Assomption

Fête le 15 août


Croyance de l’Eglise au mystère de l’Assomption

L’Assomption de la Bienheureuse Vierge Marie n’a jamais été solennellement définie comme dogme de foi, mais c’est une croyance tellement fondée sur toute la tradition catholique et confirmée si hautement par la solennité donnée à la fête, qu’on ne saurait la nier sans une suprême témérité.

Une parole indécise de saint Epiphane a fait croire à plusieurs anciens auteurs que la sainte Vierge n’avait pas été soumise à la loi de la mort, comme elle n’avait pas été comprise dans la loi du péché, il est vrai que la mort ne lui était pas due en justice comme aux autres hommes, mais elle l’a soufferte par obéissance à Dieu ainsi que son Fils. On peut appliquer à Marie ces paroles que saint Augustin dit du Sauveur:  « Comme il avait pris la ressemblance de la chair du péché, il voulut passer par tous les divers âges de la vie humaine, en commençant par la faiblesse de l’enfance, et il semble que sa chair serait arrivée jusqu’à la vieillesse et à la mort, s’il n’avait pas été crucifié dans sa jeunesse. Il y a cependant cette différence que la chair du péché est soumise à la mort en punition de sa désobéissance ; mais celui qui n’avait que la ressemblance de la chair du péché n’est mort que par une obéissance volontaire. »

La mort, dit Benoît XIV, peut être considérée comme la condition de notre nature, composée d’éléments contraires, ou bien comme le châtiment du péché. Sans ce dernier rapport, ni Jésus ni Marie ne devaient mourir, mais en vertu de la nature humaine à laquelle ils appartenaient, ils étaient soumis à la mort comme nous.

Mais de même que la chair très sainte du Christ ne pouvait se corrompre dans le tombeau et qu’elle en fut tirée vivante par la gloire du Père, comme dit saint Paul, de même il était de toute convenance que la chair immaculée de Marie sortit aussitôt vivante du tombeau pour l’honneur de son fils.

C’est ce que le Psalmiste semble indiquer par ces paroles : « Domine, in requiem tuam, tu es arca sanctificationis tuæ. Levez-vous, Seigneur, pour entrer dans votre repos ; mais l’arche incorruptible que vous avez sanctifiée pour y résider et dont le sort a toujours été si uni au vôtre, que deviendra-t-elle ? Qu’elle se lève pour entrer dans la même gloire. »

Nous ne savons pas à quelle époque précise la fête de l’Assomption commença d’être célébrée dans l’Eglise, mais des documents positifs attestent qu’elle l’était dès le VIe siècle. La célébrité qu’elle avait dès lors et la rapide extension qu’elle reçut ne permettent pas de douter que le mystère de Marie ne soit une tradition venue des Apôtres, enseignée par eux, et par suite susceptible d’être définie, comme l’a été le dogme de l’Immaculée Conception dont l’Assomption est la conséquence toute naturelle. Peut-être cette définition solennelle était réservée à nos tristes jours qui traînent dans la matière et dans la corruption de ce monde visible, afin de relever nos cœurs par le désir d’y revoir notre Mère.

Une preuve de l’apostolicité de la tradition au sujet de l’Assomption se trouve dans un récit de l’historien Euthymius rapporté par saint Jean Damascène dans son sermon sur cette fête. Sainte Pulchérie, épouse de l’empereur Marcien, qui régnait vers le milieu du Ve siècle, avait fait bâtir plusieurs églises dans Constantinople, et en particulier une très riche dans le quartier des Blaquernes en l’honneur de la sainte Vierge. Elle désira y déposer le corps de la Mère de Dieu. Marcien appela donc Juvénal, évêque de Jérusalem, afin d’obtenir de lui les vénérables reliques. Mais Juvénal lui répondit que le Sépulcre de la Vierge se voyait en effet à Jérusalem, auprès du jardin de Jethsémani, mais qu’il était vide, et que le corps de la Mère de Dieu était ressuscité et avait été enlevé au ciel par les anges. Les détails qu’il ajouta composent le fond du récit traditionnel que nous donnerons plus loin. Ils sont confirmés par les historiens Mètaphaaste et Nicéphore, dont le témoignage a ici une grande valeur, parce qu’ils ont eu à leur déposition les archives de Constantinople, où l’entrevue de Juvénal avec Marcien était sans nul doute relatée.

