Sainte Geneviève
Fête le 3 janvier
Vierge, patronne de Paris
Légende de la gravure
Saint Germain et saint Loup entrevoient, en sainte Geneviève enfant, ses futures vertus.
Naissance et parents de sainte Geneviève
Sainte Geneviève, que Paris vénère comme sa patronne, naquit à Nanterre, petit bourg situé à trois lieues de Paris, sous le règne de Clodion, le second de nos rois.
Son père, Sévère, et sa mère Gérontia, étaient pauvres des richesses d’ici-bas, mais ils étaient, ce qui est bien préférable, pleins d’une grande piété et d’un grand amour pour la religion chrétienne, qu'ils avaient embrassée tandis que le paganisme infectait encore une grande partie de la Gaule.
Comment Dieu manifesta de bonne heure la sainteté de sa servante
A cette époque de l’histoire, le pélagianisme, tant de fois terrassé par les docteurs et leur prince, saint Augustin, expulsé de l’Orient, s’était réfugié dans la Grande-Bretagne, d’où il était sorti.
Le souverain Pontife, toujours en éveil sur les maux qui peuvent ravager l’Eglise, prit aussitôt des moyens pour arrêter le fléau. Par son ordre, saint Germain, évêque d’Auxerre, et saint Loup, évêque de Troyes s’acheminèrent, le bâton de pèlerin à la main, vers la Grande-Bretagne.
Dieu, qui arrive toujours à ses fins, par les moyens qu’il lui plaît de choisir, allait se servir de l’intermédiaire de ces deux Apôtres, pour faire éclater la sainteté de l’humble Geneviève.
Car étant arrivés vers le soir au village de Nanterre, ils résolurent d’y passer la nuit. A leur arrivée, ils furent entourés d’une foule nombreuse qui demandait leur bénédiction. Le bienheureux Germain, touché de cet empressement qui faisait ressembler leur voyage à une marche triomphale, monta sur un tertre dans le but d’adresser quelques paroles à cette foule pieuse.
En ce moment, ses regards, dirigés par l’Esprit céleste, se portèrent sur une jeune fille d’une dizaine d’années, et, voyant sur son front l’éclat de la sainteté :
- Quelle est cette enfant ? dit-il en s’adressant à la foule ; quels sont ses parents ?
- C’est Genovefa, répondirent aussitôt mille voix. Et fendant la multitude, Sévère et Gérontia se présentèrent devant le saint.
- Béni soit le jour où cette enfant vous fut donnée, dit Germain ; sa naissance fut saluée par les anges ; le Seigneur la réserve à de grandes choses.
Comment sainte Geneviève se consacre à Dieu pour toujours entre les mains de saint Germain.
Puis s’adressant à la jeune enfant :
- Dites-moi, ma fille, n’avez-vous pas la volonté de vous consacrer au Seigneur et de devenir son épouse ?
- Père saint, soyez béni, vous qui lisez dans mon cœur ; tel est, en effet, mon désir, et j’ai souvent prié Dieu de l’exaucer.
- Ayez confiance, ma fille, demeurez ferme dans votre vocation, le Seigneur vous donnera force et courage.
On chanta none et vêpres à l’église, et pendant tout le temps, le bienheureux Germain tint la main droite étendue sur la tête de Genovefa. Le lendemain après l’office, le saint prélat appela l’enfant et lui dit :
- Vous souvenez-vous, ma fille, de la promesse que vous m’avez faite ?
- Père saint, répondit-elle, je l’ai faite à Dieu et à vous, je ne l’oublierai jamais.
Or, il se trouva à terre un nummus d’airain qui portait sur l’une de ses faces le signe sacré de la croix ; Germain le ramassa, et, le présentant à l’enfant :
- Suspendez à votre cou ce signe sacré, ma fille, dit-il, et gardez-le en mémoire de moi, qu’il vous tienne lieu de tous les ornements du siècle.
Puis s’étant recommandé à ses prêtres, il la bénit et reprit sa route.
Quelle fut la vie de sainte Geneviève jusqu’à l’âge de quatorze ans
Dès ce moment, elle résolut de s’arracher plus que jamais aux jeux et aux divertissements de son âge, et de devenir le modèle et l’édification de ses compagnes.
