Saint Alphonse d'Orozco

Fête le 19 septembre

Des ermites de Saint Augustin


Légende de la gravure

Le Bienheureux Alphonse d’Orozco persuade à Charles-Quint d’abdiquer pour se retirer en un monastère.


Premières années

Le bienheureux Alphonse naquit à Oropesa, en Espagne, le 17 octobre de l’an 1500. Pendant que sa mère était enceinte elle offrit son enfant à la sainte Vierge et lui demanda quel nom il devait porter. La Mère de Dieu lui apparut et lui dit : « Quel patron pourrait avoir ton fils si ce n’est mon grand serviteur Ildefonse, qu’il porte son nom et marche sur ses traces. » L’enfant s’appela Alphonse ou Alonso, diminutifs espagnols d’Ildefonse.

Ses parents lui inspirèrent de bonne heure un grand amour pour Jésus notre Sauveur et pour sa divine Mère. Alphonse se pénétra si promptement de ses sentiments, qu’à l’âge de six ans il fit vœu de se consacrer au Seigneur dans l’état ecclésiastique. Son père, pour favoriser ses dispositions, l’envoya quatre ans plus tard, à Tolède où il fut reçu, dans la cathédrale, comme enfant de chœur. Il y fit de grands progrès dans la piété, il s’y adonna aussi avec succès à l’étude de la musique, dont les mélodies lui servirent toute sa vie comme d’épanchement à son amour pour Dieu.

Peu après, Alphonse se rendit à la célèbre université de Salamanque, qui possédait alors en Espagne le monopole de la science : il y fit de rapides progrès dans les connaissances divines et humaines.

Alphonse se fait Augustin – Epreuves du noviciat

Saint Thomas de Villeneuve, de l’Ordre de Saint-Augustin, vint alors dans cette ville. Par sa parole ardente et puissante il transforma bientôt toute la cité et fit tourner vers Dieu tous les esprits. Entraîné par la sainteté du prédicateur, François, le frère d’Alphonse, se fit moine dans le couvent qu’il dirigeait. Le jeune Orozco s’attrista fort de cette séparation à laquelle il n’était point préparé. Mais la nuit qui la suivit saint Augustin lui apparut, le consola et définitivement lui ordonna de suivre son frère, et d’embrasser la vie de perfection telle que les Apôtres l’on pratiquée. Quelques semaines plus tard les deux frères prenaient ensemble l’habit augustinien (1522) et leur noviciat commençait ; il devait être pour Alonso plein de tribulations, quant à François, il alla l’achever dans le ciel.

Quand Dieu veut faire monter ses serviteurs jusqu’aux plus hauts degrés de la vertu, il commence par détruire en eux par les humiliations et les mortifications tout ce qu’il peut y avoir de terrestre et d’humain, afin que leur âme pleinement purifiée puisse s’élever sans entraves vers les choses divines. C’est de la sorte qu’il agit envers Alphonse, prédestiné à une si grande perfection. A peine entré en religion, le jeune homme sentit dans sa chair toutes les révoltes des passions, il ne trouvait que dégoût dans l’obéissance ; en outre des maladies successives jointes à un tourbillon de scrupules qui venaient obscurcir son âme, lui suggéraient continuellement des tentations de désespoir. Le démon ajoutait ses attaques à toutes ces épreuves ; tantôt il représentait au jeune novice la liberté dont on jouit dans le monde, tantôt l’amour naturel de ses parents, tantôt enfin il lui montrait l’âpre solitude de la vie religieuse qu’il avait embrassée, s’efforçant de lui persuader qu’il était impossible de persévérer dans un état si plein de labeurs. Toute sa vie n’était qu’un combat acharné.

Cette lutte perpétuelle empêchait Alphonse de laisser rouiller les armes que la vie religieuse mettait en son pouvoir et de s’endormir dans une quiétude plus périlleuse encore que la tentation. Fort de sa foi et de sa confiance en Dieu, il ne se laissa jamais abattre, et après une année de ces rudes épreuves il part offrir au Seigneur, en prononçant ses vœux, une âme fortement trempée et prête à soutenir les grands combats que lui réservait l’avenir.