C’est peu après que le culte de l’Assomption se répand rapidement dans l’Eglise, et on peut légitimement conjecturer que ce fut à cette occasion.

Marie après l’Ascension

La vérité du mystère de l’Assomption ne fait aucun doute pour les fidèles ; il n’est pas nécessaire de nous étendre davantage sur les preuves qui l’attestent. Mieux vaut recueillir pour notre édification ce que la tradition nous a laissé sur les dernières années de Marie, sa précieuse mort et sa glorieuse élévation dans le royaume céleste.

L’Evangile nous apprend que Jésus en mourant sur la croix légua Marie à saint Jean par ces paroles:  « Femmes, voilà votre fils, » et au disciple : « Voilà votre Mère. » Et dès ce moment Jean reçut Marie comme sa mère, et par ses bons offices remplaça Jésus auprès d’elle, autant que le fils de Zébédée pouvait remplacer le Fils de Dieu.

Jean reçut Marie dans sa maison, dont on montre encore l’emplacement aujourd’hui vide et désolé sur le mont Sion, à côté du Cénacle. C’est là que Jésus la visitait souvent durant les quarante jours qu’il demeura sur la terre après sa résurrection.

Le jour de l’Ascension, dit saint Vincent Ferrier, quand Marie vit Jésus s’élever au ciel, accompagné des âmes des patriarches, elle le conjura d’emmener aussi sa Mère. Mais Jésus répondit : « Il convient que vous demeuriez encore quelque temps en ce monde, afin de consoler les Apôtres mes frères, qui recourront à vous dans leurs doutes. »

Elle revint donc dans sa maison du mont Sion. Le reste de sa vie ne fut plus qu’une contemplation continuelle. Durant le temps qu’elle avait passé avec son divin Fils, le servant à Nazareth ou le suivant dans ses prédications, elle avait mené la vie de Marthe ; maintenant ce sera la vie de Madeleine, soupirant et pleurant après la contemplation de la patrie céleste.

Elle repassait dans son âme tous les mystères de la vie du Christ. Sa pensée la transportait à Nazareth, où le Verbe s’est fait chair dans son sein ; à Bethléem où elle lui avait donné le jour au milieu du chant des anges ; au Temple, où elle l’avait présenté, et où Siméon lui avait prédit le glaive de douleur qui transpercerait son âme. Elle revoyait le baptême du Christ, son jeûne dans le Désert, sa vie de prédication et le tendre amour avec lequel il traitait ses disciples. Enfin autour d’elle à Jérusalem, tout lui parlait de sa passion et de sa mort. Souvent elle parcourrait en la baignant de ses larmes la voie douloureuse où elle avait suivi Jésus, baisant les traces de son sang ; et du sommet des Oliviers, d’où Jésus avait pris son essor pour le ciel, elle contemplait avec de brûlants désirs la voie par où le Fils de Dieu était remonté à la droite de son Père.

Nous aimons à nous la représenter encore entendant au Cénacle la messe de saint Jean et recevant de la main du disciple bien-aimé de Jésus le corps de Celui qu’elle avait porté dans ses entrailles. Qui comprendra ce qui se passait alors dans l’âme de la Mère et dans l’âme du disciple, et qui saura goûter un peu de cette suavité !

Outre saint Jean, Marie conversait souvent avec saint Jacques le Mineur, resté à Jérusalem afin de prier pour le peuple déicide, mais toujours aimé. Marie retrouvait en lui une vivante image de Jésus. Il était son proche parent, et en tout semblable au Seigneur par sa figure et par son genre de vie.

Elle assistait à toutes les réunions des apôtres, et quoiqu’elle n’eût point à y parler d’autorité, Pierre et ses frères n’y décidaient rien sans son conseil. Elle était là quand ils composèrent le Credo, tout à côté du lieu de l’Ascension, quand ils se distribuèrent le monde à évangéliser ; elle les suivait par ses prières dans toutes leurs courses apostoliques, et les Apôtres ne perdaient pas un moment le souvenir de la Mère du Seigneur.

