Saint François Xavier
Fête le 3 décembre
Apôtre des Indes et du Japon
Le 15 août 1534, dans une chapelle souterraine de l’église de Montmartre, sept jeunes gens, à genoux au pied de l’autel, prononçaient les vœux de pauvreté et de chasteté. Ils s’engageaient en outre à faire le pèlerinage en Terre-Sainte, pour assister les chrétiens soumis au joug de Mahomet, et, dans le cas où ce projet ne pourrait se réaliser, à se rendre à Rome, pour y mettre leur volonté et leur cœur au service de l’Eglise. Telle fut l’origine de la Compagnie de Jésus.
Parmi ces généreux chrétiens embrasés du désir de donner des âmes à Dieu, était François-Xavier, né au château de Xavier, dans la Navarre, le 7 avril 1506. Don Jean de Jasso, son père, conseiller de Jean d’Albret, avait épousé Marie d’Azpilcueta qui appartenait à l’illustre maison des Xavier. François, le plus jeune de leurs fils, hérita de ce nom (1).
Doué d’un caractère doux et complaisant, il passa son enfance au milieu des siens, se faisant chérir de tous ceux qui l’approchaient. Tandis que ses frères se livraient aux jeux guerriers de l’époque, lui étudiait avec ardeur. Aussi, à peine eut-il atteint sa dix-huitième année que ses parents l’envoyèrent à l’Université de Paris.
Il entra au collège de Sainte-Barbe pour y suivre le cours de philosophie. Là, sa vive intelligence et son assiduité à l’étude le secondèrent si bien qu’au bout de peu de temps il fut reçu maître-ès-arts et jugé digne d’enseigner au collège de Beauvais.
Jeune et brillant, François vit bientôt sa chaire entourée d’écoliers avides d’écouter ses leçons. Sa vanité, agréablement flattée, se complut au milieu des applaudissements ; mais Dieu veillait sur lui.
Cette position élevée qui, en l’exposant aux regards de la foule, pouvait devenir pour Xavier une source de perdition, servit au contraire à le désigner à l’attention de l’homme chargé de lui montrer sa voie. Cet homme était Ignace de Loyola.
Ignace était venu à Paris pour se perfectionner dans les lettres humaines. Pressé du désir de rassembler une compagnie d’hommes zélés et savants, il jeta les yeux sur le jeune Navarrais, son compatriote. Tout d’abord il loua ses talents naturels, applaudit en public à la subtilité de ses réponses, et dans un moment où le jeune homme se trouvait gêné, lui offrit de l’argent qui fut accepté.
Désormais l’âme reconnaissante de Xavier fut toute à lui. Ignace en profita pour lui faire entendre les conseils de la prudence. Faisant allusion aux grandeurs humaines après lesquelles soupirait son ami, il ne cessait de répéter : Que sert à l’homme de gagner l’univers, s’il perd son âme ? Xavier après de violents combats se rendit enfin, et ce fut pour toujours.
Les vacances venues, il fit une retraite sous la conduite du saint avec une ferveur si grande qu’il passa quatre jours sans prendre aucune nourriture. Il en sortit avec le dessein d’être à Dieu et nous avons vu comment il l’exécuta, le jour de l’Assomption de l’an 1534.
Deux ans après, tandis qu’Ignace réglait ses affaires en Espagne, Xavier et neuf de ses compagnons traversaient l’Allemagne, pour se rendre à Venise. C’est là que la Compagnie devait se réunir et s’embarquer pour la Terre-Sainte. Durant ce long trajet le jeune saint se distingua par son esprit de mortification. Pour se punir de la vanité que lui avait inspirée autrefois son agilité à la course, il s’était lié les membres avec de petites cordes. Le mouvement enfla les jambes, et les cordes entrèrent si profondément dans les chairs, qu’un chirurgien consulté par ses compagnons, déclara qu’on ne pouvait les retirer sans faire des incisions très douloureuses. Pleins de foi, les fils de saint Ignace se mirent en prières et le lendemain les cordes étaient tombées.
