Saint Basile le Grand

Fête le 14 juin


Légende de la gravure

Saint Basile convertit un médecin juif et le baptise avant de mourir.


Naissance et premières années de saint Basile

Ce fut à Césarée, métropole de la Cappadoce, que naquit saint Basile, vers l’an 317. La sainteté était comme héréditaire dans sa famille. Son père Basile, sa mère Emmelie, Macrina sa sœur, Grégoire, évêque de Nysse, et Pierre évêque de Sébaste, ses frères, ont été mis au nombre des saints. Dès son plus jeune âge, Basile fut confié aux soins et à la tendresse de son aïeule, que l’Eglise honore sous le nom de sainte Macrine l’ancienne. Cette noble femme avait été exilée avec son époux, pendant la cruelle persécution de Maximien Galère. Elle habitait la province du Pont ; saint Basile vint la rejoindre. Plus tard il se faisait gloire d’avoir appris les premiers principes de la religion de celle qui avait eu pour maître saint Grégoire Thaumaturge. « Je n’ai jamais oublié, disait-il, les fortes impressions que produisaient sur mon âme encore tendre les discours et les exemples de cette sainte femme. »

A la mort de son père, Basile fut envoyé à Césarée, et, peu de temps après, à Constantinople pour continuer ses études.

Deux vrais amis

De Constantinople, Basile se rendit à Athènes qui restait toujours la métropole des sciences et des arts. Il y rencontra un jeune homme, issu, comme lui, d’une famille de saints ; je veux dire saint Grégoire de Nazianze. Ces deux âmes, qui partageaient les mêmes sentiments et les mêmes aspirations, s’unirent bientôt par les liens de la plus sincère amitié. Les deux jeunes gens demeuraient ensemble dans une studieuse retraite, ils s’asseyaient à la même table, et partageaient leur temps entre des prières et des travaux communs. « Nous avions tous deux le même but, dit saint Grégoire, nous cherchions le même trésor, la vertu. Nous ne connaissions que deux chemins, celui de l’église et celui des écoles publiques. » Au milieu des dérèglements de leurs compagnons d’étude, ils surent garder intact en leur cœur le trésor de la chasteté. Ils s’éloignaient des étudiants légers ou corrompus, et ne fréquentaient que ceux, qui par leurs vertus, et leurs sages discours, pouvaient les enflammer pour la sainteté.

Basile et Grégoire ayant terminé le cours de leurs études, résolurent de retourner dans leur patrie. A la prières de ses concitoyens, Basile ouvrit un cours d’éloquence à Césarée.

Au désert

Les succès les plus éclatants l’attendaient, mais Basile donna au monde le spectacle du renoncement évangélique, dans ce qu’il a de plus merveilleux. Il se déroba aux richesses, à la gloire, aux applaudissements des hommes ; il ferma son école, vendit tous ses biens, en donna le prix aux pauvres et se retira dans une campagne voisine de Césarée. Avant de s’établir complètement dans la retraite, il voulut étudier les grands modèles de vie solitaire que donnaient alors les Ephrem en Mésopotamie, les Hilarion en Palestine, et l’innombrable postérité de saint Antoine dans les déserts de l’Egypte. Au retour de ses lointains voyages, Basile vint s’établir dans la province du Pont, sur les bords de la petite rivière Iris. Les disciples ne tardèrent pas à affluer vers Basile, qui éleva un monastère, pendant que de l’autre côté de la rivière une communauté de vierges s’établissait, sous la direction de sainte Macrine.

Saint Basile élevé à l’épiscopat

Le saint évêque Eusèbe étant venu à mourir, les évêques de la province furent convoqués pour donner un nouveau pasteur à l’Eglise de Césarée. Clergé et peuple, demandaient à grands cris la promotion de Basile.

Basile s’était tenu à l’écart, il s’était même enfui ; mais il dut se rendre aux instances des évêques, du clergé et du peuple.

Depuis longtemps il suivait d’un œil anxieux les progrès de l’arianisme soutenu par Valens. Devenu évêque il unit ses efforts à ceux du patriarche d’Alexandrie, saint Athanase, pour la foi. De concert avec lui, il sollicita les conseils du pape saint Damase. Il reçut les avis du saint Pontife comme des oracles, et les fit promulguer dans son immense diocèse.

Mais ces efforts pour la pacification religieuse de l’Orient, et la réconciliation de ce grand pays avec l’Eglise de Rome et la foi de Nicée, trouvèrent, dans la persécution plus accentuée que jamais, de l’empereur Valens, un obstacle insurmontable.