Quand l’apôtre de l’Espagne, le frère de saint Jean, Jacques le Majeur, gémissait du peu de fruit qu’il faisait dans la province qui lui avait été assignée, Marie se faisait transporter par les anges, et venait le consoler par sa présence et par ses paroles. Nous raconterons en son temps cette histoire.

C’est sans doute Marie qui fit connaître à saint Luc les détails qu’il rapporte au commencement de son Evangile sur l’enfance de saint Jean-Baptiste et de Jésus. L’Evangile de saint Jean n’est-il pas le splendide reflet des conversations qu’il avait avec Marie ?

Combien de temps dura encore après la passion la vie mortelle de Marie ? Il est difficile de le dire avec certitude. L’opinion la plus répandue et la plus probable est que Marie survécut douze ans à son fils, et qu’elle mourut l’an 45 de notre ère, âgée de cinquante-neuf ans.

La mort de la sainte Vierge

La charité de la bienheureuse Vierge et le désir ardent de revoir son fils croissaient sans cesse selon la loi de l’amour qui comme la flamme veut monter toujours. Enfin la terre ne fut plus capable de contenir une telle charité, et l’élan de cette flamme brisa les liens qui retenaient l’âme attachée au corps virginal de Marie.

Voici ce que la tradition nous rapporte sur les derniers moments de Marie. Nous empruntons le récit à la Légende dorée. Tous les détails marquants peuvent être regardés comme historiquement certains et sont confirmés par les monuments conservés à Jérusalem.

Un jour vint où la Vierge fut saisie d’un désir plus violent de revoir enfin son Fils bien-aimé, et versa une grande abondance de larmes. Un ange lui apparut et la salua respectueusement comme sa Reine, en lui disant : « Salut, Vierge bénie, recevez la bénédiction du Sauveur d’Israël. Je vous apporte du ciel, ô ma Souveraine, cette palme qui sera portée devant votre cercueil, lorsque dans trois jours, votre âme sortira de votre corps, car votre Fils attend sa vénérable Mère. – Si j’ai trouvé grâce devant vos yeux, répondit Marie, je vous conjure de me dire votre nom. Je vous demande aussi la faveur de voir encore une fois avant de mourir tous les Apôtres de mon Fils, et d’être ensevelie par leurs mains. Je demande enfin de ne voir à mon agonie aucun des esprits mauvais. »

L’ange répondit : « Pourquoi désirez-vous de savoir mon nom qui est admirable ? Les Apôtres viendront aujourd’hui mêmes amenés par les anges se ranger autour de vous. Quant au démon, qu’avez-vous à craindre de lui puisque vous lui avez écrasé la tête ? Cependant, que votre volonté soit faite, il ne paraîtra pas devant vous. » A ces mots l’ange remonta au ciel, laissant la chambre toute resplendissante d’une lumière céleste.

Au même instant, comme Jean prêchait à Ephèse, un coup de tonnerre éclata dans le ciel, et un nuage brillant l’enleva dans son sein. Il fut soudain transporté sur le mont Sion, et, frappant à la porte de Marie, il entra avec respect. La Vierge le reçut en pleurant de joie : « Souviens-toi, lui dit-elle, que Jésus m’a confié à toi comme ta mère. Je vais quitter cette terre ; mais les Juifs ont formés le dessein de ravir et de brûler mon corps. Je te commande donc de faire porter cette palme devant mon cercueil quand on me conduira au tombeau. »

Jean s’écria : « Plût à Dieu que tous les Apôtres mes frères fussent ici en ce moment ! » Comme il parlait ainsi, voilà que soudain les Apôtres, enlevés sur des nuages de toutes les régions où ils prêchaient se trouvèrent réunis devant la maison de Marie. Tandis que surpris de se revoir si inopinément, ils cherchaient la raison de ce prodige, Jean vint les recevoir. Il leur annonça que les derniers moments de Marie étaient proches, et il leur commanda de ne point pleurer, afin que les Juifs ne disent pas : « Voyez comme ceux-ci craignent la mort, tandis qu’ils prêchent aux autres la résurrection. »

Saint Denys l’Aréophagite, qui était là présent avec son maître Hiérothée, et beaucoup de disciples, dit que tous les Apôtres, chacun à sa manière, célébrèrent la bonté toute puissante de Dieu qui s’était revêtu de notre infirmité. En ce moment Hiérothée surpassa tous les autres prêtres de l’assemblée. Il paraissait ravi, transporté hors de lui-même par le spectacle des merveilles dont il était le témoin.

