force divine, et elle s’échappe secrètement. Quand les voleurs s’aperçurent de son absence, ils s’enfuirent aussitôt craignant d’être surpris par les gens de justice.