Saint Germain l'Auxerrois

Fête le 31 juillet


Germain naquit à Auxerre, de parents nobles et pieux, et fut envoyé aux écoles les plus célèbres des Gaules, où il obtint de grands succès dans les belles-lettres, la philosophie et la jurisprudence.

Il alla à Rome étudier le droit, et acquit bientôt une belle renommée par son éloquence au barreau.

Le puissant ministre Stilicon, qui commandait en Italie pour Honorius et défendait l’empire contre les barbares, le distingua, et après lui avoir fait contracter un brillant mariage, l’investit du titre de duc d’Auxerre, sa patrie.

Au commencement du cinquième siècle, cette charge impliquait de lourds devoirs ; en effet, le jeune capitaine trouva sa province bouleversée par les barbares vandales et burgondes ; il endossa l’armure et devint aussi brillant homme de guerre qu’il était brillant avocat.

Au retour de ses expéditions, en son ardeur qui ne connaissait point le repos, il se livrait avec passion à la chasse des bêtes ; ceci faillit être l’occasion de sa perte, mais devint son salut.

Sur la place du palais d’Auxerre s’élevait un arbre druidique, considéré par les païens comme un arbre sacré ; selon une coutume ancienne, le gouverneur attachait à cet arbre les dépouilles des sangliers et des cerfs, et c’était l’occasion pour le peuple de danses profanes faites à la lueur des torches et selon les mœurs païennes.

L’évêque S. Amator se plaignit de ces jeux et démontra au duc ce qu’il y avait d’inconvenant à continuer le culte de l’arbre druidique.

Germain n’ayant point tenu compte des remontrances réitérées de l’évêque, celui-ci prit un moyen énergique ; et, un jour de chasse, afin de prévenir le désordre du retour, il fit couper et brûler l’arbre sacré.

A ce spectacle, la fureur du duc fut grande ; il ne parlait de rien moins que de traiter l’évêque et les chrétiens comme ils avaient fait de l’arbre. Mais le premier moment passé, il réfléchit, comprit que S. Amator avait raison, et que lui avait tort ; il abaissa son orgueil, se soumit humblement, et devint un chrétien exemplaire.

Une élection au Ve siècle

L’an 418, S. Amator eut la révélation qu’il allait mourir et que Dieu désignait pour lui succéder le gouverneur Germain.

L’évêque assembla aussitôt le peuple. « Mes fils, leur dit-il, le Seigneur m’a donné l’assurance que je vais bientôt quitter cette terre ; cherchons donc parmi vous un homme ferme qui soit le gardien vigilant de la maison de Dieu. » Et, suivi des fidèles, il entre dans l’église pour prier ; mais lorsque l’église fut remplie, il ordonna qu’on en fermât les portes et, entouré de ses clercs, s’avança vers Germain, qui ne comprenait point cette démarche.

- C’est vous, mon fils, que le Seigneur a choisi pour porter ce bâton pastoral qui va s’échapper de mes mains ; préparez-vous à remplir dignement votre nouveau ministère.

Et alors s’adressant au peuple, sans laisser à Germain le temps de répondre : Voulez-vous de Germain pour évêque ? - amen ! s’écria la foule avec enthousiasme, en arrêtant les pleurs que lui avait causés la nouvelle de la mort prochaine de son pasteur.

Germain, immobile, était atterré de ce changement soudain qui lui était demandé. Il est vrai que les grandeurs de ce monde devaient le dégoûter, il avait vu son protecteur Stilicon, poussé par l’ambition, chercher la couronne et mourir misérablement. Il jeta donc les insignes de la puissance militaire, et, se mettant à genoux devant le vieillard, il reçut aussitôt les premiers ordres sacrés.

Quelques jours après, selon la discipline de ce temps, le jurisconsule-capitaine, devenait prêtre du Christ, et aussitôt l’âme du vieil évêque, qui semblait attendre cette heure comme un signal, s’éleva au Ciel escortée par les anges.

Germain évêque

Cependant le prêtre Germain hésita encore à accepter le fardeau ; il ne se trouvait point préparé, et ne céda aux instances qu’au bout d’un mois. Son épouse, devenue désormais pour lui une sœur, entra, dans la voie des œuvres saintes, et ils distribuèrent leur riche patrimoine aux pauvres.