Noble attitude de saint Basile en face de l’empereur Valens

L’empereur Valens, protecteur de l’arianisme, voulait en propager les erreurs par la violence. Pour mieux vérifier l’exécution de ses décrets de proscription contre les évêques catholiques, il parcourut les diverses cités de l’Asie. Partout il se faisait précéder de Modeste, préfet du prétoire, chargé de lui éviter les rencontres fâcheuses. L’empereur se préoccupait surtout, de la réception que lui ferait le métropolitain de Césarée, dont l’adhésion à sa foi, lui aurait été d’un si grand prix. Modeste n’était pas moins préoccupé de cet accueil que son maître.

Il se fit précéder d’un groupe d’évêques ariens. Saint Basile se contenta de les excommunier. Les plus nobles matrones de la Cappadoce vinrent ensuite supplier Basile de ne pas refuser d’adhérer au symbole de Valens. Elles ne trouvèrent aucun écho dans l’âme du grand évêque.

Enfin Modeste, si mal servi, même par le préfet des cuisines impériales, Démosthène, qui revint couvert de honte et de confusion, entra à Césarée ; et fit aussitôt paraître saint Basile à son tribunal. « Il est donc vrai, Basile, que vous osez résister aux volontés de l’empereur, dit le préfet, et que vous donnez seul, en Orient, l’exemple de la révolte. – Je ne sais, répondit l’évêque, ce que vous entendez par cette accusation de révolte. Daignez me l’expliquer. Je veux dire, reprit Modeste, que vous refusez obstinément votre assentiment à la foi religieuse de l’empereur. – En matière de foi, dit Basile, je dois obéissance à un empereur plus puissant que les majestés de la terre. Dieu me défend d’adorer une créature. Or, on pousse le blasphème jusqu’à soutenir que Jésus-Christ n’est qu’une créature. – Prenez garde, dit Modeste. Voilà que vous nous injuriez. Ne comptez-vous pour rien notre puissance ? Vous semble-t-il si déshonorant de vous unir à nous, pour le bien de l’Eglise et des peuples ? – Je suis loin de vous refuser l’honneur que je vous dois. Vous êtes un préfet illustre je serais heureux d’être en communion d’idées et de sentiments avec vous. Mais, vous le savez, ce n’est pas la noblesse des personnes, ni des titres, c’est la pureté de la foi qui fait le chrétien. – Le préfet, indigné de cette déclaration de principes, se leva de son siège, et fixant sur l’évêque un regard de colère, s’écria : Quoi ! vous ne craignez pas davantage ma puissance ! – Et pourquoi la craindrai-je ? Que pouvez-vous me faire ? Ce que je puis vous faire ! Mais n’ai-je pas tous les supplices à ma disposition ?… - De grâce, quels sont ces supplices ? – La confiscation de vos biens, l’exil, les tortures, la mort, répondit Modeste. – Nommez-moi d’autres châtiments, reprit Basile : Aucun de ceux-là ne m’effraie. – Comment cela ? dit le préfet. – C’est bien simple, répondit l’évêque. On ne peut rien confisquer à qui ne possède rien. Sauf ce lambeau de drap vieilli et déchiré qui me couvre, sauf quelques livres qui sont tout mon trésor, vous ne trouverez rien à me prendre. L’exil ne saurait davantage m’atteindre ; je ne suis attaché à aucun lieu plus qu’à un autre. Je me considère comme un étranger dans le pays que j’habite maintenant, et j’accepterais comme ma patrie, la région où il vous plairait de me déporter ; parce que toute la terre appartient au Seigneur, et que nous sommes ici-bas des voyageurs et des hôtes d’un jour. Vous parlez de tortures : mais il vous serait impossible de les prolonger sur ce corps si faible que le premier coup achèverait. Vous n’avez en réalité qu’un seul pouvoir, celui de me tuer. Et quel service vous me rendriez, ajouta-t-il, en montrant sa poitrine malade, si vous me délivriez de ce misérable soufflet. La mort me conduirait à ce Dieu que je sers, pour qui je vis, ou plutôt pour qui je traîne cette mort vivante, et auquel aspirent toutes les forces de mon âme. – Cette magnifique réponse émut le préfet. – Jamais personne, dit-il, ne m’a tenu un pareil langage ! – C’est peut-être reprit Basile, que vous n’avez jamais rencontré d’évêque, sans cela il eut montré la même indépendance au sujet des questions de foi. Quand il s’agit du service de Dieu et de sa gloire, toutes les autres considérations disparaissent ; nous ne voyons plus que Dieu. » Le préfet admirait malgré lui un tel courage. Il leva la séance en donnant à l’évêque jusqu’au lendemain pour réfléchir. – « Vous me trouverez demain ce que je suis aujourd’hui, répondit Basile. »