Le Bienheureux Orozco ordonné prêtre

Jeune profès, il redoubla d’ardeur dans ses exercices de pénitence : ses jeûnes étaient continuels, il portait toujours le cilice, tout son repos consistait à passer, la nuit, quelques heures sur un lit de sarments. Il puisait la force et l’énergie nécessaires pour supporter tant de mortifications dans la prière et la fidélité à tous les exercices de la vie religieuse.

Il s’adonnait, en outre, avec ardeur aux études théologiques qui élevaient continuellement son âme vers Dieu et devaient lui permettre, plus tard, de faire pénétrer plus abondamment la vérité dans les âmes.

Ordonné prêtre, il célébra sa première Messe avec une ferveur ineffable, qui ne se ralentit jamais dans la suite. Cet acte principal de la vie sacerdotale absorbait toutes les forces de son âme, toutes les pensées de son esprit dès le premier instant du lever. Dès lors il se nourrissait par anticipation du divin Sacrifice qu’il allait offrir. Il restait à l’autel environ une heure, à cause des contemplations et des extases qui le privaient à certains moments de toute connaissance. Il prolongeait aussi son action de grâces qui, d’ailleurs, ne semblait point cesser car, toute la journée, il était plongé dans un recueillement profond, par lequel il s’efforçait de complaire à l’hôte qu’il avait reçu le matin et qu’il se préparait à recevoir le lendemain.

Grâce à cette force qu’il puisait chaque jour à l’autel, le bienheureux Orozco put résister aux terribles épreuves qui avaient commencé au noviciat et auxquelles s’ajouta bientôt une tentation de blasphème qui dura trente ans. « La tribulation, disait-il lui-même, est le coup d’éperon qui fait courir le chrétien dans le chemin de la vertu, c’est l’amertume qui fait détester à l’homme les plaisirs du monde, c’est le coup de fouet qui empêche de s’endormir dans la tiédeur, c’est enfin le frein seul capable de contenir la sensualité qui est comme un cheval indompté. » L’épreuve eut pour lui tous ces avantages ; aussi était-il promu au sacerdoce que ses supérieurs le jugèrent assez vertueux et assez savant pour le nommer prédicateur du couvent. Il remplit cette tâche avec un zèle vraiment apostolique qui attirait les âmes à lui. C’était dans la prière et la contemplation qu’il cherchait le secret d’émouvoir les cœurs pour les gagner au Christ. Cette méditation de la vérité en engendrait l’amour dans son âme et rendait sa parole à la fois élégante et simple, vive et passionnée. Il attirait à lui les foules et se montrait toujours, comme le Sauveur, plein de douceur et de suavité. Il aimait à montrer à ses auditeurs la grande miséricorde de Dieu pour nous : « C’est le propre de Dieu, disait-il, de pardonner les offenses. Mais il savait empêcher ses auditeurs de tomber dans la présomption, en ajoutant : « Cependant ne vous imaginez point que Dieu n’aie qu’un bras droit pour faire des largesses sans bras gauche pour venger les injures qui lui sont faites, car il est aussi juste que miséricordieux. »

Cette ligne de conduite, pleine de douceur et de suavité, le bienheureux Orozco la suivait en tout. Etant prieur des couvents de Soria et de Médina (de 1538 à 1541) il s’efforçait de se faire plutôt aimer que craindre de ses subordonnés. Il savait que si par la fermeté, la sévérité on peut obtenir la régularité extérieure d’un couvent, on ne peut espérer de ses frères un avancement vrai et solide dans la vertu, une disposition favorable au service de Dieu qu’en y gagnant leurs cœurs et en leur rendant aimable ce qu’on veut obtenir d’eux. Mais le grand moyen dont il se servait pour les attirer à Dieu était de leur donner lui-même l’exemple de toutes les vertus religieuses.