Arrivé à Venise, notre saint ne voulut point d’autre logement que l’hôpital des incurables. Il passait la journée à soigner les infirmités les plus repoussantes. Un de ses malades était affligé d’un ulcère horrible ; personne osait le servir. Xavier lui-même frémit en le voyant. Mais, domptant ce premier mouvement, il s’approche du malheureux, baise ses plaies et les panse avec amour.
Bientôt Ignace l’arrache à ses exercices de charité et l’envoie à Rome avec ses compagnons, implorer la bénédiction du Souverain Pontife sur leur voyage de Terre-Sainte. Le pape, après les avoir reçus avec une affection toute paternelle, leur conseille de renoncer à ce dessein à cause de la guerre qui est prête à éclater entre l’Occident catholique et la Turquie ; mais entre temps, il permet à tous de recevoir la prêtrise. Xavier revient donc à Venise où il est ordonné le jour de saint Jean-Baptiste, en 1537.
Pour mieux se préparer à la célébration de sa première messe, il se retira dans une cabane en ruine, près de Padoue. C’est là qu’il fit une retraite de quarante jours, dans une solitude continuelle, exposé aux injures de l’air, couchant sur la dure, châtiant rudement son corps et vivant de quelques morceaux de pain qu’il mendiait aux environs.
Pendant les deux mois qui suivirent, il parcourut les campagnes, semant le grain de la parole divine. Enfin, il dit sa première messe à Vicence avec une telle abondance de larmes qu’il fit pleurer tous ceux qui y assistèrent.
Ces émotions et les fatigues qui les avaient précédées le forcèrent à s’aliter. Il demeura longtemps malade à l’hôpital, dans une chambre malsaine avec des remèdes et des aliments si pauvres qu’ils ne pouvaient le guérir. Mais Dieu sait dispenser les consolations au milieu des souffrances. Une nuit, tandis que François reposait sur son lit de douleurs, saint Jérôme lui apparut pour le réconforter et lui révéler la mission à laquelle Dieu l’appelait ; peu de temps après, Xavier, complètement guéri, se remettait aux ordres de saint Ignace.
A cette époque, Jean III de Portugal obtint du Souverain-Pontife deux religieux de la nouvelle compagnie, Simon Rodriguès et Nicolas Bobadilla, chargés de porter l’Evangile dans les Indes orientales. Le P. Bobadilla étant tombé malade, le général confia cette mission à François-Xavier. On ne saurait exprimer la joie que lui causa cette décision. Il avait été souvent averti par des songes mystérieux qu’il devait être l’apôtre d’un monde d’idolâtres ; désormais, il voyait clairement ce que la Providence exigeait de lui. Il en remercia Dieu avec effusion et, après avoir reçu la bénédiction du Souverain-Pontife et de son père saint Ignace, il partit de Rome avec l’ambassadeur de Portugal.
Comme il traversait la Navarre, l’ambassadeur, don Mascaregnas, lui proposa de passer au château de Xavier qui se trouvait peu éloigné de la route. Le saint sentit son cœur ému à la pensée de revoir sa mère qu’il aimait avec tendresse, ses frères et ses amis au milieu desquels s’était écoulée son enfance. Mais il ne pouvait laisser échapper l’occasion d’un sacrifice ; il s’éloigna donc rapidement, comprimant le désir de son âme aimante, et don Mascaregnas fut si touché de cette abnégation qu’il résolut de se donner à Dieu.
Xavier trouva à Lisbonne le Père Simon Rodriguès qui l’avait devancé en prenant la voie de mer. Les deux religieux se logèrent à l’hôpital et, en attendant le jour du départ, ils se mirent à prêcher dans toute la ville. Leurs exercices produisirent des résultats si merveilleux que Jean III, ne pouvant se séparer de deux hommes qui transformaient son royaume, demanda au pape la faveur de les conserver auprès de lui. Il fut décidé que Simon Rodriguès resterait à Lisbonne et que Xavier partirait seul pour les Indes. C’est ainsi qu’à travers tant d’événements le doigt de Dieu conduisait notre saint vers sa mission.