Tout l’Orient avait les yeux fixés sur cette lutte engagée entre une conscience héroïque et un pouvoir sans frein. Grégoire était accouru auprès de son ami, résolut à partager ses tourments et sa mort. Valens approchait. Modeste préparait ouvertement l’appareil d’un supplice, dans le cas où l’empereur ordonnerait la torture contre le saint évêque. Mais le préfet n’était pas sans inquiétude sur la manière dont Valens prendrait l’affaire. Il cru prudent d’aller l’avertir de l’obstination de l’évêque de Césarée : « Empereur, dit-il, nous sommes vaincus par Basile, c’est un homme supérieur aux menaces, aux caresses, inébranlable à toutes les séductions. Il faut nous débarrasser de lui par la force, il ne cédera jamais. » Valens n’était pas en veine de cruauté, et n’approuva pas les desseins de Modeste. L’héroïsme de Basile le touchait ; l’admiration succédait à la violence dans son âme, il cherchait même une occasion favorable pour se rapprocher du saint évêque. Il crut la trouver à la fête de l’Epiphanie. Le matin de la fête, il prit son parti, et se rendit au temple avec une escorte de soldats, ne sachant quel accueil lui était réservé. Il entre. La foule était très nombreuse, et entonnait les psaumes en chœur. Le chant était doux et harmonieux. Le service entier offrait le spectacle de la majesté et de l’ordre que Basile excellait à faire régner dans son église. Au fond de la nef apparaissait Basile lui-même, debout, dans une attitude de crainte et de respect pour la majesté divine. Son clergé l’entourait. Tout cet ensemble produisit une telle impression sur Valens, qu’il éprouva une espèce de vertige, et il fut quelque temps à reprendre ses esprits. Quand le moment fut venu de présenter ses offrandes à la table divine, Valens s’approcha, mais aucun des ministres n’osait recevoir ses dons. En cet instant, l’empereur chancela, et si l’un de ses assistants ne l’eût soutenu, il fut tombé à la renverse. L’évêque fit un signe, et l’offrande fut acceptée. Après la cérémonie, l’empereur voulut avoir une conférence avec Basile. Saint Grégoire lui-même nous raconte cet entretien : « J’entendis les paroles qui tombèrent des lèvres de Basile, ou plutôt, qui nous semblèrent inspirées par la sagesse de Dieu même. » En effet Basile exposa avec une netteté et une éloquence incomparable le dogme catholique sur la divinité de Jésus-Christ. Tous les assistants étaient émerveillés. Seul, Démosthène, le chef des cuisines ne partageait point l’émotion générale. Quand on lui eut permis de parler, il débuta par un affreux barbarisme. « Voilà qui est curieux, dit Basile, Démosthène qui ne sait pas le Grec. » Cette fine plaisanterie exaspéra l’orateur, et mit tous les assistants contre lui. L’empereur daigna rire le premier de l’incident. Il témoigna publiquement son admiration pour le saint évêque. Il lui fit présent d’un grand domaine que l’Etat possédait à Césarée, en faveur de l’asile que Basile faisait alors élever pour les pauvres.

On pouvait espérer que Valens mettrait fin à ses violences. Mais les intrigues et les suggestions des courtisans triomphèrent bientôt des scrupules de l’empereur. Valens, sur leurs instances et leurs calomnies, fit préparer un décret d’exil. Mais au moment de le signer, la plume qu’il tenait à la main se brisa entre ses doigts ; et le même prodige se renouvela jusqu’à trois fois. Les Ariens arrachèrent enfin un ordre verbal, qui condamnait Basile à la déportation. Le char allait emporter le noble exilé et son ami Grégoire, quand on vit accourir un messager impérial qui appelait Basile à grands cris. L’unique enfant de Valens venait de tomber dangereusement malade. Valens éperdu demandait Basile. Le saint évêque entre dans cet appartement où le deuil, l’anxiété, le repentir avait succédé à la haine, la violence, la calomnie. « Si votre foi est véritable, lui dit Valens, priez Dieu, pour qu’il daigne conserver la vie de mon enfant. – Empereur, répondit Basile, si vous consentez à embrasser la foi catholique, qui est la mienne ; si vous rendez la paix à l’Eglise : si vous promettez de faire instruire le jeune prince dans les mêmes sentiments, et de le faire baptiser par un catholique, il vivra. » L’empereur le promit. Basile se mit en prières. Une amélioration sensible se produit aussitôt. Le jeune prince était sauvé. Basile se retira, et Valens avait déjà oublié ses promesses. Le lendemain, les évêques ariens accoururent au palais impérial et arrachèrent à Valens la permission de baptiser son enfant. Le mal reparut immédiatement, et une heure après, l’enfant avait cessé de vivre. L’empereur y vit le châtiment de son infidélité, et il partit de Césarée, en priant Basile d’intercéder auprès de Dieu, pour détourner de sa tête la mort dont il se croyait menacé.