Le père Alphonse devient auteur

Au Chapitre général tenu à Duenas, en 1541, le Bienheureux fut nommé visiteur de la province d’Espagne. Cette charge le força à parcourir successivement tous les couvents Augustiniens, alors très nombreux de la Péninsule. En passant à Séville il eut une vision qu’il raconte en ces termes : « Comme je me trouvais dans le couvent de cette ville, la sainte Vierge m’apparut en songe et me dit cette seule parole : Ecris. La joie que je ressentis à cette vue fut si grande que je ne saurais l’exprimer. Le visage de la Reine du ciel était si humble à la fois et si grave, que même maintenant il me semble encore la voir, tant son image s’imprima profondément dans mon cœur. Cette joie m’arracha au sommeil et je fis aussitôt cette prière :  « Oh ! Reine des Anges, je vous en supplie, Si ce que je viens de voir n’est pas un pur effet de mon imagination, rendez-moi certain de votre volonté par une seconde révélation. » Je me rendormis aussitôt, la Vierge m’apparut de nouveau et me dit : « Ecris. »

Quelques jours après l’heureux auteur commençait à obéir. Dès lors il offrit chaque année un livre comme tribut à la Reine des Cieux.

Dieu ne commande rien sans donner le moyen d’accomplir sa volonté. Il voulait que le Père Alphonse guidât les âmes dans le chemin du ciel, il illumina son esprit pour en faire un guide sûr. Aussi toutes les œuvres du Bienheureux n’ont-elles un fondement de doctrine forte et substantielle qui éclaire l’intelligence et enflamme la volonté. On respire, en lisant ses ouvrages, un parfum délicieux de suavité, une inexprimable douceur de sentiments qui rappellent le ciel où il puisait son inspiration. Ses pages sortent d’un cœur plein de charité plutôt que d’une intelligence qui cherche à remplacer la chaleur de l’inspiration vive et spontanée en recouvrant ses pensées du manteau trompeur de la rhétorique.

Il part pour l’Amérique

Ce nouveau travail joint à ceux qui le soutenait auparavant ne suffisait point encore au zèle du Bienheureux ; il voulait se sacrifier d’une manière plus complète, il désirait ardemment obtenir la faveur de mourir martyr. Il put espérer un moment qu’il allait être exaucé car ses supérieurs lui permirent de s’embarquer pour les missions du Mexique en 1548. Mais Dieu n’accepta point son sacrifice, il lui envoya une maladie qui le força d’abord de s’arrêter aux îles Canaries et ensuite de revenir en Espagne. Peu après il fut délivré des scrupules et des tentations contre la foi qui avaient jusque-là continué à l’obséder. Une nuit qu’il revenait de Matines et rentrait dans sa cellule, il entendit de formidables aboiements poussés par les démons sortant en tumulte, et une voix céleste forte et douce qui disait : « Alphonse, ils s’en vont vaincus. » Dès lors le Père Orozco mena sur la terre une vie angélique, sans ces combats et ces épreuves intérieures qui l’avaient tant fait souffrir pendant trente ans.

Il est nommé prédicateur du roi

En ce temps, 1554, ses supérieurs lui confièrent le priorat du couvent Saint-Augustin à Valladolid. Ce poste éminent mettait Alphonse sur le chandelier et l’exposait aux regards de tous. De même que le soleil ne peut s’empêcher d’illuminer, de même le Saint ne peut s’empêcher de répandre partout le suave parfum de sa piété. Aussi était-ce tout un de converser avec le Bienheureux et de se sentir captivé par ses vertus. L’influence du Père Orozco fut si grande que les princes demandèrent et obtinrent de Charles-Quint qu’il fût nommé prédicateur de la cour.

Peu après cet acte, le grand empereur abdiquait, laissant l’Espagne à Philippe II son fils. Le Père Alphonse se trouva continuellement aux côtés de ce prince, si calomnié. Il sera, auprès de la postérité, comme une garantie de la droiture des intentions de ce roi. Il suivit la cour à Madrid, mais ne voulut point séjourner au palais. Il aimait trop la vie religieuse pour ne point s’efforcer de demeurer dans un couvent. Il alla demander une cellule au monastère augustinien de Saint-Philippe. Son premier acte en y arrivant fut de se prosterner aux pieds du prieur, se soumettre à lui, et de renoncer à tous ses privilèges et à toutes les exemptions que sa charge lui conférait. Il choisit dans la maison la chambre la plus pauvre et la moins commode ; il en fit consister tout l’ornement en un arsenal de disciplines, de bracelets de fer, et d’autres instruments de mortification ; son lit était composé de quelques sarments cachés par une couverture. Une image du Crucifix dominait tout ce mobilier et lui rendait agréables tous ces objets si contraire aux désirs de la nature. Mais il ne voulait point qu’on connût ses mortifications et il défendait l’accès de sa cellule à tout le monde.

