Saint Alphonse de Liguori

Fête le 2 août


Saint Alphonse de Liguori, jouant avec des enfants de son âge, entendit l’un d’eux blasphémer le saint nom de Dieu. Saisi de douleur, il courut demander à la Sainte Vierge le pardon du coupable. Ses camarades l’ayant cherché, le trouvèrent en extase au pied de la Madone.


Saint Alphonse de Liguori naquit près de Naples, l’an 1696. Sa mission sur la terre a été d’évangéliser les pauvres, de donner au monde un nouvel exemple d’humilité et d’ardeur pour le salut des âmes, et de raviver la dévotion envers la Sainte-Vierge.

Il venait de naître, lorsqu’il fut présenté à un religieux de la Compagnie de Jésus, saint François de Hieronyme, qui prédit de lui qu’il parviendrait jusqu’à l’âge de 91 ans, serait évêque et la source d’un grand bien pour l’Eglise. Ses parents, aussi recommandables par leur piété que par leur noblesse, l’élevèrent chrétiennement. Sa mère surtout se donna à ce soin. Mère de plusieurs enfants, elle n’avait pour eux d’autre sollicitude que celle de faire croître et grandir en eux Jésus-Christ. Ce zèle si chrétien fut récompensé par une fin heureuse, et par une fidèle correspondance de tous ses enfants.

Saint Alphonse fut celui qui répondit le mieux aux soins de sa mère. Il fit de rapides progrès dans la piété. Jeune encore, il avait un amour singulier pour Jésus-Christ caché dans le Tabernacle. A côté de cette dévotion grandissait celle de la Sainte-Vierge. Il ne passa jamais un jour sans réciter son chapelet. Tant de piété ne tarda pas à donner des fruits merveilleux. Un jour qu’il jouait avec des enfants de son âge, il entendit l’un d’eux prononcer des paroles peu respectueuses pour le nom de Dieu. Aussitôt, se tirant à l’écart, il vint s’agenouiller devant une statue de la bienheureuse Vierge, pour lui demander pardon sans doute de la faute dont il venait d’être le témoin. Cependant ses compagnons s’étant aperçus de son absence le cherchèrent, et le retrouvèrent en extase devant la Madone.

De bonne heure, saint Alphonse se donna à l’étude. Il excella dans tous les genres, mais plus particulièrement en littérature : témoins les chants qu’il composa en l’honneur de Jésus et de Marie. Ses progrès furent tels qu’il avait déjà conquis à l’âge de seize ans, la palme de l’un et l’autre droit. Son père lui fit aussitôt embrasser la carrière d’avocat. Il passa dix ans dans cet état, dix ans où Dieu voulut le proposer comme un modèle de piété vraie au milieu du monde et montrer en même temps combien le monde est à craindre pour quiconque veut se sauver.

Avant d’être un avocat brillant il s’efforça d’être un chrétien fervent. Pour mieux se conserver pur au milieu du monde et charitable au milieu de ses frères, il prit tous les moyens, particulièrement la prière et la fréquentation des sacrements. Il s’exerçait aux œuvres de miséricorde en allant visiter dans les hôpitaux les membres souffrants de Jésus-Christ. Il se donnait ensuite aux devoirs du barreau où il avait un grand succès. Sa parole était toujours suivie d’applaudissements, et il ne perdit jamais aucune cause, sinon la dernière. Cependant, malgré ses efforts pour rester un chrétien fervent, il ne put s’empêcher de décliner insensiblement ; les idées, les attraits du monde, les paroles flatteuses, à force de battre son âme, finirent par y faire brèche.

Toutefois Alphonse fut assez fort pour ne pas se laisser entraîner au péché mortel. Dieu descendit dans le lieu du combat, et en retira son serviteur de la manière suivante :

Ayant reçu une cause grave et difficile à soutenir, Alphonse la prépara pendant un mois et se présenta ensuite au barreau. Son éloquence fut plus brillante que jamais, les applaudissements ne finissaient pas. Mais au moment de sortir victorieux du combat, il fut tout à coup déconcerté par son adversaire qui lui signala un défaut sur lequel reposait l’édifice de ses arguments. Cet échec plongea Alphonse dans un découragement qui se changea bientôt en un profond dégoût pour le barreau. Il le laissa en disant tout haut : « O monde ! maintenant je te connais, désormais tu ne m’auras plus. » En effet, depuis ce jour il ne reparut plus au banc des avocats, malgré les remontrances de ses amis.