Le préfet Modeste lui-même tomba dangereusement malade, il dut sa guérison aux prières de saint Basile ; et de son persécuteur le plus acharné, il devint un de ses plus ardents amis ; il se fit le héraut des vertus du saint évêque.

Mais une nouvelle persécution allait bientôt surgir contre saint Basile. Une riche veuve, résolue de consacrer le reste de sa vie à Notre-Seigneur, repoussait les instances d’un assesseur du préfet de la province du Pont. Pour échapper aux violences, elle vint un jour se réfugier à la sainte Table où Basile distribuait les saints mystères. Le grand évêque étendit la main sur cette tête opprimée, la prenant ainsi sous sa protection. C’était se créer une nouvelle source de persécution : elles ne tardèrent pas à éclater. Le préfet soutint les intérêts de son assesseur, cita saint Basile à son tribunal, et le traita indignement. Basile se tint debout, devant le préfet, qui lui jetait à la face de grossières injures. « Qu’on lui arrache son manteau d’évêque, s’écria-t-il. – Je suis prêt, dit Basile, à me dépouiller même de ma tunique, si cela peut vous plaire ! – Qu’on lui déchire les flancs avec les ongles de fer ! ajouta le préfet. – Basile reprit en souriant : Ce sera un dérivatif ; car je souffre aujourd’hui cruellement du foie, et vous pouvez vous en apercevoir ! » En ce moment le tribunal fut cerné par une foule immense. C’était la ville de Césarée, qui venait arracher son pasteur des mains de ses bourreaux. L’exaspération du peuple était à son comble. « A mort le préfet ! criaient toutes les voix. Qu’on l’étrangle ! » A ces cris, le juge, éperdu, tremblant, avait quitté son siège, pour se prosterner aux pieds de Basile, le suppliant de l’arracher à la mort. L’homme de Dieu parut aussitôt à la porte du prétoire. Il fut salué par des transports d’enthousiasme. Il n’eut pas de peine à obtenir la liberté et la vie du préfet, qui ne tarda pas à quitter Césarée, pour n’y plus remettre le pied.

Saint Basile législateur de la vie monastique

Ce qui distingua surtout saint Basile, parmi les grands hommes de son temps, ce fut le sens profond qu’il eut de la vie spirituelle, et la pratique constante des vertus monastiques. Les moines étaient devenus nombreux ; mais avec le temps les désordres avaient éclaté. Certains d’entre eux, appelés Girovaques, donnaient au monde le triste spectacle d’une vie désœuvrée et indépendante. Le grand génie de Basile devait trouver un remède à ces maux. On le vit parcourir lui-même les solitudes du Pont, rassembler en divers monastères les religieux isolés et leur donner une règle, déterminer le temps de l’oraison, de la psalmodie, du travail des mains, du soin des pauvres. Sa sollicitude s’étendit jusque sur les vierges, et il leur éleva un grand nombre de couvents. L’Orient était partagé pour savoir s’il fallait accorder la prééminence à la vie érémitique sur la vie cénobitique. Saint Basile n’hésita pas à déclarer la vie cénobitique supérieure et préférable à celle des solitaires : parce qu’offrant moins de dangers, elle permet cependant de pratiquer les mêmes austérités et des vertus peut-être plus difficiles à acquérir. Il semble avoir eu pour but d’unir l’action à la prière. Il reconnaissait la supériorité de la vie purement contemplative sur la vie active ; mais en réunissant l’une à l’autre, il répondait à un sentiment profond du besoin des âmes, et des nécessités particulières de son temps, où il faisait de vaillants soldats à l’Eglise.

