Sainte Agnès de Montepluciano

Fête le 20 avril

Quatorzième siècle


Légende de la gravure

La veille de l’Assomption, sainte Agnès de Montepulciano priait pour se préparer à la fête du lendemain. Ravie en extase, elle voit apparaître la Reine des Anges qui descend vers elle, portant l’Enfant Jésus dans ses bras. Pleine de joie et de confiance, la Sainte demande et obtient de tenir un instant dans ses bras le divin fils de Marie.


I

Naissance d’Agnès. – Miracle qui l’accompagna

Dès ses premières années, l’arbre monastique planté par saint Dominique au sein de l’Eglise prit une rapide extension dans l’ordre de la doctrine, comme dans celui de la sainteté. La bienheureuse Agnès de Montepulciano fut un des plus beaux fruits de cette fécondité merveilleuse. Elle naquit dans une humble bourgade de Toscane, située aux environs de Montepulciano. Ses parents, pauvres, mais craignant Dieu, méritèrent par leur piété l’honneur de la donner au monde et à l’Eglise.

Agnès avait été choisie, dès le sein de sa mère, pour accomplir de grandes choses. On vit, en effet, au moment de sa naissance, des flambeaux inonder d’une clarté toute céleste l’appartement où se trouvait sa mère. Les anges saluaient ainsi l’envoyée du Seigneur.

L’enfant bénie ne démentit pas les espérances que ce prodige avait fait concevoir. Dès l’âge le plus tendre, elle sentit germer en son âme l’attrait de l’oraison. On peut dire qu’elle éprouva les douceurs avant d’avoir appris à parler. Dès qu’elle put bégayer le Pater et l’Ave, on la voyait, délaissant les jeux des enfants de son âge, rechercher les lieux les plus retirés de la maison paternelle ; et là, les mains jointes, à genoux, elle se plaisait à redire ces saintes prières.

Le Saint Esprit établit dès lors son palais dans ce jeune cœur et l’inonda de ses grâces. Il lui inspira un ardent amour pour la sainte vertu de pureté. Aussi, toute jeune, elle était déjà la terreur du démon. Qu’on en juge par le trait suivant :

La petite sainte avait atteint sa neuvième année, lorsqu’un jour, se rendant de son village à Montepulciano, elle vint à passer près d’une maison de débauche. Une bande de corbeaux, s’élançant d’un champ voisin, se précipita vers elle, voltigeant au–dessus de sa tête, poussant des cris affreux et menaçant de la déchirer. Ils n’osèrent cependant pas lui faire aucun mal. Les démons qui habitaient ces lieux maudits témoignaient, par l’organe de ces sinistres oiseaux, la fureur que la seule présence de cette enfant si pure excitait chez eux. Agnès, comme on le verra plus loin, devait changer en un sanctuaire de prière et de vertu, la maison qui était alors le séjour du vice.

II

Agnès se consacre à Dieu. – Sa ferveur

Cette même année, Agnès demanda à se consacrer au Seigneur, afin de mettre plus à l’abri, sous les ombres du cloître, cette pureté que le démon lui enviait si fort. Il y avait, à Montepulciano, un couvent de religieuses Sachines, ainsi nommées de leur habit, fait de toile très grossière. C’est là qu’elle voulut entrer tout d’abord ; car elle ne devint fille de saint Dominique que quinze ans plus tard.

Une fois admise dans ce lieu de retraite, la sainte enfant commença à se traiter comme une personne avancée en âge. Elle embrassa avec ardeur toutes les pratiques de la vie religieuse. Assidue à mortifier son corps par les jeûnes, les veilles et autres austérités, elle s’appliquait à crucifier sa volonté par une obéissance rigoureuse et entière aux moindres indications de sa supérieure.

Mais ce qui était le plus remarquable en elle, c’était son ardeur pour la prière, les lectures saintes et la méditation. Cet attrait qu’elle avait éprouvé dès son jeune âge n’avait fait que se fortifier. Elle volait à la prière, comme le cerf altéré court à la source d’eau vive. Tous ses loisirs étaient consacrés à ces entretiens intimes avec Jésus–Christ. Aussi fit–elle en peu de temps de rapides progrès dans la contemplation.