Geneviève était bergère, occupée chaque jour à garder le troupeau de son père. Et c’était sa plus grande consolation ; car, en présence de Jésus qu’elle avait choisi pour époux et de Marie, sa mère, en compagnie de son ange gardien, elle avait tout le loisir de penser aux choses du ciel, et son cœur était inondé d’une grande joie.
Le loup qui rôdait autour du troupeau, dit un auteur de sa vie, lui représentait ce loup infernal, qui ne cherche qu’à nous dévorer ; le chien qui aboyait lui mettait en l’esprit la vigilance qu’il faut avoir sur soi-même, et les brebis lui prêchaient la modestie, la douceur et la simplicité, si bien que Nanterre lui était un enfer, et son parc un paradis.
Premier miracle de sainte Geneviève
Telle était la vie ordinaire de la jeune fille, et le temps que lui laissaient ses occupations, elle allait le passer en compagnie de Dieu qui vit prisonnier dans nos tabernacles
Un jour de fête, elle allait se rendre à l’église, lorsque sa mère survint et le lui défendit absolument, lui ordonnant de se reposer et de garder la maison. Comme Geneviève protestait de la promesse qu’elle avait faite à saint Germain, de ne jamais manquer aux offices, sa mère irritée lui donna un soufflet ; mais ce ne fut pas impunément, car au même instant elle devint aveugle.
Après avoir passé deux ans dans un si triste état, elle se ressouvint des étonnantes prédictions de saint Germain, et eut un moment de repentir mêlé d’une grande confiance en la vertu de sa fille. L’appelant alors :
- Mon enfant, lui dit-elle, hâte-toi, je t’en supplie, d’aller puiser de l’eau au puits voisin.
Geneviève obéit et porta l’eau à sa mère.
- Et maintenant, dit celle-ci, fait le signe de la croix sur cette eau.
L’enfant fit ce qu’on lui demandait. L’aveugle éleva les mains au ciel et pria. Puis, trois fois de suite, elle mouilla ses yeux avec l’eau, et elle recouvra la vue. Dès ce moment, toute liberté fut laissée à Geneviève de vaquer comme elle l’entendrait à ses exercices de piété.
Elle prend le voile des vierges et vient demeurer à Paris
Afin d’éloigner toute poursuite de mariage, elle résolut, étant âgée de quatorze ans, de prendre le voile des vierges. Elle le reçut des mains de l’évêque de Paris, avec deux compagnes plus âgées qu’elle.
Les trois postulantes furent rangées selon leur âge ; mais le pontife inspiré de Dieu fit intervertir l’ordre et plaça Geneviève la première :
- Il est juste, dit-il, qu’elle précède les autres, car sa consécration a déjà été enregistrée au ciel.
Ainsi se réalisèrent les paroles du bienheureux Germain. Geneviève revint à Nanterre, et continua d’assister ses parents dans tous leurs besoins. A leur mort, elle quitta Nanterre, et vint habiter Paris, bien résolue de mener désormais une vie entièrement consacrée à Dieu et à son service.
Elle est ravie en extase. – Jésus-Christ lui apparaît sur le calvaire
Elle arrivait à peine chez sa marraine, lorsque Dieu, voulant lui montrer combien ce sacrifice d’elle-même lui était agréable, lui envoya une paralysie douloureuse qui lui ôta l’usage de tous ses membres. Car Dieu, dit sainte Thérèse, est de ceux qui payent les grands services qu’on leur rend par des mortifications ; et ce payement est bien meilleur, puisqu’il fait acquérir l’amour de Dieu.
Elle fut tenue pour morte durant trois jours que dura la crise. Pendant ce temps son âme contemplait au ciel la joie des bienheureux, et en enfer les tourments des damnés. Elle fut aussi transportée en esprit au Calvaire, où Jésus-Christ lui apparut attaché à la Croix, qu’il grava dans le fond de son cœur, en des traits qui ne s’effacèrent jamais. Il lui permit de puiser dans le trésor de ses grâces et lui accorda particulièrement le discernement des esprits. Plus d’une fois, en effet, il lui arriva de prouver aux pécheurs que rien n’était caché pour elle dans les replis de leur âme ; comme elle le fit à une fille de Bourges, qui, après son vœu de virginité, s’était laissé abuser.
Geneviève la prit à part, et lui ayant marqué le lieu, le jour et l’heure de son offense, la fit pleurer sur sa faiblesse et revenir à Dieu.