Germain ne fit plus désormais, chaque jour, qu’un repas, composé de pain d’orge trempé dans l’eau ; il ne consentait à boire un peu de vin qu’aux solennités de Noël et de Pâques ; il passait les nuits en oraison, n’accordant à la nature que quelques instants de repos qu’il prenait sur un carré de planches recouvertes de cendre.

Il fonda de l’autre côté de l’Yonne un monastère selon la règle de saint Augustin ; il aimait à s’y retremper dans le silence et la mortification.

le pélagianisme en Grande-Bretagne

Le pélagianisme, tant de fois terrassé par les docteurs et par leur prince, saint Augustin, expulsé de l’Orient, s’était réfugié dans la Grande-Bretagne, d’où il était sorti. Les îles de la Grande-Bretagne étaient alors abandonnées par les Romains, devenus impuissants à les défendre contre les barbares ; c’était un pays perdu pour le monde civilisé d’alors, et l’hérésie semblait pouvoir s’y cacher en sûreté loin de Rome.

Le clergé breton, impuissant à le combattre, s’adressa à l’épiscopat des Gaules, et un concile fut assemblé à Troyes auprès de saint Loup, que saint Germain venait d’instituer évêque malgré lui, et qui faisait briller sur le siège de Troyes les mêmes vertus que Germain à Auxerre. Le concile anathématisa les hérétiques Pélage et Agricola, et désigna les deux lumières de l’Eglise des Gaules, S. Germain et S. Loup, pour porter secours à l’Eglise de Bretagne, le pape S. Célestin ratifia le choix, nomma Germain légat apostolique, et ils partirent.

Saint germain et sainte Geneviève

Leur voyage à travers les Gaules fut une marche triomphale, les foules accouraient au-devant des Pontifes, et l’on rapporte que c’est pour éviter cet accueil extraordinaire qu’ils voulurent éviter de s’arrêter à Lutèce, et vinrent jusqu'à un bourg voisin, Nanterre. Une petite bergère de dix ans, déjà toute remplie de l’esprit de Dieu, les voyant, du mont Valérien où elle gardait son troupeau, avertit les habitants qui accoururent au-devant des missionnaires. Germain les remercia et remarqua l’éclat de sainteté de la petite Geneviève. - Quelle est cette enfant ? - C’est Génovéfa, répondit le peuple ; en même temps ses parents s’approchaient du saint évêque. - Béni soit le jour, dit Germain, où cette enfant vous fut donnée ; sa naissance fut saluée par les anges ; le Seigneur la réserve à de grandes choses.

Dites-moi, ma fille, n’avez-vous pas la volonté de vous consacrer au Seigneur et de devenir son épouse ?

- Père saint, soyez béni, vous qui lisez dans mon cœur ; tel est, en effet, mon désir, et j’ai souvent prié Dieu de l’exaucer.

- Ayez confiance, ma fille, demeurez ferme dans votre vocation, le Seigneur vous donnera force et courage.

On chanta none et vêpres à l’église, et pendant tout le temps le bienheureux Germain tint la main droite étendue sur la tête de Génovéfa. Le lendemain, après l’office, le saint prélat appela l’enfant et lui dit : - Vous souvenez-vous, ma fille, de la promesse que vous m’avez faite ?

- Père saint, répondit-elle, je l’ai faite à Dieu et à vous, je ne l’oublierai jamais.

Or, il se trouva à terre un nummus d’airain qui portait sur l’une de ses faces le signe sacré de la croix ; Germain le ramassa, et le présentant à l’enfant : - Suspendez à votre cou ce signe sacré, ma fille, et gardez-le en mémoire de moi, qu’il vous tienne lieu de toutes les parures du siècle.

Puis il la bénit et reprit sa route. Nous savons comment se réalisèrent les paroles du saint évêque.