Saint Basile établit aussi le temps de probation, et les vœux monastiques. Il prévenait ainsi les engagements, les illusions irréfléchies, les entraînements aveugles ; il évitait de nombreux scandales au monde ; il assurait des vocations fermes et solides. La règle de saint Basile existe encore de nos jours. Elle est presque la seule, qui soit en vigueur dans les nombreux monastères de l’orient.

Eloquence de saint Basile

Sa charité pour les pauvres

Nous avons vu que Basile, pendant la persécution de Valens, était l’âme de toutes les Eglises : de là son immense correspondance qui renferme la plus pure doctrine exprimée avec une éloquence que le christianisme seul peut inspirer aux hommes. Basile en renonçant au monde et à ses honneurs n’avait pas méprisé les dons, qu’il avait reçu du ciel. Il fit de l’éloquence, la servante de la foi. Il prêchait sans cesse : et ses discours resteront à jamais un des plus beaux monuments de l’éloquence chrétienne. Il savait rehausser tous les sujets, et éclairer tous les horizons, et projeter la lumière sur tout ce qu’il touchait. Pour s’en convaincre, il n’y aurait qu’à lire son Hexaméron, ou son discours sur les six jours de la création. Du spectacle de la nature il savait transporter ses auditeurs aux réalités du surnaturel et détruire les arguments des hérétiques.

Césarée avait vu saint Basile, en temps d’épidémie, braver le fléau et se multiplier pour sauver les victimes. Elle l’avait vu, durant la famine, secourir les indigents, recueillir, abriter, vêtir, soulager toutes les misères. On se rappelle que Valens lui avait donné un jour un immense domaine ; Basile y construisit une maison pour les pauvres, véritable palais de la charité, où se trouvaient réunis des hôpitaux pour les malades, des hospices pour les vieillards, les infirmes et les incurables, des asiles pour les étrangers, des écoles pour l’enfance et la jeunesse. De vastes jardins séparaient les uns des autres, tous ces établissements divers. A l’angle le plus reculé se trouvait la léproserie. C’était là que Basile se plaisait à multiplier ses visites. Il se jetait au cou des lépreux, et les embrassait comme des frères.

Cette institution demandait d’innombrables ressources. Or Basile n’avait rien que sa foi et son dévouement. Le trésor où il puisait à pleines mains, le crédit dont il disposait n’étaient autres que ceux de la charité. Saint Basile fut vraiment le prédicateur de l’aumône ; il sut intéresser le cœur des riches au sort des pauvres.

Conversion d’un médecin juif – Mort de saint Basile

Epuisé par tant de travaux et d’austérités, miné lentement par une maladie de poitrine, saint Basile sentait ses forces diminuer de jour en jour.

Cependant, jusqu’au dernier moment, son zèle d’apôtre ne se démentit point.

Il avait fait connaissance avec un médecin juif, fort savant en son art, avec l’intention de l’amener à la foi en Jésus-Christ. Mais il n’avait pu y arriver. Etant à l’article de la mort, il l’envoya chercher pour lui demander ce qu’il pensait de sa santé. Le juif l’ayant examiné lui déclara qu’il serait mort avant le coucher du soleil.

- Mais que diriez-vous si j’y suis encore demain ?

- Ce n’est pas possible , dit le médecin. Mais si je vois cela, je vous promets de me faire chrétien.

Le Saint pria le Seigneur de prolonger sa vie afin que le juif se convertit. Ce qui arriva en effet.

Avec les forces surnaturelles que Dieu lui donna, saint Basile quitta le lit, se rendit à l’église et baptisa le juif avec sa famille ; puis il se trouva mal, et revint mourant reprendre le lit.

Toute la ville de Césarée était en pleurs. Chacun eut voulu retenir cette âme prête à s’envoler, et l’arracher à Dieu qui l’appelait. Mais si grand que fut Basile, Basile devait mourir. On l’entendit prononcer cette dernière parole Seigneur, je remets mon esprit entre vos mains. Puis il rendit doucement à Dieu son âme. Les anges la conduisirent au ciel ; mais que de larmes sur la terre !

Ses funérailles furent un véritable triomphe. Ses enfants spirituels étaient accourus par milliers. Jamais pareil concours ne s’était vu. Les chants de la psalmodie étaient interrompus par les sanglots.

Basile, élevé à l’épiscopat le 14 juin, mourut au jour anniversaire de son sacre ; et l’Eglise, après l’avoir placé sur les autels, a choisi le même jour pour chanter ses louanges et implorer son secours.