A quelque temps de là, il visitait un hôpital, suivant sa pieuse coutume, lorsqu’il entendit ces paroles : « Laisse le monde de côté, livre-toi à moi tout entier… » Il fut alors prit d’une vive émotion, et répondant à cette voix qui l’appelait, il dit en fondant en larmes : « O ! Dieu , me voici, faites de moi tout ce qu’il vous plaira. » A quelques pas se trouvait une église dédiée à la Mère du Rédempteur, il y entra et y déposa son épée de gentilhomme en gage de son renoncement au monde et de sa donation à Dieu.

Cet héroïque sacrifice fut retardé quelque temps par la mauvaise volonté de son père, mais Dieu aidant, saint Alphonse l’accomplit. Il revêtit l’habit ecclésiastique le 23 octobre 1723 et se mit sans tarder à l’étude de la théologie. Au bout de trois ans, il fut appelé aux ordres. Le nouveau prêtre du Seigneur envisageant sa dignité comme les saints, se livra avec ardeur à toutes les exigences qu’elle comporte. La mission du prêtre, c’est le salut des âmes. Saint Alphonse comprit pleinement cette grande vérité et l’embrassa avec un cœur aussi généreux que possible. Prédications, confessions, œuvres de la jeunesse, voilà quelles étaient ses occupations de chaque jour. Dans tout cela, il ne cherchait que la gloire de Jésus-Christ et le bien des âmes. Aussi les fruits de ses travaux furent-ils abondants et précieux.

Ses paroles étaient empreintes d’une suavité et d’une onction qui touchait les cœurs les plus endurcis. Il avait pour les pénitents une grande miséricorde, sans leur épargner cependant les peines qui méritaient. Aucun d’eux ne se retira de son tribunal sans avoir un profond repentir de ses fautes.

Il avait aussi de la sollicitude pour la jeunesse ; il réunissait les enfants pour leur parler de Dieu ; aux jeunes gens il recommandait la fréquentation des bonnes compagnies, composa pour eux des chants qui devaient remplacer les chants mondains, etc. Au bout de deux ans, ses forces ne lui permirent pas de continuer. Il quitta alors la ville de Scala, et se retira pour prendre du repos dans un petit ermitage voisin, appelé Sainte-Marie des Monts. Mais la charité du Christ, qui poursuit sans cesse les saints, l’accompagna et le poussa à de nouveaux efforts de zèle. Les environs de l’ermitage étaient habités par de pauvres gens, ignorants de Dieu, et n’ayant d’autres préoccupations que le soin de leurs troupeaux.

Saint Alphonse avait un amour spécial pour les gens du peuple. Quand il apprit l’état spirituel de ceux qui l’entouraient, il s’empressa de les appeler à lui et de leur distribuer la parole divine. C’est alors que lui vint l’idée de fonder pour les habitants de la campagne la congrégation des Rédemptoristes.

Saint Alphonse fonde la congrégation des Rédemptoristes.

Désireux de connaître la volonté de Dieu sur ce point, saint Alphonse se mit à prier, et à consulter son directeur et d’autres personnes compétentes. Tout le portait à exécuter son dessein. D’ailleurs, Dieu lui fit connaître sa volonté par la révélation. Il fit voir à l’une de ses servantes une nouvelle congrégation de religieux se dévouant au bien des habitants de la campagne et ayant à leur tête saint Alphonse. Cette vision rapportée à saint Alphonse, l’assentiment de son directeur et des personnes éclairées qu’il avait consultées le déterminèrent à mettre son projet à exécution.