Les deux saints s’embarquèrent au port de Boulogne ; une horrible tempête assaillit le navire et brisa les mâts ; le démon voulait empêcher une expédition qui allait sauver tant d’âmes. Le bienheureux Germain, invoqua le nom de Jésus-Christ, versa dans les flots quelques gouttes d’huile sainte, et aussitôt le calme se rétablit. Le reste de la traversée s’accomplit heureusement, et les deux évêques abordèrent au milieu d’une foule immense qui les conduisit à Vérulam. Saint Germain réunit un concile. Les pélagiens, invités à comparaître, s’enfuirent. Saint Germain et saint Loup parcoururent alors les cités et les bourgades, prêchant dans les rues et les carrefours, partout où ils rencontraient un hérétique à convertir. Des miracles sans nombre et la sainte austérité de leur vie produisirent sur les Bretons une impression plus grande encore que leurs discours. Presque tous étaient déjà revenus à la vraie foi, quand le pélagien Agricola, voyant tout perdu, se décida, avec quelques adeptes, à paraître au concile.

Les deux saints laissèrent les hérétiques exposer tout au long leur système du libre arbitre substitué à la grâce, puis reprenant une à une leurs propositions, ils les réfutèrent par les témoignages authentiques de l’Ecriture sainte, aux grands applaudissements de la foule. A ce moment, un tribun breton amena sa fille âgée de dix ans, aveugle de naissance. - Adressez-vous aux pélagiens, dit Germain, si leur foi est vraie, le Seigneur saura bien la confirmer par un miracle. Mais les pélagiens unirent leurs prières à celle du tribun pour obtenir la guérison de l’enfant. Germain détachant le reliquaire qu’il portait au cou, le plaça sur les yeux de la jeune aveugle, et ils s’ouvrirent à la lumière. Des larmes de joie et de reconnaissance inondaient les visages ; un seul cri sortait des poitrines pour acclamer la foi qui opère de tels miracles. Le pélagianisme était terrassé.

Les évêques du Ve siècle n’étaient pas seulement les défenseurs de la foi, ils furent encore, au moment où l’empire romain s’effondrait sous le choc des barbares, le plus ferme appui des populations qui, dans les grands périls, avaient toujours recours à eux.

Le concile à peine terminé, les Pictes et les Saxons avaient envahi la Grande-Bretagne, et les Bretons terrifiés avaient supplié aussitôt les évêques de les accompagner au combat. Saint Germain, l’ancien duc, n’hésita point à prendre le commandement en chef, sans s’armer toutefois du glaive. Or, c’était au saint temps du carême, et les guerriers encore païens, recevaient en foule le baptême ; le dimanche de la Résurrection fut célébré avec une ferveur admirable.

Saint Germain, apprenant l’arrivée des barbares, posta le gros de sa troupe à l’entrée d’une gorge étroite qui formait la clef des passages. Quand l’ennemi déboucha dans la vallée, il jeta son cri de guerre, en ordonnant à ses soldats de le répéter, c’était l’Alleluia. A cette clameur, jetée par tous les soldats chrétiens et répercutée par les échos de la montagne, l’épouvante se mit dans l’armée barbare ; les Saxons se débandèrent, et Germain profitant de cette terreur, lança ses guerriers. Les barbares s’enfuirent en désordre en jetant armes et bagages ; un torrent qu’ils avaient traversé sur un petit pont, leur barrait maintenant le chemin, et un grand nombre périrent en voulant le traverser à la nage, les autres tombèrent sous les coups des Bretons. L’armée chrétienne rendit de solennelles actions de grâce pour une victoire si éclatante. Le lieu du combat s’appelle encore Maës Germon (Champ de Germain).

Les deux saints évêques, comblés des bénédictions de la Grande-Bretagne, revinrent dans leur patrie.

Rentré dans sa ville épiscopale, notre saint continua sa vie d’apostolat, de prières et de mortifications. Vers l’an 444 il dut se rendre à Arles, afin de solliciter du préfet Auxiliaris une réduction de charges pour sa province. Sur sa route, les miracles se produisaient à chaque instant. Le soir du premier jour, il rencontra un pauvre, demi-nu, et lui permit de se joindre à la caravane. Arrivés à l’hôtellerie, pendant que l’évêque faisait avec ses clercs les prières accoutumées, le faux mendiant lui déroba son cheval. Le lendemain, le saint pris la monture de l’un de ses clercs et continua sa route. Peu de temps après, on vit apparaître le voleur couvert de sueur ; il se jeta aux genoux de l’évêque et lui raconta qu’il avait vainement essayé toute la nuit de diriger le cheval dérobé ; c’est pourquoi, reconnaissant la main de Dieu, il le ramenait à son maître. - Mon ami, dit le saint, c’est moi qui suis coupable ; si j’avais eu la charité de te donner un habit, tu n’aurais pas eu l’idée de commettre ce vol. Il lui fit sur-le-champ remettre un vêtement et le congédia après l’avoir béni.