Souvent on la voyait s’élever de terre et s’approcher peu à peu du Crucifix devant lequel elle priait, jusqu’à pouvoir appliquer ses lèvres et déposer un fervent baiser sur les plaies sacrées du Rédempteur.

Tant de vertus, jointes aux grâces extérieures dont Dieu l’avait douée, la firent appeler l’Ange du couvent.

III

Agnès abbesse à quinze ans par la volonté de Dieu

Une nuit, la Sainte Vierge apparut à la bienheureuse et lui remit trois perles éclatantes de beauté, en lui disant :

– Ma fille, je te destine à élever une église et un monastère en mon honneur. Je veux que l’édifice soit fondé sur la foi en la Très Sainte–Trinité que représentent ces trois perles.

Agnès avait alors quinze ans.

A peu de temps de là, les habitants de Procéna, dans le comté d’Orvietto, résolurent de bâtir en leur ville, un monastère destiné à l’éducation de leurs enfants. Ayant entendu parler des vertus de sœur Agnès, ils commencèrent des démarches pour obtenir qu’elle fut chargée de diriger la nouvelle fondation. Dieu qui leur avait inspiré cette pensée, fit aboutir leur requête, et la supérieure des Sachines finit par céder à leurs instances réitérées. Agnès se soumit à la voix de l’obéissance et partit pour Procéna, accompagnée de sa maîtresse de novices. Elle surveilla les travaux, et quand l’édifice fut terminé, elle y établit une communauté de vierges.

Le souverain Pontife Nicolas IV, informé de sa sainteté et de sa prudence admirables, lui conféra par un bref le titre et la charge d’abbesse. La bienheureuse accepta ce nouveau fardeau avec une résignation aussi humble que courageuse. La vertu du Saint–Esprit qui avait autrefois transformé douze pauvres pêcheurs de Galilée en docteurs du monde, suppléa merveilleusement à ce qui manquait à la jeune supérieure du côté de son âge. Sous sa direction, dit le chroniqueur, le monastère de Procéna devint un vrai paradis, tellement la sainte qui le dirigeait répandait d’influence autour d’elle et communiquait son esprit de ferveur à tous ceux qui l’approchaient.

IV

Vertus de la bienheureuse comme supérieure

Les habitants de Procéna n’eurent qu’à s’applaudir de l’heureux résultat de leurs négociations. Mais leur joie n’égalait pas les angoisses qu’éprouvait la sainte en se voyant de si bonne heure chargée de diriger les âmes des autres. Sentant la responsabilité qui pesait sur ses faibles épaules, elle suppliait le Seigneur de lui donner la lumière et les forces nécessaires.

Elle se livrait à de très rudes austérités. Pendant les quinze années qu’elle passa à Procéna, elle ne coucha jamais que sur la terre nue, jeûnant en outre continuellement au pain et à l’eau.

Malgré son penchant pour la solitude et pour la contemplation, elle était dévouée tout entière aux devoirs de sa charge. Il lui en coûtait souvent des larmes d’interrompre son oraison ; elle le faisait cependant avec un généreux désintéressement, sachant que Dieu veut, avant tout, que nous accomplissions les devoirs d’état.

Le Seigneur montra en plusieurs circonstances combien cette conduite lui était agréable. On voyait quelquefois la sainte sortir de l’oraison, le manteau couvert d’une manne céleste, blanche comme la neige. D’autres fois, des fleurs et des violettes jaillissaient soudain de terre, à l’endroit où elle avait posé les genoux.