Grandes austérités de la Sainte
Depuis cette extase, ses grâces et ses vertus se signalèrent davantage ; elle soupirait après l’heureux moment où, délivrée des liens du corps, son âme s’envolerait vers Dieu, si bien qu’elle ne pouvait regarder le ciel sans verser des torrents de larmes. Ne pouvant pas se séparer ici-bas de son corps, elle l’opprimait du moins par les veilles, les disciplines, les oraisons et les pèlerinages. Ainsi son âme montait plus libre vers son créateur.
A partir de cette époque et jusqu’à l’âge de 50 ans, elle ne mangea que le dimanche et le jeudi. Sa nourriture se composait d’un peu de pain d’orge et de quelques légumes cuits de quinze jours.
Jamais, même dans ses maladies, elle ne voulut manger de la viande. – Elle prenait un singulier plaisir aux actions basses et viles, comme à balayer la maison, à filer et à servir ses compagnes.
Vers cette même époque, Dieu voulant purifier davantage son âme par la souffrance, lui envoya une lèpre qui couvrit tout son corps. Tout le monde l’abandonna, mais elle resta inébranlable dans sa confiance et dans son amour envers le divin médecin des âmes. Il ne tarda pas en effet à la guérir de toutes ses infirmités, et la fit depuis gouvernante des vierges et des veuves de Paris qui étaient en grand nombre. Elle s’acquitta si dignement de sa charge, que plusieurs de ses compagnes parvinrent, par ses bons avis, à un détachement parfait de toutes choses et à une très grande sainteté.
Construction d’une église en l’honneur de saint Denys. – Divers miracles
L’amour qu’elle avait pour l’illustre apôtre des Gaules, saint Denys, était si grand, qu’elle résolut de faire élever une église sur le lieu où il fut martyrisé avec ses deux compagnons. Les prêtres auxquels elle s’adressa à cet effet, lui représentèrent l’impossibilité d’une telle entreprise, faute de matériaux. Geneviève ne se rebuta pas, elle persévéra dans la prière et annonça enfin aux bons prêtres qu’ils ne tarderaient pas à trouver tout ce qui était nécessaire pour cette construction. Cela arriva d’une manière miraculeuse. Car étant sortis dans les rues de Paris, ils entendirent deux paysans dire qu’ils avaient trouvé, dans une forêt voisine, une grande quantité de chaux et d’autres matières propres à bâtir. Ils ne purent s’empêcher de voir là la main de Dieu, ils le racontèrent à sainte Geneviève, et dès lors ils prirent l’œuvre à cœur.
Cependant le démon faisait surgir chaque jour de nouvelles difficultés, montrant par là comment les œuvres de la sainte lui déplaisaient. Une fois entre autres, le vin manqua aux ouvriers ; Geneviève s’étant mise en prière, Jésus-Christ renouvela en sa faveur le miracle de Cana ; elle changea l’eau en vin, et le tonneau qui le contenait fut suffisant pour toute l’année.
Ce fut dans cette église qu’elle délivra douze possédés. – Les prières de la sainte et de ses compagnes faisaient le supplice des démons, aussi s’efforcèrent-ils de les tourmenter de toutes les manières. Un soir qu’elles se rendaient à l’église pour y réciter Matines, le diable éteignit leur flambeau et elles furent plongées dans l’obscurité. Mais sainte Geneviève le ralluma, et le diable s’épuisa depuis en vains efforts pour l’éteindre. Ce cierge fut gardé comme une précieuse relique et servit à rendre la santé aux infirmes.
Son amour pour la solitude. – Résurrection d’un enfant. – Curiosité punie
Comme elle savait qu’elle ne pouvait être utile aux autres que par les lumières et les grâces qu’elle recevait d’en haut, on la vit passer des journées et des semaines entières dans une étroite solitude pour s’y livrer uniquement à l’oraison et à la pénitence. Bien plus, depuis la fête des Rois jusqu’au Jeudi-Saint, elle demeurait enfermée dans sa chambre, s’adonnant à toutes sortes d’austérités, sans nul autre entretien que celui de Jésus-Christ et des esprits bienheureux. Dieu favorisa de ses grâces ce séjour solitaire. On lui apporta un jour un enfant mort d’une chute. La sainte l’enveloppa dans sa robe, se mit en prières auprès de lui, et l’enfant revint à la vie. – Une autre fois, une femme ayant la curiosité de regarder par une fente ce que Geneviève faisait dans sa chambre, fut frappée d’aveuglement. La sainte prit pitié de la pauvre malheureuse, et lui rouvrit les yeux par la vertu du signe de la croix.
