Saint André Avillino

Fête le 10 novembre

Que l’on invoque contre la mort subite et imprévue


Légende de la gravure de la première page

Par une grande tempête, André Avellino revenait de porter les sacrements à un malade, la violence de l’orage éteignit le flambeau de ses compagnons, et l’on ne pouvait plus retrouver le chemin ; mais soudain le corps du saint s’illumina, un éclat miraculeux éclaira le chemin et en même temps l’eau s’écartait, et ils passaient au milieu des torrents de pluie sans être mouillés.

Les saints sont tous, au milieu des orages de ce monde, des phares bienfaisants pour préserver ceux qui les suivent dans les bonnes œuvres.


La vie qui suit est écrite par un prélat, qui s’efforce de propager la dévotion à S. Avellino, sur laquelle il a écrit un opuscule, approuvé par Mgr de Caval, que nous réimprimerons.

Et, pour revenir au sujet qui nous occupe, où sont en France les fidèles qui connaissent saint André Avellino, ou du moins qui l’invoquent, comme un protecteur puissant, contre la mort subite et imprévue (1) ?

Et cependant saint André Avellino jouit à Rome d’une confiance bien méritée sous ce rapport. Il y est l’objet d’un culte spécial, qui se manifeste par des Neuvaines, des Triduo, etc. Ainsi, les 24, 25 et 26 janvier 1862, l’Archiconfrérie du Divino Amore faisait célébrer dans l’église Della Valle un Triduo en l’honneur de saint André Avellino dont l’intercession est si puissante contre la mort subite.

Est-il besoin d’ajouter que l’auteur italien de l’ouvrage précédemment cité atteste formellement que saint André Avellino, lequel fut frappé d’apoplexie, en disant la sainte Messe, intercède auprès de Dieu pour que ses dévots serviteurs ne soient pas surpris par une mort imprévue ?

Nous ne saurions donc trop recommander à tous les fidèles (tous, en effet, doivent craindre la mort imprévue) la dévotion à saint André Avellino, dévotion trop peu connue, trop peu pratiquée jusqu’ici dans nos contrées, dévotion douce, consolante, et qui peut contribuer puissamment à nous faire obtenir la grâce d’une sainte mort.

Mais, pour que cette dévotion se répande, se popularise, il importe de faire connaître, brièvement du moins, la vie et la mort de saint André Avellino. C’est ce que nous nous sommes proposé en publiant cette courte notice.

André Avellino (2) naquit, en 1521, dans le royaume de Naples, de Jean Avellino et de Marguerite Apella son épouse. Tous deux, d’excellents chrétiens, formèrent de bonne heure leur enfant à la pratique de la vertu. Son oncle, archiprêtre du lieu de sa naissance, lui enseigna les éléments de la grammaire. Dès son enfance, André donna des marques éclatantes de sainteté. Parvenu à l’adolescence, il quitta la maison paternelle, pour se livrer à l’étude des lettres, et passa dans ce genre d’occupation les années dangereuses de cet âge, sans jamais perdre de vue la crainte du Seigneur, qui est le commencement de la sagesse. Il était déjà entré dans l’état ecclésiastique, quand il se rendit à Naples pour étudier la science du droit. Il y obtint le grade de docteur, et élevé sur ces entrefaites à la dignité sacerdotale, il exerça les fonctions d’avocat, mais seulement devant les tribunaux ecclésiastiques, et dans les causes de quelques particuliers, suivant les prescriptions des saints Canons. Un jour qu’un léger mensonge lui était échappé dans l’exercice de ses fonctions, il tomba par hasard sur ces paroles de la Sainte Ecriture : Os quod mentitur, occidit animam, et fut saisi alors d’une si vive douleur et d’un tel repentir de sa faute, qu’il forma soudain le projet de renoncer à ses fonctions d’avocat. Ce qu’ayant fait, il se consacra tout entier au culte divin et au saint ministère. Les vertus ecclésiastiques dont il donna l’exemple, le signalèrent à l’attention de l’archevêque de Naples qui le chargea de la direction d’un couvent de religieuses. S’étant attiré dans cette charge, la haine d’hommes pervers, notre saint échappa une première fois à une tentative de meurtre ; mais bientôt frappé par un sicaire de trois coups de stylet à la figure, il supporta avec un grand calme l’atrocité de cet attentat. Animé alors du désir d’une vie plus parfaite, il demanda humblement à être admis au nombre des Clercs réguliers, c’est-à-dire des Théatins, qui le reçurent et lui donnèrent le nom d’André, qu’il avait demandé instamment de prendre, à cause du grand amour qu’il avait pour la Croix.

Entré dans une nouvelle voie, André s’exerça avec un zèle de plus en plus grand aux pratiques de la vertu, et se lia par deux vœux difficiles : l’un, de résister continuellement à sa volonté propre, l’autre de faire toujours de nouveaux progrès dans la carrière de la perfection chrétienne. On admirait son zèle pour la mortification extérieure, et la sévérité avec laquelle il traitait son corps ; mais ce qu’on admirait surtout en lui, c’était son amour pour l’abjection, et son ardeur à se dépouiller du vieil homme.