La flotte mit à la voile le 7 avril 1541 sous le commandement du vice-roi des Indes, Alphonse de Souza. Saint François-Xavier, pourvu d’un bref qui le nommait nonce de tout l’Orient dut monter sur le vaisseau-amiral, malgré ses protestations d’humilité.
Son séjour sur le vaisseau du vice-roi fut un véritable apostolat. Il prêchait sans cesse les matelots, leur faisait le catéchisme et dans leurs maladies leur rendait les services les plus humbles. A Mozambique, à Mélinde, où la flotte fit relâche, il continua ses prédications avec tant de succès que les habitants, encore plongés dans les ténèbres de l’idolâtrie, pleurèrent en le voyant remonter sur son vaisseau. Enfin il arriva en vue de Goa, alors capitale des Indes. Ce fut avec des larmes de joie qu’il salua cette terre promise après laquelle il soupirait depuis si longtemps.
A son arrivée, il trouva les choses dans un état déplorable. Les Portugais, livrés aux passions les plus honteuses, donnaient aux idolâtres un mauvais exemple qui empêchait toute conversion. Le saint religieux en versa des larmes devant Dieu, mais il ne se découragea point.
Le matin, il servait les malades et visitait les prisonniers. Puis, une clochette à la main, il parcourait les rues de Goa, rassemblant autour de lui les enfants et les esclaves. A leur tour, les pères de famille furent attirés, et la parole du saint retentit dans tous les cœurs. Au bout de quelque temps la ville était changée.
Ce magnifique résultat obtenu, saint François-Xavier apprend que, de l’autre côté de la péninsule des Indes, la nation des Palawars (pêcheurs de perles) après avoir reçu le baptême, est retombée dans l’idolâtrie, faute de secours religieux. Emu de compassion, il se dit : Ici ma mission est terminée ; c’est là que Dieu m’appelle. – Et il reprend la mer. En chemin il se donne des peines infinies pour traduire le catéchisme en langue malabare, et, à peine arrivé, on le voit enseigner dans tous les villages la doctrine de Jésus-Christ. Les enfants le suivent, répétant après lui le Credo et le Salve Regina, et les pêcheurs se convertissent en grand nombre.
La ferveur de cette chrétienté renaissante était admirable. Xavier écrivant à saint Ignace, avoue lui-même qu’il manque de termes pour l’exprimer. Il ajoute qu’à force de baptiser il ne pouvait plus lever le bras et que la voix lui manquait en redisant tant de fois le symbole des Apôtres. Il baptisa ainsi plus de quarante mille idolâtres.
Chose étonnante ! Il n’y eut jamais plus de malades dans la côte de la Pêcherie que pendant le séjour de notre saint. Il semblait que Dieu lui réservât l’occasion d’opérer des miracles, afin de rendre la vérité plus sensible aux yeux de ces populations ignorantes. Le procès de sa canonisation fait mention de quatre morts auxquels il rendit la vie, et d’innombrables guérisons qu’il opéra par la force de ses prières.
Un jour, tandis qu’il prêchait, on vient l’appeler au secours d’un malheureux posséder du démon. L’homme de Dieu, ne voulant pas quitter son instruction, se contente d’envoyer quelques jeunes chrétiens avec une petite croix qu’il détache de son cou. Les enfants arrivent près du démoniaque et se rangent autour de lui en chantant les prières de l’Eglise. Puis, sans s’effrayer de ses contorsions ni de ses menaces, ils le forcent à baiser la croix, et sur le champ l’esprit impur est chassé.
