Sainte Clotilde
Fête le 3 juin
Reine de France
Légende de la gravure
Dieu de Clotilde, donne-moi la victoire et je me donne à toi !
Clotilde orpheline et captive
Chilpéric, roi de Bourgogne, prince catholique et père de sainte Clotilde, fut attaqué et tué par ses frères Gondebaud et Gondégisèle, qui s’emparèrent de ses Etats, jetèrent sa femme et ses fils dans le Rhône et laissèrent la vie à sainte Clotilde, petite enfant, et à sa sœur qui se fit religieuse. Il leur semblait que la fillette Clotilde ne pourrait jamais avoir d’influence sur leur méchante politique, surtout dans ce temps où la femme était comptée pour peu de chose ; et cependant c’était par le bras de cette enfant que Dieu voulait changer la face de ce pays de France.
Elevée chez son oncle, Gondebaud, devenu ainsi roi de Bourgogne, et qui était arien, elle habita le palais de son père assassiné, et en grandissant se souvenait des crimes qui l’avaient rendue orpheline, mais sans murmurer ; elle remettait ses intérêts aux mains de son Père du ciel et, quand sa sœur fut entrée au couvent, elle se consacra aux œuvres de charité. C’est dans l’exercice des bonnes œuvres que Dieu, qui la réservait pour le saint de la France, permit qu’elle trouvât une couronne.
Ambassadeur mendiant
Un jour, en effet, qu’elle distribuait le pain aux pauvres à la porte du palais, un mendiant, qui attendait depuis longtemps son tour, s’approcha et lui dit :
- J’ai un secret à vous dire.
- Parlez, répondit la charitable enfant en s’inclinant vers celui qu’elle venait de secourir.
- Je suis Aurélianus, dit-il, ambassadeur du roi très puissant des Francs, et il m’envoie vous proposer sa main et son trône. Comme gage de ma mission, voici son anneau.
Et le mendiant, écartant ses haillons d’emprunt, offrit à la princesse l’anneau d’or du roi des Francs. Quoique Clotilde soit habituée à considérer les pauvres comme les ambassadeurs du Roi très puissant du ciel, cette proposition si inattendue troubla l’orpheline et, comme la sainte Vierge à l’ambassade du messager de gloire Gabriel, elle répondit :
- Comment cela se fera-t-il ? il n’est pas permis à une chrétienne d’épouser un païen.
Aurélianus lui témoigna les dispositions favorables de Clovis pour l’Eglise de Dieu, et le désir qu’il avait de choisir une reine catholique.
- Si je puis par cette union amener Clovis à connaître davantage le vrai Dieu, j’accepte son anneau et portez-lui le mien ; mais qu’il se hâte de me réclamer comme sa fiancée à mon oncle avant le retour de son conseiller, qui est mon ennemi.
Le seigneur qui avait inspiré à Clovis cette démarche avait disposé qu’à cette heure même le conseiller du roi de Bourgogne, opposé à Clotilde, fût envoyé à Constantinople.
Bientôt le mendiant, transformé en brillant ambassadeur, se présentait avec fierté devant l’usurpateur Gondebaud.
- Mon roi, Clovis, m’envoie réclamer sa fiancée que vous détenez injustement.
- Que voulez-vous dire, Je ne connais pas la fiancée de votre maître.
- Vous la détenez et je dois l’emmener sur l’heure.
A ce langage qu’Aurélianus s’efforçait de rendre arrogant, Gondebaud crut d’abord que Clovis cherchait un prétexte pour lui déclarer la guerre, car il ignorait ce qui s’était passé.
- La fiancée de mon maître, c’est votre nièce Clotilde ; le roi des Francs a échangé son anneau avec elle ; fixer le jour où la princesse sera remise à son époux.
Clotilde, interrogée, avoua qu’elle était fiancée avec le roi Clovis et que l’échange des anneaux, qui était la marque des solennelles fiançailles, avait eu lieu.
A cette nouvelle Gondebaud, craignant la colère de Clovis et une guerre désastreuse, la laissa partir sur-le-champ.
Clotilde admira la Providence qui la protégeait si visiblement, et partit en grande hâte, devançant le trésor ou bagage qu’elle emportait.
La fuite
Il était temps. A peine était-elle partie que son ennemi, le ministre astucieux Arétius, revenait de Constantinople.
- Qu’avez-vous fait ? s’écria-t-il.
- J’ai contracté une alliance avec le puissant roi des Francs en lui donnant ma nièce pour épouse.