La sainte Vierge ne délaissa pas non plus sa pieuse servante. La veille de l’Assomption, Agnès veillait et priait pour se préparer à la solennité. Tout à coup elle voit apparaître, au milieu d’un éclat merveilleux, la Reine des Anges qui descendait vers elle, portant dans ses bras l’Enfant Jésus. Remplie d’une joie et d’une confiance admirables, la bienheureuse demanda de tenir un moment son Fils entre ses bras. Marie condescendit en souriant à sa requête, et sœur Agnès crut un moment goûter les joies du paradis. Quand il fallut rendre l’Enfant divin, elle ressentit une peine indicible. Il lui semblait qu’une telle séparation devait lui arracher la vie. L’Enfant portait au cou un crucifix d’une merveilleuse beauté, suspendu à un cordon de soie. Agnès rendit l’Enfant, mais elle voulut du moins garder le crucifix. La vision disparut alors, laissant notre sainte comme privée de sentiment et inondée à la fois de joie et de tristesse.

V

Maladie d’Agnès. – Sa reconnaissance envers les bienfaiteurs de son monastère.

La jeune supérieure était obligée de veiller non seulement à la direction spirituelle de sa communauté, mais aussi à l’entretien matériel. Ce dernier point n’était pas toujours chose facile ; car le monastère de Procéna était des plus pauvres. Plus d’une fois les provisions de pain, d’huile et d’argent venaient à manquer tout à coup. La sainte avait alors recours à Dieu qui ne lui fit jamais défaut.

Malgré le secours de cette assistance providentielle, la sainte n’en était pas moins accablée de fatigues. Elle tomba enfin en une grave maladie qui dura assez longtemps. La Sainte Vierge vint la consoler et la fortifier dans cette épreuve par des apparitions.

Mais ce qui n’est pas moins propre à édifier le lecteur, c’est le trait suivant. Les médecins avaient ordonné à sainte Agnès de faire usage de viande. La bienheureuse n’en avait jamais touché de sa vie ; elle s’était promis de garder cette abstinence jusqu’à la mort. L’ordonnance des médecins la jeta dans une angoisse extrême. Mais Dieu vint à son secours. Comme on lui apportait le remède si redouté, la sainte fit le signe de la croix sur le plat, qui se trouva aussitôt chargé de deux beaux poissons. Agnès remercia le Seigneur de sa bonté, et les médecins n’osèrent plus contrarier sa sainte résolution.

La bienheureuse montrait une grande reconnaissance envers les bienfaiteurs de sa communauté. Ne pouvant leur rendre des biens temporels, elle offrait à Dieu de ferventes prières pour le salut de leurs âmes.

Une nuit, sœur Agnès se vit transporter en songe dans un lieu ténébreux ; l’air y était embrasé, peuplé de fantômes hideux, et retentissait sans cesse de cris et de lamentations déchirantes ; véritable image de l’enfer et de ses horreurs. Au milieu de ce séjour de la souffrance, plusieurs démons apprêtaient une chaise de feu qu’ils semblaient réserver à quelqu’un. Remplie de terreur, et à demi–morte, la sainte se hasarde à demander à qui est destiné ce siège horrible. Les démons lui répondent en ricanant que c’était pour un des bienfaiteurs de son monastère, au salut duquel elle s’intéressait vivement. Le malheureux, depuis trente ans, négligeait ses confessions, et cachait des péchés qu’il n’osait déclarer. En proie à une douloureuse surprise, la sainte se réveilla et s’empressa d’appeler son bienfaiteur, pour lui communiquer ce qu’elle avait vu. Celui–ci mit à profit ces avertissements ; il mourut peu de temps après et Agnès eut le bonheur de voir son âme monter au ciel, sans passer par les flammes du purgatoire.

VI

La sainte est rappelée à Montepulciano,

et y fonde un monastère de Dominicaines

Cependant, la renommée de la jeune vierge fit comprendre aux habitants de Montepulciano quelle perte ils avaient faite en elle. Jaloux de posséder un si précieux trésor de vertus, ils prétendirent la rappeler au milieu d’eux. Leur réclamation paraissait juste, puisque c’était aux environs de leur ville que la sainte avait pris naissance. Mais en agissant ainsi, les habitants de Montepulciano n’étaient que les instruments dont se servait la divine Providence pour accomplir ses desseins sur Agnès. Saint Augustin, saint Dominique apparurent à la jeune abbesse, et l’engagèrent à se rendre aux désirs de ses concitoyens. Dieu voulait qu’elle fondât un nouveau monastère, sous la règle de saint Dominique, sur l’emplacement même de cette maison impure, près de laquelle les démons étaient venus l’attaquer sous la forme de corbeaux.