Ces miracles éclatants firent admirer Xavier des Brahmanes eux-mêmes. Passant près d’un de leurs monastères, il vit venir à lui plusieurs de ces philosophes. Après les avoir reçus avec bonté, il leur posa cette question :
- Que faut-il faire pour être bienheureux après la mort ?
Ils se regardèrent un moment sans répondre. Enfin le plus âgé d’entre eux prit la parole, et dit d’un ton grave :
- Deux choses conduisent l’âme à la gloire : l’une de ne point tuer de vaches, l’autre de faire l’aumône aux Brahmanes.
Les autres d’applaudir en entendant cet oracle. Un aveuglement aussi étrange toucha le saint de compassion, et les larmes lui vinrent aux yeux. Il se leva tout à coup, et en quelques mots esquissa à ces ignorants les principaux traits de la religion. Les brahmanes s’écrièrent aussitôt que le Dieu des chrétiens était le Dieu véritable. Mais lorsque Xavier, heureux de ce succès inespéré, leur parla d’embrasser la vraie foi, ils répondirent ce que répondent aujourd’hui les chrétiens faibles et intéressés : « Que dira le monde ? que deviendront nos familles ? » Le saint se retira, désolé de n’avoir pu en ramener qu’un seul à Jésus-Christ.
Il y avait plus d’un an que Xavier travaillait à la conversion des Palawas. La moisson était si abondante qu’il crut devoir partir pour Goa, afin d’en ramener des coopérateurs. Il ne tarda pas à revenir, plus ardent que jamais à la conquête des âmes. Dans le royaume de Travancor, on le vit baptiser en un jour des villages entiers. Il prêchait souvent dans la plaine à cinq ou six mille personnes assemblées, et, suivant la relation d’un jeune Portugais qui l’avait suivi, parlait la langue du pays sans l’avoir jamais apprise.
Un jour les Badages, peuple sauvage et vivant de rapines, firent une incursion sur le territoire de Travancor. La population effrayée s’enfuit à leur approche. Seul, Xavier, tenant en main son crucifix, s’avancent vers ses barbares. A sa vue, les chefs s’arrêtent saisis de terreur. Le saint les somme alors, au nom du Dieu vivant, de rebrousser chemin, et aussitôt, comme poussés par une force invisible, ils prennent la fuite.
Cependant, la réputation du saint missionnaire allait toujours croissant. De toutes parts on réclamait sa présence. Docile à ces appels, Xavier parcourut successivement l’île de Manar, Malacca et les Moluques.
C’est en traversant cet archipel qu’il perdit son crucifix en le plongeant dans la mer pour apaiser une furieuse tempête. Le lendemain, comme il se promenait sur le rivage, il vit un crabe s’avancer vers lui, tenant dans ses pinces la précieuse image. Le Père se mit à genoux pour la recevoir, et, prosterné sur le sable, il remercia Dieu.
Saint François-Xavier rencontra à Malacca un noble Japonais nommé Anger, qui, après une jeunesse fort troublée, avait cherché parmi les bonzes solitaires de son pays une paix que ceux-ci furent impuissants à lui procurer. Il entendit parler du Père Xavier et, conduit à Malacca par une suite de circonstances providentielles, il courut se jeter à ses pieds. Le bon Père l’accueillit avec tendresse, et lui parla avec une si douce persuasion qu’il résolut de s’attacher à lui. Il le suivit, en effet, à Goa, et reçut le baptême sous le nom de Paul de Sainte-Foi.
Ce n’était pas assez pour notre saint d’avoir mérité le nom d’apôtre des Indes. L’exemple du nouveau chrétien qu’il venait de donner à Jésus-Christ, lui prouvait qu’au-delà des mers un autre champ s’offrait à son zèle. Il résolut donc d’aller prêcher l’Evangile au Japon, et le 15 août de la même année il abordait à Cangoxima.
Grâce à Paul de Sainte-Foi, Xavier fut sur le champ mis en relation avec le roi de Saxuma qui lui permit d’annoncer la foi à ses sujets. Tout d’abord, les bonzes cherchèrent à le perdre dans l’esprit du peuple, mais il déjoua sans peine leurs calomnies par la sainteté de sa vie et par ses miracles qu’il ne cessait d’opérer.