- Dites plutôt que vous avez donné un vengeur à Clotilde et à son père et que Clovis devient hériter de ses droits ; il faut à tout prix empêcher ce malheur.
Gondebaud, qui avait toute confiance en son ministre, dépêcha des cavaliers en nombre à la poursuite de Clotilde ; mais l’enfant prévoyait ce retour, et avec l’énergie qui était le fond de son caractère, elle avait détruit les relais derrière elle sur les terres de son royaume usurpé, et les cavaliers ne purent atteindre que ses bagages qu’ils pillèrent. En sorte que l’astuce d’Arétius n’eut d’autre objet que de commettre un outrage dont Clovis tira aussitôt vengeance en pillant le territoire Bourguignon.
Noces
Les noces cependant furent splendides à Soissons : il semblait que ce fussent les fiançailles de la France avec l’Eglise. Un oratoire catholique fut ouvert pour la reine dans le palais du roi païen, et l’on y célébra les mystères.
Cependant Clotilde, cette orpheline qui devait tout à ce bon roi encore barbare, n’imita point ces jeunes filles mariées à un impie et qui se résignent à laisser Dieu hors de la maison ; elle avait accepté une mission, elle jura de la remplir.
D’abord elle pria, elle jeûna, elle multiplia les œuvres, mais elle ne manqua en outre aucune occasion d’instruire son mari.
Tant de force et tant de charité réunie touchaient bien le cœur du roi, mais le Christ de Clotilde lui semblait un vaincu qui n’avait pas su écraser ses ennemis, et lui ne voulait adorer qu’un Dieu vainqueur par la force brutale comme les héros de Germanie ; le vaincu du Golgotha devait cependant bientôt triompher de Clovis, et déjà le barbare sentait que le Dieu de Clotilde avait une puissance inconnue supérieure à celle de ses dieux.
Naissances et mort
Clovis permit que son premier né fût baptisé, et Clotilde voyait déjà la couronne du premier roi chrétien sur ce front régénéré, lorsque la mort l’enleva sans pitié le huitième jour ; et le petit Ingomer baptisé cueillit sans combat une couronne supérieure à celle de la terre.
- C’est la colère de mes dieux qui l’a frappé, s’écriait Clovis ; s’il n’avait pas été marqué par les chrétiens, il vivrait.
Tous effrayés se taisaient ; Clotilde seule osa protester et bénir le Seigneur qui avait réservé à son royaume le premier fruit de son sein, et cette parole de vérité calma mieux Clovis que des concessions où l’on semble reconnaître que le Bon Dieu a eu tort.
Aussi un second fils Chilpéric étant né, la reine put le faire baptisé comme le premier.
Mais, hélas ! l’enfant, comme son aîné, tombe malade et, comme lui, il va mourir. La colère de Clovis s’exhale en blasphèmes, et Clotilde, moins touchée du deuil qui la menace que de ces offenses contre son Dieu, tombe à genoux et dans son ardeur répand des supplications et des actes d’amour qui surpassent les blasphèmes, et, au lieu des malédictions que ceux-ci attirent, la bénédiction de Dieu descend sur le mourant qui, au lieu de mourir, est prédestiné à devenir le chef d’une très nombreuse famille.
Le Dieu des armées
La conversion de Clovis et de sa nation était le but de tous les désirs de Clotilde et elle entreprit les plus austères pénitences pour rendre ses prières plus favorables ; elle portait sous ses riches habits une chaîne de fer et se flagellait jusqu’au sang, s’offrant en victime pour le salut de son peuple.
Clovis aimait à lui confier ses projets de combat, ses rêves de victoire.
« Tant que vous ne servirez pas le vrai Dieu, répondait-elle, je tremblerai de vous voir revenir vaincu et humilié. Jusqu’ici vous n’avez pas rencontré des ennemis dignes de vous. Si par malheur vous êtes quelque jour accablé sous le nombre vous invoquerez vainement vos idoles impuissantes. »
Le roi détournait alors l’entretien pour ne pas l’affliger, et deux ans passèrent pendant lesquels Clotilde persévéra dans la prière et les bonnes œuvres.
En 496, date devenue à jamais illustre, les Alamani envahirent la Gaule.
Clovis, avide de signaler sa bravoure, rassemble ses guerriers et, tout frémissant, les conduit à l’ennemi, à Tolbiac. C’était une terrible bataille et son cœur était rempli de joie, car la guerre était son honneur.