Observateur assidu de la discipline régulière, André en devint le zélé promoteur, quand il fut mis à la tête de ses frères. Tout ce qui lui restait de temps en dehors des devoirs de son office et des prescriptions de sa règle, il l’employait à la prière et au salut des âmes. En entendant les confessions, il se fit remarquer par une piété et une prudence admirables ; et en se livrant fréquemment, dans les villes et les bourgs qui avoisinent Naples, aux œuvres du ministère évangélique, il obtint de grands succès spirituels. Dieu se plût même à illustrer par des prodiges l’ardente charité de son serviteur envers le prochain.

Une nuit que, par une grande tempête, André revenait de confesser un malade, la violence de la pluie et du vent éteignit le flambeau qui servait à l’éclairer : non seulement ses compagnons et lui ne reçurent aucune goutte d’eau au milieu des torrents de pluie qui tombaient, mais encore il arriva que notre saint, grâce à une vive splendeur qui jaillissait miraculeusement de son corps, servit de guide au sein des plus profondes ténèbres, à ceux qui l’accompagnaient. Il pratiqua à un haut degré la mortification, la patience et l’abjection, et la haine de soi-même. Il supporta avec calme la mort violente dont son neveu fut victime, réprima dans les siens tout désir de vengeance, et alla jusqu'à implorer la protection et la miséricorde des juges en faveur des meurtriers.

Plein de zèle pour la sanctification des prêtres, André voulait rétablir dans le clergé l’esprit dont les apôtres avaient été animés. Il fut appelé à Milan et à Plaisance pour y établir des maisons de son Ordre. Dieu bénit ses entreprises. Dans la première de ses deux villes, il assista de ses conseils saint Charles Borromée, et dans la seconde, il établit une maison de Pénitentes qui devint, grâce à son zèle ardent, et à l’action féconde de l’Esprit Saint, une sorte de paradis.

Rempli d’une singulière dévotion envers la sainte Vierge, André fut admis à jouir de l’entretien des Anges qu’il entendit chanter, pendant qu’il récitait le saint office. Enfin, après des exemples héroïques de vertus, célèbre par le don de prophétie qui lui révéla les secrets des cœurs, les choses éloignées et les choses futures, épuisé de travaux, âgé de 88 ans, André fut subitement frappé d’apoplexie, au moment où, commençant à célébrer, avec sa ferveur ordinaire, le saint Sacrifice de la messe, il répétait pour la troisième fois les paroles : Introibo ad altare Dei. Le coup fut tellement soudain que, sans le secours de son servant de messe, André serait tombé par terre, si toutefois avait pu tomber, comme dit Clément XI, dans sa Bulle de Canonisation, ce vieillard intrépide que la vieillesse avait saisi au service du Christ, et que le dernier jour trouvait combattant pour le Sauveur.... si corruere utique poterat fortis ille senex, quem senectus Christo occupaverat servientem, et quem extrema dies Salvatori invenerat molitantem.

Les assistants accoururent aussitôt pour venir à son aide. Les Pères Théatins avertis à temps l’emportèrent dans leur maison contiguë à l’église, et lui ôtèrent les vêtements sacrés dont il était revêtu. On lui administra plusieurs remèdes qui ne produisirent aucun effet. La violence du mal lui avait enlevé l’usage de la parole, mais n’avait nullement altéré sa raison, ainsi qu’on pût s’en convaincre, en lui voyant faire des signes et des gestes par lesquels il manifestait son désir ardent d’être porté devant le maître-autel. Le supérieur lui ayant demandé si c’était pour recevoir la sainte Eucharistie, André baissa deux fois la tête, en signe d’affirmation, et continua de manifester ce même désir, jusqu'à ce qu’il eût obtenu la promesse qu’on satisferait à sa demande. Mais préalablement, on voulut le transporter dans sa chambre, pour qu’il pût y recevoir les soins convenables. Les médecins arrivèrent, et déclarèrent que le malade n’avait plus que quelques heures à vivre ; alors on s’empressa de lui administrer le saint Viatique et le sacrement de l’Extrême-Onction.

Quelque violent que fût son mal, André conserva, par une faveur singulière de Dieu, sa liberté d’esprit pleine et entière ; si bien qu’ayant vu de loin le saint Sacrement dans les mains du prêtre, il donna des signes extraordinaires de piété et de dévotion, et fit tous les efforts possibles pour sortir de son lit, afin de recevoir, le front dans la poussière, le Dieu de gloire qui venait le visiter. La violence du mal et l’ordre du supérieur empêchèrent notre saint d’exécuter son désir.

Après avoir reçu les Sacrements de l’Eglise, André goûta un peu de repos pendant quelques heures. Des religieux et des séculiers entrèrent dans sa chambre, et demandèrent sa bénédiction. Le malade indiqua qu’il les reconnaissaient parfaitement, et daigna accéder à leurs vœux. Plus d’une fois, il avait prédit que, pendant son agonie, il aurait un rude combat à soutenir contre l’ennemi du genre humain. Lorsque ceux qui l’assistaient virent son visage se contracter, comme sous l’empire de la crainte, et se couvrir d’un nuage de tristesse, ils crurent que l’heure du combat prédit était arrivée et prièrent pour lui avec ferveur. André de son côté, ayant fixé plusieurs fois avec une grande fermeté les yeux d’une image très pieuse suspendue à la muraille de sa chambre, recouvra bientôt sa tranquillité accoutumée ; et son âme joyeuse et triomphante s’envola vers le Ciel pour y recevoir la couronne du bon combat qu’il avait combattu.