Vers la troisième heure de la nuit, Jésus arriva lui-même environné des ordres des anges, de l’assemblée des patriarches, de l’armée des martyrs, des chœurs des confesseurs et des vierges. Toute cette troupe se rangea autour du lit de la Vierge.

Jésus, prenant le premier la parole, lui dit : « Venez vous que j’ai élue, et je placerai en vous mon trône, car j’ai désiré votre beauté. – Mon cœur est prêt, Seigneur, dit Marie, mon cœur est prêt. » Alors le cortège céleste entonna ce cantique : « Celle-ci est la Vierge sans souillure, elle recueillera le fruit de ses travaux le jour où Dieu consolera les âmes saintes. » Et Marie chanta à son tour : « Toutes âmes m’appelleront Bienheureuse, parce que le Tout-Puissant a fait en moi de grandes choses, et son nom est saint. »

Alors Jésus lui-même chanta d’une voix plus excellente que tous les autres : « Venez du Liban, ô mon Epouse, venez et vous serez couronnée. » Et Marie répondit : « Voici que je viens, car il est écrit de moi en tête du livre que je ferai votre volonté, et mon esprit tressaille en Dieu mon Sauveur. »

A ces mots, l’âme de Marie s’envola dans les bras de Jésus, et le Seigneur dit aux Apôtres : « Emportez le corps de ma Mère et ensevelissez-le dans la vallée de Josaphat, dans un sépulcre nouveau que vous y trouverez, et attendez-moi trois jours en ce lieu, jusqu’à ce que je revienne. » Et entouré des anges et des saints qui l’accompagnaient en chantant, Jésus emporta au ciel l’âme de sa Mère, et la plaça sur un trône de gloire.

Funérailles de Marie

Les Apôtres, revenus de l’étonnement où cette vision céleste les avait plongés, s’occupèrent à rendre les derniers devoirs au corps sacré de Marie. Trois vierges qui étaient là dépouillèrent le corps pour le laver ; le corps resplendissait d’une telle clarté, qu’elles purent bien le toucher pour le laver, mais qu’il leur était impossible de le voir. Et cette lumière dura jusqu’à ce que les trois vierges eussent achevé de rendre le pieux office.

Ensuite les Apôtres prirent le corps avec révérence, et le placèrent dans le cercueil. Et Jean dit à Pierre : « Prenez cette palme et portez-la devant le cercueil, car le Seigneur vous a mis à notre tête, comme le pasteur et le chef de son troupeau. – Et c’est plutôt à vous qu’il convient de le porter, répondit Pierre, parce que vous avez été choisi par le Seigneur étant vierge, et qu’il est juste que la palme de la Vierge soit tenue par celui qui est vierge. Pour moi je porterai le corps, et les autres l’entoureront en louant Dieu. » Et Paul ajouta : « Moi qui suis le dernier de vous tous, je porterai le corps avec Pierre. »

Pierre et Paul soulevèrent donc le fardeau sacré, et Pierre commença le chant en disant : « Israël est sorti de l’Egypte, alleluia. » Les autres Apôtres continuèrent le psaume d’une voix très suave. Le Seigneur couvrit le cercueil et les Apôtres d’une nuée lumineuse, si bien qu’on entendait leur voix, mais qu’on ne les voyait pas . Des anges vinrent chanter avec les Apôtres, et la montagne de Sion retentit de concerts d’une merveilleuse douceur.