Les Francs luttèrent avec leur courage déjà proverbial ; mais que peut le courage si Dieu refuse la victoire, et ce jour-là Dieu refusait la victoire ; il voulait par la défaite éclairer son serviteur.
En effet, Clovis voyant ses soldats faiblir, appelait à grands cris ses dieux guerriers, mais la défaite s’accentuait. Alors Clovis, se souvenant aussi du vrai Dieu, éleva les mains au ciel :
« DIEU DE CLOTILDE ! DONNE-MOI LA VICTOIRE ET JE ME DONNERAI A TOI !
A l’instant une force nouvelle s’empare de ses soldats ; ils ont reformé leurs rangs et les Allemands expirent dans un flot de sang une heure de triomphe.
Catéchisme
Le roi Clovis, vainqueur, n’attendit point pour s’instruire de cette religion qu’il fût rentré et, faisant chevaucher un saint ermite, S. Waast, à son côté, il apprenait de lui le catéchisme en ramenant son armée victorieuse ; mais comme en cet équipage les raisonnements subtils avaient de la peine à se produire, Dieu envoya au catéchiste une argumentation saisissante pour le néophyte. A Vouziers on rencontra un pauvre aveugle et le bienheureux, le touchant, le guérit, et il acclamait la lumière. Ce miracle acheva d’ouvrir les yeux au roi.
Cependant Clotilde, informée de la conversion subite du roi, attendait impatiemment le retour.
L’âme de la sainte fut remplie d’une joie ineffable, quand le farouche guerrier lui dit : « Le Dieu de Clotilde m’a donné la victoire, et désormais il sera mon Dieu. »
Trois mille Francs demandèrent à se faire instruire avec le roi et furent la souche de la nation française. L’exemple des riches et des puissants est une prédication entraînante et cela accroît leur responsabilité.
Baptême. - Sacre
La cérémonie du baptême et de la naissance de la France chrétienne fut fixée au jour de Noël, et c’est saint Rémi, archevêque de Reims, qui fut destiné à verser l’eau sainte et à consacrer la nouvelle nation chrétienne dans son chef.
On rapporte que c’est la veille de cette fête de Noël 496, si remplie de merveilles, que le saint archevêque consacra la nation qui allait naître à la très Sainte Vierge, d’où le vieil adage : Royaume de France, Royaume de Marie.
Un premier prodige précéda alors celui du lendemain :
Une lumière environna l’évêque qui exposait sa doctrine chrétienne, et une voix :
« La paix soit avec vous, ne craignez pas, persévérez dans mon amour. » Aussitôt après l’église fut remplie d’un parfum surnaturel, et Clovis et Clotilde tombèrent prosternés, tandis que Rémy, inspiré, s’écriait :
« Votre postérité gouvernera noblement ce royaume. Elle glorifiera la sainte Eglise et héritera de l’empire des Romains. Elle ne cessera de prospérer tant qu’elle suivra les voies de la vérité et de la vertu. La décadence viendra par l’invasion des mauvaises mœurs. »
Pendant ce discours, le visage de l’homme de Dieu resplendissait comme autrefois celui de Moïse.
Une foule immense fut attirée en ce jour de Noël pour voir le baptême du premier roi chrétien et de ses guerriers.
Les catéchumènes descendirent dans l’eau régénératrice ; mais le clerc qui devait présenter le saint Chrême ne pouvait fendre la foule et la cérémonie était interrompue, lorsqu’au milieu de l’angoisse, saint Rémi vit une blanche colombe descendre de la voûte du temple et lui présenter une petite ampoule remplie de saint Chrême (1). Le Pontife comprit que c’était un don du ciel, versa l’huile sainte dans la piscine, baptisa et sacra Clovis au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.
L’écusson de la Trinité
Clotilde vaquait à la prière dans la solitude, et l’on rapporte que le saint ermite qu’elle consultait dans la forêt de Poissy lui remit un jour un écusson de la Trinité : Trois lys sur un ciel bleu, qui devaient être gravés sur les armes de Clovis.
Plus tard, une faible femme sera chargée de dire à Louis XIV, successeur de ce Clovis : Je veux que mon cœur soit gravé sur les armes de la Trinité que j’ai indiquées autrefois, et il hésitera.
Clovis accepta et fit l’essai de la puissance de la Trinité exaltée dans une grande bataille qu’il livra aux Ariens à Vouillé et où il fut vainqueur.