Epreuves de la Sainte
Le diable auquel tant de vertus déplaisaient, se voyant d’ailleurs vaincu sur tous les points, résolut de faire mourir la sainte en insurgeant contre elle tous les habitants de la ville. Il leur eut bientôt fait croire qu’elle n’était qu’une hypocrite, et que sous des dehors austères elle cachait les crimes les plus affreux. Ces bruits semés avec tout l’artifice de l’esprit malin trouvèrent de nombreux échos ; les gens de bien finirent par l’avoir en mauvaise estime. Tel était l’état des esprits lorsque saint Germain passa une seconde fois par la cité des Parisii. Aussi celui-ci ayant demandé ce qu’était devenue la jeune bergère de Nanterre, le peuple lui répondit : C’est une démoniaque ! Le bienheureux se fit indiquer la demeure de la vierge, et après avoir salué Geneviève, comme s’il eut salué un ange, il dit au peuple : « Voyez cette humble cellule, son sol est détrempé par les larmes d’une vierge, chère à Dieu, et qui sera un jour l’instrument de votre salut à tous. » A ces mots, le peuple changea en bénédictions les blasphèmes qu’il proférait auparavant contre la sainte, et saint Germain poursuivit sa route.
Nouvelles persécutions au sujet du siège de Paris par Attila
La paix qui résulta de cette entrevue ne fut pas de longue durée, et le démon, vaincu cette fois encore, tenta un dernier effort. Attila, le fléau de Dieu, après avoir subjugué l’Allemagne, passa en France, laissant sur son passage des ruines sans nombre ; ses bandes féroces résolurent de s’emparer de Paris. A leur approche, beaucoup de Parisiens s’enfuirent de la ville. En vain sainte Geneviève leur disait que les Huns ne tenteraient pas même de l’assiéger. Ses paroles ne servaient qu’à exaspérer ses compatriotes, qui, ne mettant leur confiance que dans les forces humaines, s’écriaient que par ses charmes, la sorcière, c’est ainsi qu’ils appelaient Geneviève, conduisait les Parisiens à une ruine inévitable ; ils résolurent même de lui ôter la vie. – Mais elle, comme Esther et Judith, persévérait dans les prières avec des fidèles qui avaient cru à sa parole.
Et Dieu, qui veille toujours sur les siens, rendit vains les projets de ses ennemis, en l’arrachant à la mort. En même temps les Huns saisis d’une terreur panique, s’enfuirent de devant de Paris en une nuit, sans y avoir causé aucun dommage. Ainsi la capitale de la France ne dut son salut qu’aux prières et aux épreuves de la sainte bergère de Nanterre.
Famine de Paris – Charité de la Sainte
Cinq ou six ans après la délivrance de Paris, Mérovée, roi des Francs, vint assiéger cette ville tombée au pouvoir des Romains. Le siège durait déjà depuis quatre ans, quand Mérovée s’en rendit maître. Une grande famine se fit sentir aux environs de la capitale. Sainte Geneviève se dévoua une fois de plus pour ces hommes qui l’appelaient jadis sorcière et démoniaque. Elle équipa onze grands vaisseaux, et se dirigeant vers la Champagne, elle recueillait de ville en ville le grain que lui procurait la charité des habitants. Elle payait par des miracles et des cures prodigieuses. Au moment où elle revenait à Paris avec les vaisseaux remplis de blé, deux démons qui hantaient les rives de la Seine et renversaient la plupart des bateaux qui passaient, essayèrent aussi de renverser les siens. Leurs efforts furent vains, et sur le commandement de la sainte, ils durent abandonner pour jamais ce lieu rendu par eux si redoutable. – Etant de retour, elle se mit à cuire elle-même le pain, et à le distribuer aux pauvres. Dieu, touché de tant de charité, le multiplia plusieurs fois entre ses mains.