Toute la ville de Jérusalem, émerveillée par ces accents d’une si douce mélodie, accourut aussitôt, et on se demandait de tous côtés ce que cela voulait dire. Quelqu’un dit : « C’est cette Marie que les disciples de Jésus emportent au tombeau, et c’est autour d’elle qu’on chante ainsi. »

Les Juifs alors courent aux armes, et ils s’excitent les uns les autres en disant : « Venez, tuons les disciples, et jetons au feu le corps qui a porté ce séducteur. » Le prince des prêtres, tout frémissant de colère, s’écria : « Voilà donc le tabernacle où habitera celui qui nous a confondus et a troublé notre nation. Le laisserons-nous glorifier de la sorte ? » En parlant ainsi il porta les mains sur le cercueil et voulait le jeter à terre. Mais ses mains se séchèrent et restèrent attachées à la bière, il suivait ainsi en poussant de grandes lamentations, et tout le reste du peuple fut frappé de cécité par les anges qui se tenaient dans le nuage. Le prince des prêtres criait : « O Pierre, ne me méprisez pas dans mes angoisses, priez le Seigneur pour moi, je vous en conjure, et souvenez-vous que j’ai pris autrefois votre défense quand vous étiez accusé par la servante qui gardait la porte. »

Pierre lui répondit : « Nous sommes tout occupés des honneurs que nous rendons à Notre-Dame, et nous n’avons pas le temps de penser à vous guérir. Cependant si vous croyez en Notre-Seigneur Jésus-Christ et en Celle-ci qui l’a engendré et porté, j’espère que vous recouvrez la santé. » Et le Pontife s’écria : « Je crois que le Seigneur Jésus est le vrai Fils de Dieu, et que Celle-ci est sa très sainte Mère. » A ces mots ses mains se détachèrent, mais elles restèrent arides et paralysées, et il souffrait continuellement. Alors Pierre lui dit : « Baisez le cercueil et dites : Je crois en Jésus-Christ Dieu, que Celle-ci a porté dans son sein virginal, et elle est demeurée Vierge après son enfantement. » Le Pontife obéit, et retrouva aussitôt la santé.

Pierre reprit alors : « Maintenant, demandez à Jean mon frère la palme qu’il porte, et portez-la sur ce peuple frappé de cécité. Tout ceux qui voudront croire recouvreront la vue ; mais ceux qui refuseront resteront dans un aveuglement éternel. » Et il arriva comme Pierre avait dit.

On voit encore sur le mont Sion une pierre commémorative de ce fait.

Marie est portée au ciel

Les Apôtres en emportant le corps de Marie jusqu’au sépulcre, l’y déposèrent, et demeurèrent là trois jours, suivant l’ordre du Seigneur, en chantant des hymnes auxquels les anges répondaient en alternant.

Le troisième jour, Jésus leur apparut entouré de la multitude des anges et leur dit : « La paix soit avec vous. » Ils répondirent : « Gloire à vous, Seigneur, qui seul accomplissez des merveilles étonnantes. » Et le Seigneur leur demanda : Quelle grâce et quel honneur vous paraît-il bon que j’accorde à ma Mère ? – Seigneur, reprirent les Apôtres, il semble juste à vos serviteurs que, de même que vous avez vaincu la mort et que vous régniez dans la gloire, vous ressuscitiez aussi le corps de votre Mère et le placiez à votre droite pour l’éternité. »

Jésus y consentit, et l’archange saint Michel descendit du ciel et présenta à Jésus-Christ l’âme de sa Mère. Alors le Sauveur prenant la parole, dit : « Elevez-vous ma Mère, ma colombe, tabernacle de gloire, sanctuaire de la vie, temple céleste, et que votre corps qui n’a point connu la corruption du péché, ne connaisse pas non plus celle du tombeau. » Au même instant l’âme de Marie s’approcha du corps ; la Vierge sortit glorieuse du tombeau et fut emportée par les anges dans les demeures célestes.

Or l’apôtre Thomas n’était point avec les autres quand le corps de Marie fut enlevé au ciel. Lorsqu’il revint, les Apôtres étaient seuls auprès du tombeau, et comme il refusait de croire que Marie avait été enlevée toute entière dans les cieux, la Vierge pour le convaincre lui fit tomber entre les mains la ceinture qu’elle avait coutume de porter.

Jacques de Voragine, malgré la facilité de sa critique, dit que le dernier trait est à laisser plutôt qu’à défendre. Cependant on montre sur le mont des Oliviers, un peu en amont du tombeau de la sainte Vierge, le rocher sur lequel on dit que saint Thomas reçut la sainte ceinture. Et la dévotion à la ceinture de Marie est très célèbre en Orient et en Occident, et a été enrichie par l’Eglise de nombreuses indulgences.