Dur envers lui-même, il était pour les autres plein de douceur et de charité. Comme il avait la permission de disposer de l’argent qu’il recevait comme prédicateur, il le distribuait tout entier aux pauvres, ce qu’il faisait prudemment toutefois, en donnant tous les matins à chacun d’eux ce qui lui était nécessaire pour passer le jour.

Mais sa réputation de charité lui attirait de si nombreux clients que, souvent, ses ressources ne lui suffisaient pas. Il distribuait alors tout ce qu’il pouvait se procurer, même ses habits.

Un jour, il n’avait plus rien, une pauvre femme se présente lui demandant l’aumône ; le Bienheureux n’a pas la force de la renvoyer, il prend des ciseaux et coupe des deux côtés de son habit ce qu’il avait de trop large. Cet habit recousu ressemblait à un sac, le Père n’en ayant point d’autre dut se rendre à la cour dans cet accoutrement. La vue de cette charité, qui ne reculait devant aucun sacrifice, opéra un heureux changement dans l’âme de plusieurs seigneurs qui, désormais, s’associèrent aux bonnes œuvres du Père Orozco.

Il était aussi très zélé pour porter l’aumône spirituelle dans les prisons et les hôpitaux. Il consolait les malades et leur imposait les mains, ce qui valut à beaucoup d’entre eux une guérison complète.

Fin spéciale que se proposait le Bienheureux

Mais ce n’était là qu’un côté de la vie du Père Alphonse, son but principal, celui qu’il poursuivait avec le plus d’ardeur, c’était d’exciter et d’augmenter la foi des grands de la cour pour qu’ils fussent, comme un levain préservateur, capables d’empêcher l’hérésie luthérienne de pénétrer en Espagne. Comme dans toutes les autres œuvres, la prière et la mortification furent ses grands moyens d’action. Ses méditations fréquentes embrasaient son âme d’un amour de Dieu qui enflammait sa parole et lui donnait la force d’enthousiasmer tous ceux qui l’approchaient, et de susciter à chaque instant de nouveaux dévouements à la cause de Dieu. Il se montrait comme un ambassadeur du ciel chargé de maintenir les droits divins au milieu d’une société qui, dans son orgueil, commençait à leur opposer les prétendus droits de l’homme. Pendant quarante ans, il suivit à la cour cette règle de conduite sans jamais faiblir un instant, il parvint à inspirer au roi Philippe II et à tous ses seigneurs l’ardeur qui l’animait lui-même, pour l’unité de l’Eglise et la Sainte doctrine. Mais il craignait que sa voix, reçue dans des cœurs sur lesquels passaient d’une manière continuelle toutes les tempêtes du monde, ne laissât une trop faible empreinte. Il voulut obvier à cet inconvénient en écrivant sa doctrine, il l’abrita ainsi contre l’oubli qui menace toute parole humaine. Ses livres sur la politique chrétienne étaient surtout adressés au roi et à ses seigneurs.

Vieillesse du Père Orozco

Cependant la vieillesse avançait, déjà autour de lui le Bienheureux entendait des personnes dévouées lui parler de repos. Mais l’intrépide travailleur ne voulait pas entendre ces conseils : « Notre vie, disait-il, est un combat, je me reposerai dans la gloire, » et il continuait tranquillement ses travaux et ses pénitences. Il donnait son concours actif à toutes les œuvres capables d’augmenter le règne de Jésus-Christ sur la terre. Quand il voyait la gloire de Dieu en cause, il ne balançait pas un instant et se mettait au travail avec ardeur. C’est ainsi que, dans un âge très avancé, il ne recula pas devant la fondation très difficile de plusieurs couvents.