Sa renommée dans tout le monde
Le bruit de ces grandes merveilles, passant les bornes de la France se répandit jusqu’à l’Orient. Le bienheureux Siméon Stylite d’Asie, voyant des marchands de Paris au pied de sa colonne, les pria de saluer la vierge Geneviève de sa part, et de le recommander à ses prières.
Elle obtient la délivrance de plusieurs prisonniers.
– Elle est honorée par les rois de France, par Clovis et par sainte Clotilde.
Les rois de France, Mérovée et Chilpéric, tout païens qu’ils étaient, ne pouvaient s’empêcher d’admirer ses vertus. Ils l’appelaient une demi-déesse, et ne lui refusaient jamais rien. – Un jour craignant qu’elle ne lui vint demander la grâce de certains prisonniers, le roi fit fermer les portes de la ville. Mais elles s’ouvrirent d’elles-mêmes quand la sainte avertie par Dieu, s’y présenta. Elle vint se jeter aux pieds du monarque, et obtint la grâce des prisonniers qui promirent de mieux vivre à l’avenir.
Le grand Clovis, notre premier roi chrétien, eut encore plus d’affection et de vénération pour elle. A sa requête il délivrait les prisonniers, faisait des largesses aux pauvres et bâtissait de magnifiques églises. Sainte Clotilde, sa noble épouse, regardait comme un grand bonheur de recevoir les visites de Geneviève. Elle eut avec elle de longs entretiens, où les deux saintes parlaient uniquement des choses de Dieu, s’ouvraient l’intime de leur cœur et s’entretenaient familièrement des moyens de plaire à Dieu et d’assurer leur salut éternel.
Merveilles de sainte Geneviève
Discourant un jour avec Célinie, jeune demoiselle de Meaux, de la virginité qui rend les âmes semblables aux anges du ciel, elle l’embrasa si fort qu’elle la ravit à son fiancé de la terre, pour la donner comme épouse à Notre-Seigneur. Le jeune homme se voyant méprisé, résolut dans sa colère de tuer sa fiancée et celle qui la lui avait ravie.
Mais toutes deux s’enfuirent vers l’église dont les portes s’ouvrirent et se refermèrent ensuite d’elles-mêmes : ainsi elles furent sauvées de tout danger. Sous la conduite de sainte Geneviève, Célinie fit de tels progrès, qu’elle mérita d’être inscrite au catalogue des saintes. Ce fut aussi près de Meaux qu’elle arrêta par ses prières la pluie qui empêchait de récolter les moissons ; bien qu’aux lieux environnants il dût continuer de pleuvoir abondamment.
Elle fit un voyage à Tours pour y visiter le tombeau du glorieux saint Martin. Elle sema les miracles sur sa route, rendit la vue aux aveugles, délivra les possédés et restitua la santé aux infirmes.
Sa glorieuse mort
Ce fut là son dernier voyage, car de retour à Paris, elle tomba dans une maladie qui devait la conduire au tombeau. Elle avait quatre-vingts ans, cassée de vieillesse, exténuée de tant d’austérités, soupirant incessamment après Celui qui l’avait prévenue de son enfance de tant de grâces signalées, elle lui rendit doucement son âme, et passa de cette vie mortelle à la gloire de l’éternité, pour cueillir les fruits de ses bonnes œuvres et de ses nombreux travaux. Son corps fut inhumé dans l’église de saint Pierre et de saint Paul que Clovis avait bâtie par son conseil et qui dès lors porta son nom.
Merveilles de la Sainte après sa mort
Auprès de son tombeau, les malades retrouvaient la santé, et toutes les infirmités leur soulagement. Le lit où elle rendit l’esprit et qu’elle avait arrosé de ses larmes, ne put être noyé en un déluge qui survint à Paris ; l’eau s’amassait tout autour sans oser le toucher.
Du temps de Louis VI, il survint à Paris une maladie étrange que les médecins appelaient feu sacré. Les malades étaient atteints aux membres dont ils avaient abusé ; beaucoup mouraient sans que la science y pût remédier. Le peuple eut alors recours à sainte Geneviève ; on porta sa châsse en procession dans les rues de la ville, et tous ces ardents furent guéris, sauf deux ou trois qui n’avaient pas une foi assez grande en la puissance de la sainte.
Toute la France, et principalement la ville de Paris, implore son aide en temps de guerre, de peste, de sécheresse ou de trop grande pluie, et ressent très souvent l’effet de ses divines faveurs.