Dieu lui envoya bientôt plusieurs compagnons, entre autre un gentilhomme nommé Vitus Curtius, dont la vocation a quelque chose d’extraordinaire. Il eut un songe dans lequel il lui semblait être au pied d’une montagne, disposé à la gravir à la suite de quelques prêtres qui se trouvaient plus haut que lui. Comme il ne pouvait avancer et qu’il faisait des efforts inouïs, il vit l’un de ces prêtres se détacher du groupe, venir à lui et lui tendre la main pour l’aider à monter. Quel ne fut pas son étonnement, lorsque le lendemain, se promenant avec un de ses amis, il rencontra un prêtre dont les traits rappelaient d’une manière parfaite celui qu’il avait vu pendant son sommeil. Ayant demandé quel était ce prêtre, il lui fut répondu que c’était Alphonse de Liguori et qu’il se préparait à fonder une congrégation. Dès ce moment, Curtius s’attacha à Alphonse, et rentra dans la congrégation comme frère convers. Son humilité et son dévouement pour Alphonse furent admirables.

La nouvelle famille ne resta pas sans épreuves. Les mépris et les ridicules du monde vinrent bien vite la visiter. Saint Alphonse qui en était la tête fut celui qui en reçut le plus gros lot. Son père, ses amis, le traitèrent d’insensé. A ces peines s’en joignirent d’autres plus cruelles encore pour le fondateur.

Celles-ci s’élevèrent du sein même de la famille. Comme il s’agissait de déterminer le but de la congrégation, il arriva que les compagnons d’Alphonse ayant un avis contraire, se retirèrent, et le laissèrent seul avec Sportelli et Curtius. Cette cruelle désertion jeta son âme dans un terrible abattement. En même temps, il se vit délaisser par son directeur lui-même, qui lui était resté jusque là fidèle. Oppressé par cet amas de maux, Alphonse eut recours à Celui qui soulage ceux qui sont dans la peine. Dieu lui fit voir qu’il ne faut jamais compter sur les hommes. Alphonse répondit à cette grâce en faisant le vœu de se dévouer à l’évangélisation des pauvres, dut-il être seul dans cette œuvre. Dès ce moment la paix se fit en son âme et la congrégation fut fondée. C’est au milieu de la pauvreté qu’elle commença. La nourriture et les vêtements étaient loin d’être suffisants. La chapelle elle-même était très pauvre et ressemblait fort à la crèche de Bethléem.

C’est dans cette église, au pied du Très-Saint Sacrement, qu’Alphonse et ses compagnons se préparèrent dans la prière à leur mission évangélique. Tout près se trouvait une grotte où notre saint se retirait la nuit pour prier et se mortifier ; on rapporte qu’il y eut plusieurs visions de la bienheureuse Vierge. Suivons maintenant notre saint dans ses missions. Son zèle s’étendait non pas seulement au diocèse de Scala, mais à tout le royaume de Naples. Il remuait les peuples par son éloquence et par ses vertus dont la plus grande était l’humilité.

C’est monté sur un âne qu’il parcourait les campagnes où il prêchait la parole divine. Son extérieur était si humble qu’un jour il fut pris pour le cocher qui conduisait les autres missionnaires. Ce pauvre cocher le même jour monta en chaire et prêcha avec une telle éloquence que ceux qui l’écoutaient se dirent entre eux : Si le cocher prêche si bien, qu’en sera-t-il des autres !

Outre la pauvreté et l’humilité, saint Alphonse pratiquait aussi dans ses missions la mortification. Il était sobre dans sa nourriture, dans son sommeil. Les fruits de si grandes vertus furent des conversions innombrables ; des villes entières se convertirent à la prédication de notre saint. En même temps Dieu le favorisait des apparitions de la Sainte Vierge.

Prêchant un jour à Foggia, capitale de la Pouille, sur les gloires de Marie, pendant qu’il avait le visage tourné vers un tableau qui représentait cette glorieuse reine, le peuple vit partir du tableau un rayon qui illumina la tête du saint, qui fut tout à coup ravi en extase et élevé du sol à plusieurs pieds de hauteur. Aux visions se joignirent le don des guérisons et la bilocation dont nous donnerons un fait plus loin. Le bien fait par Alphonse et ses compagnons parvint à la connaissance du pape Benoît XIV qui approuva solennellement l’Institut avec sa règle. En actions de grâces de cette faveur nos missionnaires chantèrent le Te Deum à la fin duquel saint Alphonse dit ses paroles qui montrent combien il se trouvait heureux de voir sa famille approuvée par le souverain pontife : Visitez, Seigneur, et fécondez cette vigne que votre droite vient de planter.