Clovis voulait venger le père de Clotilde, s’emparer de la Bourgogne et en renverser Gondebaud. Sainte Clotilde le supplia de renoncer à la vengeance, il ne voulut pas l’écouter, et il entra dans une politique plus digne d’un barbare que d’un chrétien ; mais une maladie grave l’ayant réduit à toute extrémité, Dieu permit que la sainte reine exerçât de nouveau un empire salutaire sur son âme, car elle appela saint Séverin, abbé d’Ozanne, qui guérit le roi par le contact de son manteau, afin qu’il ait le temps de se préparer à la mort. Saint Séverin, après de nombreux miracles accomplis à Lutèce, précéda Clovis devant le Roi des rois afin d’être son avocat.
Epreuves
Clotilde ayant réuni les rênes du gouvernement aux mains des ses quatre fils, Clodomir, Childebert, Clotaire et Théodoric, se retira à Tours près du tombeau de saint Martin pour mourir dans la solitude.
Elle se retrancha tout luxe et tout faste inutile, et vécut plutôt en recluse qu’en reine. Sa table frugale et austère était ouverte à tous les pauvres. Des étoffes d’une laine grossière remplaçaient ses vêtements royaux. Elle couchait sur la dure.
Et, certes, la France avait besoin des prières d’une sainte. Ses princes divisés par l’ambition se faisaient une guerre fratricide. Clodomir fut l’une des premières victimes.
Clotilde voulut élever les enfants, encore en bas âge, de son malheureux fils , afin de les rendre capables de lui succéder ; et elle les aima tendrement.
Mais Childebert et Clotaire lui firent dire un jour : « Envoyez-nous nos neveux ; nous les ferons élever sur le pavois. » Elle prépara sans défiance les orphelins et les revêtit de leurs plus beaux ornements. En les remettant aux envoyés, elle les embrassa et leur dit : « Allez, je ne croirai plus avoir perdu mon fils Clodomir si je vous vois rétablis dans son héritage, » et elle les envoya.
Quel ne fut pas son trouble lorsqu’un sénateur lui présenta, de la part de Childebert et de Clotaire, des ciseaux et une épée nue : « Très glorieuse reine, dit-il, nos maîtres vous prient de fixer le sort des enfants de Clodomir. Voulez-vous qu’on leur coupe la chevelure avec ces ciseaux, ou qu’on les égorge avec ce glaive, » Eperdue, hors d’elle-même, sans savoir ce qu’elle disait, Clotilde s’écria : « S’ils ne sont point élevés au royaume, j’aime mieux les voir morts que tondus ! » Car il s’agissait non d’une vocation sainte, mais d’un déshonneur à imposer à ses enfants, et elle avait le droit de protester énergiquement. Toutefois elle s’en repentit, et Dieu permit que l’un de ses enfants, devenu moine, saint Cloud, devînt la gloire de sa famille.
L’envoyé répondit à ses maîtres ce mensonge : « La reine approuve la mort », et ils massacrèrent les enfants qu’elle aimait, sauf Clodoald qui échappa, fut caché au cloître et, fidèle aux leçons de sa grand’mère devint un saint : saint Cloud.
Pour comble de maux, la sainte veuve reçut en ces tristes jours un mouchoir tout rouge de sang de sa fille Clotilde. Elle l’avait marié à Almaric, roi des Goths, pour le convertir. Mais ce linge ensanglanté révélait assez le martyre que la princesse avait à supporter pour défendre sa foi.
Ses deux fils, Chilpéric et Clotaire, prirent bientôt les armes l’un contre l’autre. Comme elle n’avait pu les détourner ni par ses avis, ni par ses conseils, elle recourut à la prière. Un jour que les deux frères allaient engager la bataille, une terrible tempête éclate soudain. Au milieu du fracas de la foudre on voit descendre du ciel des flots de soufre et de feu, et une grêle de pierre disperse les armées, en tuant seulement les soldats de l’agresseur.
La sainte reine, qui ne cessait de faire prier, fonda une foule de monastères et d’églises à Paris, Rouen, Tours, Chelles, Laon, les Andelys.
C’est pendant que les ouvriers souffraient de la soif, lors de la construction du monastère des Andelys, qu’elle fit surgir la fontaine, et que, le vin venant à manquer, elle la changea en un vin délicieux, afin d’aider ceux qui travaillaient pour la gloire de Dieu.
Après trente-neuf ans d’un veuvage rempli de grandes œuvres, le 3 juin 553, l’âme de Clotilde monta au ciel pour prier auprès du trône de Dieu en faveur du pays de France.