Tantôt c’est un enfant tout difforme qu’il rend sain et beau à sa mère, un lépreux dont il guérit en même temps l’âme et le corps ; tantôt c’est une jeune fille qu’il ressuscite, comme autrefois Notre-Seigneur ressuscita la fille du centenier, en disant à son père : « Allez, votre fille est en vie. » Un jour, il rencontre des pêcheurs qui après une journée pénible, n’ont encore rien pris. Il leur conseille de jeter de nouveau leurs filets, et ils prennent tant de poissons que leur barque est près de couler. La mer de Cangoxima fut depuis très poissonneuse.
Ces miracles ne désarmèrent point les bonzes. A force de calomnies, ils décidèrent le roi de Saxuma à chasser saint François. Le saint missionnaire poursuivit donc sa route vers Miako, siège de l’empire du Japon. En passant à Amanguchi, il fut frappé de la corruption de mœurs qui y régnait. Il voulait élever la voix, mais ses remontrances et ses exhortations furent vaines. La réception qui l’attendait à Miako ne fut pas plus consolante. L’âme pleine de tristesse, il dut revenir à Amanguchi, et cette fois, grâce aux cadeaux qu’il eut soin de faire, il obtint la permission d’enseigner sa religion. Bientôt il se vit entouré des lettrés du pays qui vinrent lui soumettre leurs objections. Il les écoutait avec une patience admirable, et, chose unique peut-être dans les annales des saints, par une seule réponse, il satisfaisait à dix ou douze questions faites sur des sujets différents. De même, quand il prêchait, il était également bien entendu des Japonais et des Chinois dont il ignorait la langue. Grâce à tant de prodiges, une chrétienté florissante s’établit au sein de cette ville, livrée hier encore à l’idolâtrie et à l’impureté.
Cependant les affaires de la Compagnie rappelèrent le Père dans les Indes. Il quitta le Japon en 1551, et, après avoir échappé à une horrible tempête, il rentra dans Goa avec un nouveau dessein bien arrêté, celui d’aller conquérir la Chine à Jésus-Christ.
En effet, deux mois après, ayant tout disposé comme s’il ne devait plus revenir, il reprenait la mer. Il s’arrêta à l’île de Sancian, en face de Canton. Là, tandis qu’il cherchait le moyen de pénétrer en Chine, il tomba gravement malade. On le transporta sur le vaisseau, afin de le soigner. Mais l’agitation des eaux l’empêchant de se livrer à l’oraison, il demanda à être rapporter à terre.
Le saint religieux resta longtemps étendu sur le sable du rivage, exposé au vent du nord très vif à cette époque de l’année. Il serait mort, privé de tout secours si un Portugais, nommé Georges Alvarez, pris de pitié, ne l’eût recueilli dans une mauvaise cabane.
Il demeura quinze jours en proie aux plus grandes souffrances, mais soutenu en même temps par la grâce de Dieu. Souvent ne pouvant supporter l’abondance des consolations célestes, il était obligé d’entrouvrir son habit comme pour donner de l’air à sa poitrine et alors il s’écriait : « C’est assez, Seigneur, c’est assez ; épargnez mon pauvre cœur. » Enfin, le vendredi 2 décembre, il sentit approcher ses derniers moments.
Les yeux baignés de larmes et tendrement attachés sur son crucifix, il prononça d’une voix claire ces paroles : J’ai espéré en vous, ô mon Dieu ! et je suis assuré de n’être jamais confondu ! » Et, tandis que son visage s’illuminait d’une joie céleste, son âme s’envola vers les cieux. Il était âgé de quarante-six ans.
