Saint Exupère
Fête le 28 septembre
Evêque de Toulouse
Légende de la gravure
Saint Exupère déclare aux Toulousains qu’on verra plutôt son bâton fleurir qu’on ne le verra retourner à Toulouse, et aussitôt son bâton pastoral fleurit.
Saint Exupère naquit vers le milieu du quatrième siècle, à Arreau, dans le diocèse actuel de Tarbes. Riches des biens de la grâce et de la vertu, ses parents étaient dépourvus des biens de la terre. L’enfant, néanmoins, reçut une éducation soignée. Jeune encore, Exupère montrait une grande aptitude pour les lettres ; mais surtout sa douceur et son amabilité lui gagnaient l’affection de tous. L’évêque de Toulouse, saint Sylve, frappé de tant de belles qualités, le prit avec lui, l’instruisit, lui conféra les ordres sacrés et le chargea d’annoncer à ses diocésains la parole de Dieu. Le jeune prêtre s’en acquitta avec tant de succès qu’à la mort de Sylve, clergé et peuple choisirent Exupère pour le remplacer sur le siège de saint Saturnin, premier évêque de Toulouse. Mais il fallut faire violence à l’humilité du saint pour lui imposer ce fardeau, qu’il trouvait trop lourd pour ses épaules.
Le nouvel évêque, ne respirant que la gloire de Dieu et l’honneur de la T. S. Vierge, convertit un temple autrefois dédié à Minerve en une église qui est devenue Notre-Dame de la Daurade.
Saint Sylve avait jeté les fondements d’une basilique qui devait renfermer les reliques du grand apôtre du Languedoc, saint Saturnin ; mais la mort l’avait empêché d’achever son œuvre. Saint Exupère réalisa les désirs de son prédécesseur et transporta solennellement dans la nouvelle basilique le corps du saint martyr. Il ouvrit le cercueil de bois qui le renfermait et, après l’avoir exposé à la vénération publique, le déposa à l’entrée du chœur dans une tombe de marbre.
Plusieurs fois détruite et rebâtie, cette basilique est aujourd’hui l’église Saint-Sernin, de Toulouse.
Modèle accompli de toutes les vertus, saint Exupère se distingua surtout par son admirable charité pour les pauvres. « Non content d’employer tout ce qu’il possédait, dit de lui saint Jérôme, et de se réduire au dénuement le plus complet pour soulager les indigents, Exupère, pendant une disette, alla jusqu’à vendre les calices et les reliquaires de ses églises. » Puis, le solitaire de Bethléem nous montre le saint évêque de Toulouse avec un visage pâle et défait par le jeûne et les privations de toutes sortes et mourut lui-même de faim pour nourrir ses frères.
La conduite d’Exupère vis-à-vis du Saint-Sacrement, conduite qui peut paraître étrange puisqu’il était réduit à se servir à la messe d’un simple verre pour calice, Dieu daigna l’approuver par un miracle éclatant. Saint Ambroise, à Milan, souffrait depuis longtemps d’une maladie grave ; il envoie, sur le conseil de saint Jérôme, un messager à Toulouse avec ordre de lui rapporter de l’eau dont aurait été lavé le verre qui servait de calice à saint Exupère. Saint Ambroise n’en eut pas plutôt goûté qu’il fut guéri. Ce verre est resté avec les reliques du saint dans l’église de Saint-Sernin, de Toulouse, jusqu’aux profanations de la grande Révolution.
La charité de notre saint, se trouvant comme à l’étroit dans la Gaule, se répandit jusque dans l’Egypte et la Palestine. Les vierges et les solitaires, au fond de leur désert, furent l’objet de ses libéralités.
Malgré tant de vertus, quelques mécontents se levèrent qui forcèrent le saint à s’éloigner de son troupeau ; mais les malheurs qui fondirent sur l’église de Toulouse, veuve de son pasteur, leur ouvrirent les yeux. Les rebelles se rendirent près du saint pour le supplier de vouloir bien leur pardonner et de retourner parmi eux.
Exupère refuse d’abord : « Je ne suis pas plus décidé à reprendre une charge que vous m’avez rendue si douloureuse, leur dit-il, que ce bâton que je tiens dans mes mains n’est prêt à fleurir. » Mais à peine cette parole était-elle prononcée que le bâton verdit miraculeusement et paraît aux yeux de tous chargé de fleurs et de fruits. « Le ciel est pour nous ! » s’écrient les envoyés. Et ils protestent, en pleurant, qu’ils lui seront à jamais soumis.
Il cède enfin, et rentre à Toulouse au milieu des transports de joie de ses enfants. Sa présence fait cesser les fléaux et l’abondance rentre avec lui dans la ville.
L’hérétique Vigilance, qui attaquait le culte des saintes reliques et le célibat, trouva en saint Exupère et par lui en saint Jérôme des adversaires si ardents, qu’il fut contraint d’aller cacher sa honte en Espagne.
Après Vigilance, voici les Barbares. Alains, Suèves, Vandales, menacent de ruiner Toulouse comme ils ont détruit sur leur passage plusieurs villes de la Novempopulanie. Le saint évêque, dans cette extrémité, implore l’assistance de Dieu, se présente devant le chef barbare et lui intime hardiment l’ordre de lever le siège. A la vue du saint, en qui il aperçoit quelque chose de divin, le barbare recule, saisi de respect et comme repoussé par une force invincible.
Sauvée une fois par son évêque, la ville de Toulouse est enfin prise par les Goths, qui en font la capitale de leur royaume et un foyer d’arianisme.
Nouvelles angoisses pour le pasteur. Il a, à la fois, à défendre la foi de son peuple et à lutter contre l’hérésie. Il eut du moins la consolation de voir bien de ces barbares ariens se convertir à la foi catholique. Ce fut de ce travail de conversion qu’il s’épuisa. Ses austérités, son zèle et les fatigues qu’il se donnait pour prémunir les fidèles contre le prosélytisme des Barbares abrégèrent le cours de sa vie. Ce fut à l’œuvre que la mort le surprit, pendant qu’il visitait les populations de son diocèse pour les affermir dans la foi. Il était à Blagnac lorsque, le 28 septembre, vers l’an 415, le Seigneur l’appela à lui.
Le corps de saint Exupère repose dans l’église de Saint-Sernin qu’il avait lui-même achevée, à côté des reliques de saint Saturnin qu’il y avait lui-même transportées avec amour.