Lorsque André se fut endormi dans le Seigneur, le bruit de sa sainteté se répandit de tous côtés. Béatifié par le Pape Urbain VIII, en 1628, il fut canonisé, c’est-à-dire inscrit solennellement au nombre des Saints, par le Pape Clément VI, en 1712, après la constatation de huit miracles éclatants, dont trois furent approuvés par le même Pontife. Choisi par la Sicile et par la ville de Naples pour être un de leurs patrons, André y est l’objet d’un culte particulier. Sa fête obligatoire et du rite semi-double pour toute l’Eglise, a été élevée au rite double pour l’Italie, et se célèbre le 10 novembre. Son corps repose à Naples dans l’église Saint-Paul (3).

DE LA DEVOTION A SAINT ANDRE AVELLINO

Dieu ne s’est pas contenté d’établir pour les maux physiques qui peuvent fondre sur nous des remèdes naturels destinés à les prévenir ou à les combattre. Il a fait plus : dans sa miséricorde bonté à notre égard, il a mis à notre disposition des moyens surnaturels qui peuvent soulager ou guérir non seulement nos maux spirituels, mais encore nos maux temporels eux-mêmes. L’invocation des Saints, nos frères du Ciel, qui, comme nous, ont connus la douleur et la souffrance, est un de ces moyens, moyen puissant qui n’est peut-être pas aussi usité en France que dans d’autres contrées catholiques. Le Jansénisme ayant exercé chez nous, sur le culte des Saints, des influences funestes, dont nous ressentons encore les effets, il se trouve que des chrétiens, instruits d’ailleurs, semblent ignorer ce que l’on sait si bien en Italie, et surtout à Rome, à savoir qu’il n’est guère de maladies, ou de besoins temporels de l’ordre même le plus vulgaire, dans lequel on ne puisse recourir, avec plus ou moins de fruit, à l’intercession de tel ou tel saint en particulier. Où sont dans nos villes (les campagnes sont généralement plus chrétiennes, plus traditionnelles) où sont, en dehors des dévots et des gens du peuple, les fidèles qui, par exemple, s’adressent à saint Antoine de Padoue pour retrouver un objet perdu, se recommandent à saint Hubert contre la rage, recourent à saint Roch, contre la peste, à sainte Apollonie, contre les maux de dents, à saint Liboire, contre la pierre, à sainte Lucie, contre les maux d’yeux, etc ?

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(1) L’auteur de cet écrit avoue bien franchement être arrivé à l’âge de plus de quarante ans, sans avoir su que saint André Avellino fût invoqué contre ce genre de mort. Il confesse avec la même simplicité que les frayeurs qu’il éprouvait, en pensant à la mort subite, se sont calmées, depuis qu’il a eu le bonheur de se recommander chaque jour à ce grand serviteur de Dieu ; et il espère obtenir, par son intercession, l’insigne faveur de recevoir, dans de saintes dispositions, les derniers sacrements à l’heure de la mort.

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(2) L’auteur s’est servi, pour rédiger cette notice, des leçons du Bréviaire Romain, de la Bulle de Canonisation, et de l’ouvrage intitulé : Vie des Pères, Martyrs, etc., par Godescard, édition augmentée par Mgr Doney, évêque de Montauban.

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(3) Saint André Avellino a composé plusieurs ouvrages de piété, qui ont été imprimés en cinq volumes in-4° à Naples, en 1733 et 1734.

Le premier volume renferme, 1° un traité de la prière ; 2° une exposition de l’oraison dominicale ; 3° des réflexions sur les prières les plus usitées dans l’Eglise en l’honneur de la sainte Vierge ; 4° un commentaire sur l’épître de saint Jacques.

On trouve dans le second volume, 1° un traité de renoncement au monde ; 2° des commentaires sur le psaume CXVIII et sur le psaume XLV ; 3° un traité sur les huit béatitudes.

Des homélies sur les évangiles de tous les dimanches de l’année, et de tous les jours du carême, forment le troisième volume.

Le quatrième contient un traité intitulé, les Exercices de l’esprit ; des méditations, des avis à une religieuse, une explication des dons du Saint-Esprit, une dissertation sur le péché originel.

Le cinquième volume est composé de divers traités, qui ont pour objet l’humilité, l’amour de Dieu et du prochain, la miséricorde de Dieu, et plusieurs vertus chrétiennes.

Nous avons aussi, de saint André Avellino, des lettres très intéressantes, qui ont été imprimées à Naples en 1732, en deux volumes in-4°. Voyez le P. de Tracy. Nous n’avons fait qu’abréger la notice qu’il a donnée des ouvrages de saint André Avellino.

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