Aux travaux apostoliques, saint Alphonse joignit les travaux littéraires. C’est pendant le cours de ses missions qu’il composa sa théologie morale et plusieurs autres ouvragés. Le secret de tant de fécondité se trouve dans le vœu qu’il fit au commencement de sa vie religieuse de ne perdre jamais un seul instant.

Considérons maintenant notre saint dans ses principales vertus. La première, c’est l’amour de Notre-Seigneur qui lui faisait détester souverainement le péché. Dans ce divin Maître il aimait à contempler surtout les mystères de l’Incarnation, de la Passion, et de la Charité. Sa dévotion envers le Très-Saint Sacrement n’avait pour ainsi dire pas de limite. Pour connaître quelles étaient ses sentiments de foi et d’amour pour ce divin Sacrement, on peut lire son livre intitulé : Visite au Très-Saint Sacrement.

Lorsque sa communauté manquait de pain, saint Alphonse avait recours à Jésus dans l’Eucharistie. Il s’approchait de l’autel et frappait à la porte du Tabernacle en disant : Seigneur-Jésus, nous n’avons plus de pain.

La seconde vertu, c’est la prière. Saint Alphonse priait toujours et poussait les autres à faire de même. Sa prière était celle du pauvre qui demande, et du fils qui parle à son Père.

La troisième vertu est la dévotion envers la Très-Sainte-Vierge. Il composa plusieurs traités sur cette dévotion qui font mieux connaître qu’on ne pourrait le faire ici, les sentiments de piété filiale de saint Alphonse pour cette bonne Mère. En son honneur, il récitait tous les jours le chapelet, jeûnait tous les samedis et la veille de ses fêtes. De plus, il avait fait vœu de prêcher tous les samedis sur la Sainte-Vierge.

Saint Alphonse élevé à l’épiscopat

Parlant un jour avec son évêque des miséricordes de Dieu sur lui, il disait : « Parmi les plus grands bienfaits que Jésus-Christ m’a accordés, je dois rappeler celui de m’avoir arraché au danger de l’épiscopat. » Et c’est avec une véritable joie qu’il faisait cette déclaration. Mais dans le même temps, il reçut de Rome des lettres qui le nommait au siège Sainte-Agathe des Goths. Saint Alphonse avait alors soixante-six ans. Il comptait passer le reste de sa vie au milieu de ses enfants, et s’y préparer à recevoir la couronne qui l’attendait au ciel. Mais à la réception de ces lettres, ses espérances furent déçues et une immense douleur s’empara de lui. Les religieux vinrent pour le consoler et lui proposèrent un moyen de détourner le fardeau qu’il craignait. C’était d’écrire au Pape pour le remercier et le prier de donner cette charge à un autre. Un rayon d’espérance pénétra dans le cœur d’Alphonse. Mais il fut bientôt dissipé. De nouvelles lettres arrivèrent de Rome, dans lesquelles le Pape Clément XIII lui enjoignait, au nom de l’obéissance, d’accepter la charge qui lui était imposée. Saint Alphonse, à cette nouvelle, fut terrifié. L’ordre du Pape était formel ; il n’y avait plus lieu de réclamer. Alphonse dit alors : « Que la volonté de Dieu soit faite. C’est elle qui me chasse de la congrégation, sans doute à cause des péchés que j’ai commis. » Le sacre eut lieu à Rome dans l’église Sainte-Marie ad Minervam. Après les cérémonies et la réception de la bénédiction du Souverain-Pontife, saint Alphonse se rendit dans son diocèse où il fut reçu en triomphe par son troupeau qui le regardait comme son pasteur, son père et comme un homme de Dieu. Ces événements se passaient en l’année 1762.

Investi dans cette haute dignité, saint Alphonse en embrassa tous les devoirs sans négliger ceux qu’il avait pratiqués jusque là, c’est-à-dire que, avec le soin de son diocèse, il conserva celui de sa famille religieuse et celui de toute l’Eglise. Pasteur, il se fit le modèle de tout son troupeau, en mettant un ordre parfait dans sa maison. L’emploi du temps était réglé, la prière avait une large part. Pour ce qui regarde les domestiques qui étaient en fort petit nombre, saint Alphonse fit un règlement sage. Assister tous les jours à la messe, fréquenter les sacrements, bannir tous les jeux de gain, être un modèle pour les autres domestiques, voilà quel était leur programme.