Dieu pour bénir son serviteur lui accorda le don des miracles. Il guérissait les malades en récitant les Evangiles et en les ceignant de la ceinture augustinienne.

Ces prodiges multipliés lui attiraient des honneurs ; pour les fuir il résolut de se retirer dans la solitude, afin aussi de se préparer au jugement de Dieu. A ces instances le roi Philippe répondait toujours : « Restez, je ne veux point chasser les saints de ma cour. » Le Saint obéit.

Toute la vie du Bienheureux si remplie de merveilles ne pouvait rester cachée, les supérieurs du Père lui ordonnèrent d’en faire une relation afin de servir à l’édification des âmes. Celui-ci écrivit sa vie sous forme de Confessions comptant bien éloigner par ce moyen les hommages qu’on lui rendait, mais il ne put y réussir. Dieu voulait dès ici-bas glorifier son serviteur qui au milieu de tous ces honneurs restait toujours profondément humble et comme abattu sous le poids de sa prétendue indignité. Il s’efforçait de persuader par ses paroles et par ses actes à ceux qui l’approchaient qu’il n’était qu’un misérable pécheur. Il n’apercevait en soi-même, qu’ingratitude envers Dieu tandis qu’il était toujours à admirer dans les autres ce qu’il y avait de bon et de saint.

Dans les derniers mois que dura sa vie mortelle il fut l’objets de faveurs extraordinaires qui étaient comme un avant goût du ciel. Le mercredi de la Pentecôte (1591) ; pendant sa méditation, il fut ravi dans une extase qui l’arracha violemment à la vie mortelle pour lui faire admirer un instant, contempler et bénir la bonté divine. En revenant à lui il s’écria : « Hélas ! quelle pauvre nature qui ne peut subir que peu de temps vos douceurs ! quand donc m’enlevez-vous ce corps de boue pour rendre mon âme bienheureuse en l’unissant à vous ? »

Précieuse mort du Bienheureux

La mort enfin répondit à ses désirs. Le 10 août 1591 il fut atteint de la fièvre qui devait l’emporter. Il supporta d’abord le mal par la force de sa volonté et ne cessa point pendant les vingt premiers jours de sa maladie la célébration du Saint-Sacrifice de la Messe. Aux représentations des médecins il répondait : « Qui me défend de dire la messe ? Gallien et Hippocrate ? s’ils savaient la valeur d’une messe, ils la préféreraient certainement à la santé. D’ailleurs Dieu ne fit jamais mal à personne. »

Vers le commencement de septembre il lui fut tout-à-fait impossible de sortir du lit. Il se faisait alors apporter la sainte Communion chaque jour. Les grands de la terre venaient aussi le visiter et lui manifester leur reconnaissance en remplissant à l’envi auprès de lui la charge d’infirmier. Dieu les récompensait, car leurs mains recevaient au contact du Bienheureux une odeur merveilleuse et vraiment divine.

Cependant la fièvre continuait ses ravages ; un jour même les assistants crurent le malade à l’agonie : « Ne craignez rien, leur dit celui-ci, le Seigneur m’a fait naître un jeudi, ce n’est que jeudi prochain qu’il m’appellera à Lui. »

Le jour fixé, au matin, il ressuscita une enfant et consola ainsi ses parents éplorés. Puis il demanda la croix qu’il avait tant aimée, il l’embrassa, la pressa aussi fortement qu’il put sur son cœur, lui exprimant tout son amour en des paroles douces et tendres, et lui demandant de le faire aborder, heureusement au port du salut.

Peu après il appela autour de son lit tous les religieux de la maison et leur fit lentement un discours d’adieu, en prenant pour sujet ces paroles du Sauveur : Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur. Il se recoucha ensuite et s’endormit doucement dans le Seigneur, le jeudi 19 septembre 1591.

Dieu glorifia le sépulcre de son serviteur en accordant des miracles sans nombre par son intercession, mais c’est surtout aux chrétiens de notre siècle qu’il appartient de vénérer le bienheureux Alphonse d’Orozco puisque c’est à eux que le Seigneur a réservé la béatification et peut-être bientôt la canonisation de son grand serviteur.