Son tombeau, situé à côté de celui de Clovis, a été profané à la révolution, et la rue Clovis passe sur son emplacement.
Vie de sainte Clotilde en gravures
1 – Sainte Clotilde, réservée par Dieu à une grande mission pour le salut de la France, a été préservée dans le massacre de sa famille et élevée au palais de l’usurpateur du trône de son père le roi de Bourgogne.
Elle consacra sa jeunesse aux bonnes œuvres et la renommée de son humilité vint aux oreilles du roi Clovis encore païen, qui voulut l’épouser, séduit par l’éclat des vertus chrétiennes.
Dieu permit que Clovis envoyât un ambassadeur déguisé en mendiant, afin que la grandeur de sa mission fut révélée à Clotilde par un des pauvres qu’elle secourait avec bonté. Après avoir reçu le pain, l’ambassadeur mendiant demanda à lui communiquer un secret et lui remit l’anneau de Clovis ; Clotilde considérant le pauvre comme porteur d’un message de Dieu, lui remit son propre anneau, et bientôt Clovis avec ce gage qui lui donnait des droits, exigea du roi de Bourgogne qu’il laissa partir l’orpheline devenue sa fiancée.
2 – Clotilde comprit qu’elle n’avait été appelée aussi extraordinairement à partager le trône de ce généreux païen que pour remplir une mission. Clovis l’écouta et non seulement il permit que les offices divins fussent célébrés dans sa maison, mais il accepta que son premier né fut baptisé.
Clotilde mettait sur la tête de cet enfant baptisé toutes ses espérances pour la conversion de son peuple, lorsque Dieu, dont les desseins sont impénétrables, le laissa mourir.
La reine obtint avec peine que son nouvel enfant fut encore baptisé et voici qu’il tomba malade et il mourait. Clovis désespéré crut reconnaître une vengeance de ses dieux et blasphéma le Dieu de Clotilde.
Dans cette extrémité, la mère tombe à genoux près du berceau et prie avec tant de ferveur que Dieu envoie ses anges rendre la vie au petit agonisant.
Clotilde, victorieuse, le présente à son père comme le trophée de la prière chrétienne.
3 – Bientôt Clovis, en grand péril, dans une bataille à Tolbiac, d’où dépendait sa couronne, voyant tout perdu, inspiré par le ciel et soutenu par la prière de la sainte, s’écria :
DIEU DE CLOTILDE, DONNE-MOI LA VICTOIRE ; JE ME DONNERAI A TOI !
Le Dieu de Clotilde ne fit pas attendre sa réponse, car la victoire revint aussitôt et Clovis, fidèle à son serment, demanda le baptême à Reims, avec trois mille guerriers qui voulurent suivre leur roi dans le chemin du salut.
Au moment du baptême, une colombe mystérieuse apporta dans une ampoule le Saint-Chrême qui manquait, et l’évêque Saint Rémi baptisa et sacra le roi avec l’eau et avec l’huile.
Le sacre qui conférait une onction d’un ordre à part, dit un vieux légendaire, ne pouvait être donné, comme les onctions des Saints ordres, qu’à un homme, ce qui excluait les femmes du trône, mais c’est à la prière de la femme que cette ampoule est descendue.
Clovis fut proclamé par le Pape, fils aîné de l’Eglise, car tous les autres princes étaient alors séparés de leur mère.
Le fils aîné de l’Eglise devait recevoir par Clotilde un nouveau présent du ciel. On rapporte en effet, qu’un saint ermite que la sainte reine allait consulter dans la forêt de Poissy, lui remit un jour une image de la trinité : Trois fleurs de lys d’or étendant chacune leurs trois branches sur un ciel d’azur.
- Que cette image, dit-il, soit marquée sur les étendards de la France.
Et depuis ce jour, selon la tradition, Clovis eut pour étendard cette image de l’auguste Trinité qu’il laissa à ses successeurs et à la France.
Dieu de Clotilde, sauve la France !
Dieu permit que tant de joies et de gloires fussent expiées à la fin de la vie de Clotilde par un long veuvage passé dans le chagrin, l’abandon et la solitude. Elle en profita pour achever ses jours au milieu des œuvres de piété et de charité de sa jeunesse.
--- Note --------------------------------
(1) Cette ampoule inépuisable servit au sacre de nos rois jusqu’à la Révolution. Les commissaires de la Convention la firent briser. Un Rémois sauva une parcelle du Chrême, et cette parcelle fut mise dans l’huile qui servit au sacre de Charles X.