Pour ses courses apostoliques, saint Alphonse les faisait dans un très humble équipage. Il rappelait celui de Notre-Seigneur entrant à Jérusalem quelques jours avant sa passion, de sorte qu’on pouvait dire de saint Alphonse comme du divin Maître : « Filles de Sion, voici votre roi qui vient à vous, plein de mansuétude, siégeant sur un âne. » Son zèle s’étendait à toutes les âmes ; aux enfants qu’il appelait autour de lui et instruisait des principaux mystères de la religion ; aux jeunes gens, aux plus âgés, aux malades qu’il guérissait.

Mais l’objet constant de ses préoccupations, c’était le salut des âmes. Aussi, pour le leur procurer, il s’occupa sagement des séminaires où se trouvait « l’espoir, disait-il, de tout le bien qui peut se faire dans mon diocèse ».

Pendant ce temps il ne perdait point de vue sa Congrégation. Elle progressait lentement, mais heureusement ; elle avait déjà plusieurs maisons. Sa sollicitude pour elle redoubla lorsque commença de souffler le vent de la Révolution qui menaçait déjà de tout renverser et qui avait atteint la Compagnie de Jésus. Le saint fondateur recommanda ses enfants à la Sainte-Vierge, et ne négligea pas même les moyens humains. Il sollicita pour eux la protection de plusieurs hauts personnages ; lui-même vint à Naples, malgré son grand âge, pour y défendre leurs intérêts. S’il n’obtint pas tout le fruit désirable, il obtint du moins qu’ils ne seraient pas dispersés.

En même temps saint Alphonse supportait avec courage les maladies corporelles que Dieu lui envoyait et travaillait à la défense de l’Eglise catholique, apostolique et romaine, en éditant des ouvrages pour venger la suprématie du Souverain-Pontife. Pendant une terrible maladie il composa un livre intitulé : Pratique d’aimer Jésus-Christ.

Après avoir porté pendant seize ans le fardeau de l’épiscopat, il résolut de s’en faire dispenser. Mais il ne le fut qu’après la mort du Pape Clément XIV. Ce Pontife, obligé par les circonstances, avait supprimé la Compagnie de Jésus. Cet acte forcé lui causa une profonde amertume. Dieu, pour le soulager, se servit du ministère de notre saint qui écrivit des lettres pleines de l’esprit de Dieu pour consoler le Pape. Près de mourir, le Pape Clément XIV fut assisté par saint Alphonse qui, dans cette circonstance, par un miracle extraordinaire, se trouva en même temps à Rome et sur son Siège épiscopal.

Dès que Pie VI fut élu à la place de Clément XIV, saint Alphonse présenta sa démission au Pape qui l’accepta, mais non sans peine. Il se remit dès lors sous le joug de la vie religieuse avec une grande allégresse. Ses derniers jours furent encore troublés par des afflictions sans nombre qui vinrent le visiter. Il eut la douleur de se voir trompé par l’un de ses religieux sur lequel il pouvait le plus compter, dans une cause très grave qu’il lui avait confiée. Des calomnies inventées contre lui furent envoyées au Pape qui, les croyant vraies, ôta à saint Alphonse la charge de supérieur et la donna à un autre religieux. De plus notre saint se vit accabler par les tentations : tentations de désespoir, tentations d’orgueil, tentations de la chair. Au milieu de tous ces maux il avait recours à Jésus et à Marie. Enfin le calme se fit, et il put jouir des extases qui furent comme le commencement de sa bienheureuse éternité. Pendant les derniers jours, il jouissait de la vue de Jésus et de Marie, dont il baisait sans se lasser une image qu’il avait entre ses mains. Il rendit son âme à Dieu, le 1er août, à l’heure de l’angélus, au milieu de ses enfants qui étaient accourus nombreux pour voir une dernière fois ici-bas son visage.