S. Hilaire, alors évêque d’Arles, vint à la rencontre du saint avec tout son peuple, et le reçut comme un apôtre. Le préfet Auxiliaris lui accorda toutes ses demandes et le combla de riches présents. La femme d’Auxiliaris était atteinte d’une maladie contre laquelle les efforts des médecins étaient demeurés impuissants ; le saint la bénit, et elle fut à l’instant guérie.

L’erreur pélagienne relevait une seconde fois la tête ; les Anglais imploraient le secours de S. Germain. Le saint, accompagné de Séverus, évêque de Trèves, se mit aussitôt en chemin. Ils s’arrêtèrent d’abord dans la cité de Parisii, où S. Germain demanda ce qu’était devenue Génovéfa. Le genre de vie extraordinaire de la jeune vierge avait été l’occasion de bien des critiques et de bien des calomnies ; c’est pourquoi, à la demande du saint évêque, mille voix répondirent : c’est une démoniaque ! Le Bienheureux se fit indiquer la demeure de la vierge et, après avoir salué Génovéfa, comme s’il eût salué un ange, il dit au peuple : « Voyez cette humble cellule, son sol est détrempé par les larmes d’une vierge chère à Dieu, et qui sera un jour l’instrument de votre salut à tous ! » A ces mots, le peuple changea en bénédictions les blasphèmes qu’il proférait auparavant, et S. Germain poursuivit sa route.

La traversée fut heureuse, une foule immense attendait les deux évêques sur le rivage. Elaphius, l’un des princes de la contrée, avait amené son fils à qui une jambe repliée sur elle-même ôtait la faculté de marcher. Saint Germain lui passa la main sur toute la longueur de la jambe et le jeune homme fut guéri ; le peuple, témoin du prodige, éclata en cris d’actions de grâces. La seconde mission du saint évêque eut un plein succès ; sauf quelques hérétiques obstinés qui furent exilés, tous revinrent à la vraie foi.

L’homme de Dieu était à peine de retour à Auxerre qu’une députation des habitants de l’Armorique vint implorer son secours. Aétius, désespérant de les assujettir au joug romain, venait de livrer leur pays au roi des Alains Eocane. Celui-ci se précipita avec ses barbares sur le pays voué à la dévastation, mais saint Germain accourait ; après avoir traversé les bataillons Alains, il parvint jusqu’au roi. Eocane, à cheval, se préparait à partir quand le saint le conjura de renoncer à cette expédition. Le roi barbare le laissa parler, et quand il eut fini, il lui fit signe de s’éloigner et continua sa route. Saint Germain, saisissant la bride de son cheval, s’écria : « Vous me passerez sur le corps ou vous m’écouterez ; roi des Alains, c’est au nom du Christ, roi des cieux, que je vous parle. » Eocane, frappé de la majesté surnaturelle du pontife, descendit de cheval et écouta les propositions de Germain. Le roi barbare promit de renoncer à son expédition, à condition que l’Amorique rentrerait sous la domination romaine. Le traité devait être ratifié par l’empereur Valentinien III.

Le bienheureux évêque partit aussitôt pour Ravenne. Il s’écarta un peu de sa route pour aller visiter une dernière fois son saint ami, saint Lupus, évêque de Troyes.

Près de la ville, il trouva un mendiant qui pleurait sur le cadavre d’un mort : « Mon frère vient de mourir, disait-il, et je n’ai pas de quoi le faire enterrer. » Saint Germain lui fit remettre une somme d’argent et continua sa route ; il fut bientôt rappelé par les gémissements du mendiant ; son compagnon, qui, pour tromper la charité de l’évêque, avait joué le rôle de mort, était bien réellement sans vie. Prosterné aux pieds du saint, il implora son pardon et le supplia de rendre la vie au coupable. Saint Germain pria et le mort fut ressuscité.

