Saint Cassien

Fête le 13 août

Martyr


Légende de la gravure

Saint Cassien, maître d’école, est livré à la cruauté de ses élèves, qui le font mourir lentement à coups de stylet.


Au fond de la cathédrale d’Imola, à côté du tombeau de saint Pierre Chrysologue, l’illustre archevêque de Ravenne, s’élève un autre tombeau, dont les vastes proportions attirent l’attention des visiteurs. Ce monument, que décorent des sculptures d’un grand mérite, a été restauré par Mastaï Ferretti, évêque d’Imola, qui devait plus tard occuper le siège pontifical, sous le nom vénéré de Pie IX.

Ce riche mausolée renferme les reliques d’un confesseur de la Foi, dont les poètes ont chanté le glorieux martyre, et que l’Eglise honore à la date du 13 août, sous le nom de saint Cassien.

Saint Cassien, martyrisé durant la dixième persécution, pour avoir ouvert une école où il enseignait, avec les règles de la grammaire, les premiers préceptes de la religion chrétienne ; est le patron des maîtres chrétiens persécutés. On doit donc l’invoquer avec plus de ferveur à ce moment où Satan prétend s’emparer de l’enfance, au moyen des écoles sans Dieu. Sa mort glorieuse est un encouragement et un exemple et elle montre à tous ceux qui ont consacré leur vie à l’éducation et à la conservation de l’enfance que si, sur la terre, ils sont parfois en butte au mauvais vouloir et à l’ingratitude des hommes, ils sont appelés à recevoir la récompense plus solide et plus durable que Dieu ne refuse pas à ses serviteurs.

Si l’on en croit le témoignage de certains chroniqueurs, saint Cassien aurait été évêque de Brescia. Chassé de son siège épiscopal par la persécution, il aurait été obligé de se retirer à Imola et il aurait ouvert une école, dans cette ville encore païenne. L’iconographie s’emparant de ces traditions confuses, a souvent représenté le saint avec les insignes épiscopaux, et la vieille gravure dont nous donnons le facsimile, fait intervenir un ange qui tient entre ses mains la palme et la mitre, signe qu’on n’attribue qu’aux pontifes martyrs.

Cependant nous croyons plus probable que la similitude de nom a fait confondre le martyr d’Imola avec un autre Cassien, évêque de Brescia, qui lui aussi a subi le martyre durant la persécution de Dioclétien.

Quelle que soit l’opinion que l’on adopte, le saint voyant que, malgré toutes les prédications, le peuple d’Imola restait obstinément attaché au culte des idoles, résolut de sauver au moins les âmes des enfants, et, dans ce but, il ouvrit une école.

Sa réputation de grammairien attira autour de lui une grande affluence de disciples et le maître, dont tout le monde vantait la science et le dévouement, put bientôt exercer un sérieux apostolat en inculquant avec les préceptes de la rhétorique les premières vérités de la Foi.

Cependant l’œuvre de l’éducation ne peut point s’accomplir sans labeur et sans fatigue, et, dans l’exercice de ses fonctions, le professeur eut à éprouver bien des difficultés de la part de son auditoire. Bien souvent il se vit contraint de recourir aux réprimandes et aux punitions, et ces mesures de rigueur soulevèrent contre lui la foule des paresseux et des mauvais écoliers.

Impatient de s’affranchir d’un joug insupportable, ceux-ci résolurent de se débarrasser d’un maître qu’ils trouvaient trop sévère, et à l’instigation des instituteurs païens, dont les écoles avaient été désertées, ils n’hésitèrent pas à ourdir un abominable complot contre le saint.

A ce moment, des édits de persécution venaient d’être portés contre les chrétiens, et sur tous les points de l’empire les disciples du Christ, pourchassés comme des bêtes fauves, étaient condamnés aux plus cruels supplices.

Les écoliers, jaloux de satisfaire leurs mesquines vengeances, ne refusèrent pas de jouer le rôle infâme de délateurs et, se portant en foule au tribunal, ils accusèrent leur maître de professer la religion chrétienne.

Cette seule dénomination équivalait à un arrêt de mort.

Le proconsul qui avait exécuté dans toute leur rigueur les édits de persécutions, jugea que la prison, les chevalets, les verges, les tourments ordinaires ne suffiraient pas à faire expier à Cassien le crime qu’on lui reprochait. Voyant l’acharnement que mettaient ces enfants à poursuivre le saint, il imagina un nouveau supplice dont la seule description fait frémir d’épouvante.

Par son ordre, Cassien est attaché dans l’école même où il donnait ses leçons à des disciples indociles, et ceux mêmes qui se sont faits ses accusateurs sont appelés à remplir l’office de bourreau. Et comme les instruments qu’on a l’habitude d’employer pour torturer les autres condamnés ne prolongeraient pas assez le supplice, on arme les mains encore débiles des écoliers, du stylet dont ils se servent pour transcrire les leçons du professeur, et on les jette sur leur maître, enchaîné et impuissant.

La gravure que nous avons reproduite dépeint cette scène dans toute son horreur. Les écoliers excités par les sicaires du proconsul s’acharnent avec une joie sauvage sur le maître, qu’ils n’ont plus à redouter, et ils se font un plaisir de cribler son corps de blessures.

Le saint en butte aux outrages et aux coups de cette vengeance sans pitié voit couler son sang goutte à goutte, ses forces s’épuisent, son courage seul ne faiblit point, son visage conserve toujours la même expression de douceur, de tristesse, et de résignation ; et le maître, déplorant l’égarement de ceux qui ont si mal profité de son enseignement, se console de l’ingratitude qu’il rencontre sur cette terre en pensant à la gloire immortelle qui l’attend dans les cieux.