VIE DE SAINT FRANCOIS-XAVIER EN GRAVURES
1. - Livré à lui-même, au milieu de camarades débauchés, Xavier conserve l’innocence de son baptême. Sa chambre d’étudiant est ornée d’une statue de la Vierge au pied de laquelle il renouvelle souvent l’offrande de sa virginité.
2. - Le 15 août 1534, dans la Crypte de St Pierre à Montmartre, il se consacre à Dieu avec six autres jeunes gens sous la conduite de St Ignace. Ce fut la naissance de la Société de Jésus.
3. - En traversant l’Allemagne pour se rendre à Venise les instruments de sa pénitence pénètrent dans sa chair et lui causent d’horribles souffrances. Pendant la nuit l’ange du Seigneur le délivre de ses liens et il se réveille complètement guéri.
4. - Arrivé à Venise, il se loge à l’hôpital où il passe son temps à soigner les malades. Pour surmonter la répugnance qu’il éprouve, il baise les plaies les plus hideuses et les panse avec amour.
5. - Pendant une maladie grave, St Jérôme lui apparaît et lui prodigue les consolations célestes. Il lui annonce pour l’avenir de grands travaux et de grandes souffrances à supporter pour l’amour de Jésus-Christ.
6. - Dans un autre songe Xavier voit ses épaules chargées d’un Indien gigantesque. En même temps un ange lui présente un faisceau de croix : signe de l’apostolat plein de sacrifices auquel Dieu le destine.
7. - Ces songes mystérieux reçoivent enfin leur accomplissement. St François-Xavier, sur l’ordre de St Ignace, s’embarque pour les Indes suivi de deux jeunes religieux qu’il vient de donner à la Compagnie.
8. - Son arrivée dans les Indes est le signal de nombreux miracles. Un jour on lui amène un possédé. Il tire un crucifix de sa poitrine et ordonne à de jeunes chrétiens qui se trouvaient là de le faire baiser de force aux malheureux. Les démons sont aussitôt chassés.
9. - Au moment où il monte à l’autel pour célébrer la Sainte Messe, on lui apporte un enfant mort. Touché de pitié, il lui commande de se lever et le rend plein de vie à sa mère.
10. - Tandis qu’il évangélise le royaume de Travancor, une armée de barbares envahit la contrée. Le saint s’avance au devant d’eux, le crucifix à la main, et, saisis de frayeur à son aspect, ils prennent la fuite.
11. - Priant un jour dans l’Eglise de St Thomas à Méliapor, il est assailli de violentes tentations dont il demeure vainqueur. Furieux, les démons se jettent sur lui et le frappent de verges.
12. - Comme le Saint traversait la mer des Moluques, il perdit son crucifix en le plongeant dans l’eau pour apaiser une violente tempête. Le lendemain, il aperçoit un crabe qui s’avance vers lui tenant dans ses pinces la précieuse image. Il la reçoit à genoux, et remercie Dieu.
13. - Poursuivi par des sauvages, St François-Xavier arrive devant un fleuve qui s’oppose à sa fuite. Il s’élance sur un tronc d’arbre flottant à la surface des eaux et porté sur ce frêle esquif, il gagne sain et sauf l’autre bord.
14. - Les lettrés du royaume de Bungo, jaloux des faveurs accordées à St François, entreprennent de le confondre auprès du roi. Mais Xavier en triomphe aisément et avec tant d’efficacité que peu de temps après ce prince reçoit le baptême.
15. - Une peste terrible sévissait à Malacca lorsque le Saint y passa pour se rendre en Chine. Ce fut pour lui une nouvelle occasion d’exercer sa charité : il ne cessa d’assister les pestiférés, leur prodiguant en même temps les remèdes de l’âme et du corps.
16. - Usé par tant de travaux l’apôtre des Indes et du Japon tombe malade en face des côtes de la Chine. Il meurt dans une cabane ouverte à tous les vents, étendu sur une mauvaise natte de jonc, et les anges accourent recevoir son âme bienheureuse.
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(1) La Navarre était alors indépendante ; elle allait bientôt devenir française.