A Autun, il se rendit, accompagné du peuple, au tombeau du saint évêque Cassien, et après avoir longtemps prié, il lui dit : « Glorieux frère, que faites-vous dans votre tombe ? - Je me repose dans la paix du Seigneur et j’attends l’avènement du Rédempteur, répondit une voix sortie du sépulcre. - Mon frère, dit alors Germain, reposez dans cette tombe tant qu’il plaira au Christ, mais priez pour ce peuple et pour moi afin que nous méritions la gloire de la bienheureuse résurrection. »

Comme il s’éloignait, on lui présenta une jeune fille dont les doigts étaient paralysés ; sa main était toujours fermée et les ongles s’étaient enfoncés dans la chair. Le bienheureux fit le signe de la croix : les doigts se redressèrent, et la plaie fut guérie.

Le saint voulait passer à Milan sans se faire connaître ; il entra dans la basilique au moment où l’on célébrait les saints mystères, personne n’avait remarqué sa présence, quand un démoniaque s’écria : Germain, pourquoi viens-tu nous poursuivre en Italie ; ne te suffisait-il pas de nous avoir chassés des Gaules et de la Grande-Bretagne ? Tous les yeux se portèrent alors sur saint Germain. Les évêques le firent asseoir à la place d’honneur ; le démoniaque fut délivré par les prières du bienheureux. De là, il s’achemina vers Ravenne, au milieu des triomphes que lui préparaient les populations de chaque cité. Saint Pierre Chrysologue vint avec tout son clergé, recevoir l’homme de Dieu, aux portes de Ravenne où l’attendaient l’empereur Valentinien et l’impératrice Placidie.

Quand notre saint fut entré dans la maison où il devait loger, il trouva un plateau d’argent, sur lequel l’impératrice avait fait préparer une collation en maigre, car on savait que saint Germain ne prenait jamais d’aliments gras. Il distribua ces mets à ses clercs, fit vendre le plateau et en distribua le prix aux pauvres ; puis mettant un pain d’orge sur l’assiette de bois dont il se servait, il l’envoya à l’impératrice. Placidie accueillit joyeusement cette humble offrande et la garda comme une relique. Valentinien, plein de vénération pour le saint, était prêt à faire droit à toutes ses requêtes, quand un message d’Aétius annonça une nouvelle révolte des Bretons. La négociation commencée échoua ; mais le saint évêque n’en continua pas moins à semer les miracles sous ses pas : il guérit les malades de la ville, délivra les possédés, ressuscita le fils de Volusien, secrétaire de Patrice Sigisvult. Pierre Chrysologue et six autres évêques italiens ne quittaient pas l’homme de Dieu, tant ils trouvaient de charmes dans sa conversation. Mais l’heure était venue où ce trésor de grâces et de vertus devait être ravi à la terre. Un matin, après la célébration des saints mystères, le bienheureux dit aux évêques, rassemblés autour de lui : « Frères bien-aimés, priez pour moi, car ma fin est proche ; le Seigneur m’appelle à la patrie du bonheur sans fin. » Il tomba, en effet, malade ; la ville fut dans la consternation, et la foule rassemblée autour de la demeure du bienheureux suppliait jour et nuit le Seigneur de ne pas rappeler encore à lui un pasteur si utile à son peuple. La maladie dura sept jours, à la fin desquels le saint annonça que sa dernière heure était venue. Placidie vint le visiter et Germain la pria de faire transporter ses restes à Auxerre, au milieu de son peuple. Il remit à son diacre des eulogies et le chargea de les porter à la vierge Génovéfa, à son retour dans les Gaules. Puis son âme bienheureuse émigra de ce monde vers la patrie céleste, le 31 juillet 448. Il avait gouverné son Eglise durant trente ans. Le deuil de sa mort fut général, car il avait été le boulevard de l’Eglise, le défenseur de tous les opprimés et le soutien des pauvres. Placidie obtint le reliquaire que le saint portait toujours au cou ; Saint Pierre Chrysologue demanda son cilice ; les autres évêques se partagèrent ses vêtements comme des trésors précieux. Le corps du saint embaumé dans des aromates et enveloppé dans les voiles d’or et de soie, fut déposé dans un cercueil de cyprès.

La Gaule entière accourut à Auxerre pour contempler une dernière fois les traits du thaumaturge. Ces restes vénérés furent exposés, durant huit jours, afin de satisfaire la dévotion du peuple chrétien ; puis ils reçurent la sépulture dans l’église que le saint avait bâtie en l’honneur de saint Maurice et qui prit, dès lors, le nom de Saint-Germain.