La sainte se mit aussitôt en devoir d’accomplir l’ordre céleste. Elle donna une nouvelle abbesse à son monastère et partit avec quelques compagnes. Grâce au concours des habitants de Montepulciano, Agnès fut bientôt établie avec vingt autres sœurs dans sa nouvelle fondation. Elle avait adopté la règle de saint Augustin, mais un bref du Pape lui permit bientôt de s’entôler sous celle de saint Dominique, selon l’ordre de la vision.

L’ancienne habitation des démons se convertit alors en une demeure bénie que commencèrent à fréquenter les esprits célestes. Plusieurs saintes âmes virent une échelle lumineuse, dont le sommet se perdait dans les cieux, et dont le pied reposait dans le chœur du monastère. Les anges, célestes intermédiaires entre Dieu et les hommes, portaient les prières de ferventes religieuses jusqu’au trône du Très–Haut, et rapportaient en retour d’abondantes grâces qu’ils distribuaient à la terre. D’où l’on voit que les âmes qui se réfugient dans le cloître, ne fuient pas la société par antipathie ou par haine, mais afin de se rendre par leurs prières et leur pénitence plus utiles au monde, qui ne cesse d’offenser Dieu.

Agnès était attentive à écarter de ses filles spirituelles toute occasion de péché. Une d’entre elles s’étant grièvement blessée à la tête dans une chute, elle aima mieux la guérir miraculeusement, en traçant de sa main virginale le signe de la croix sur la plaie, que d’envoyer la sœur chercher dans le monde la santé du corps au péril de son innocence.

Une nuit, comme elle veillait, selon sa coutume, en oraison, elle vit des démons pénétrer dans le dortoir de la communauté. Epouvantée d’une pareille visite, elle s’empresse de réveiller les sœurs, et ne les renvoie reprendre leur sommeil qu’après leur avoir fait faire leurs coulpes, et leur avoir imposé quelques pénitences.

Elle avait aussi le don de lire dans les cœurs. Elle s’en servait pour réprimander ou encourager ses filles, selon les dispositions qu’elle voyait en elles.

Un dimanche, Agnès était allée dès l’aurore se prosterner sous un olivier du jardin pour y faire oraison. Elle fut ravie en extase, et quand elle revint à elle il était déjà cinq heures du soir. Comme elle s’affligeait d’avoir manqué la messe ce jour–là, et de n’avoir pas pu recevoir son Dieu sous les espèces eucharistiques, un ange lui apparut, et lui administra la sainte communion. Cette nourriture céleste la remplit de consolation et d’une telle force qu’elle oublia la réfection corporelle et poursuivit longtemps encore son oraison.

Elle eût bien voulu visiter les lieux saints de Jérusalem ; mais ni la bienséance de son sexe, ni la règle de la clôture ne lui permettaient de faire un si long voyage. Pour la dédommager, Dieu chargea un ange de lui apporter un peu de la terre qu’avait imbibée le sang du Sauveur mourant sur la croix.

Ce fut d’une manière non moins miraculeuse qu’elle put avoir un fragment des habits de saint Pierre et de saint Paul. Etant encore supérieure du couvent de Procéna, elle eut occasion de venir à Rome pour obtenir du Saint–Siège la confirmation des privilèges de son monastère. Elle désirait vivement avoir quelques reliques de deux princes de l’Eglise. Pendant qu’elle priait avec ferveur devant leurs tombeaux, deux fragments se détachèrent des vêtements qui enveloppaient les ossements sacrés, et vinrent se déposer sur les genoux de la sainte, qui les recueillit avec dévotion, et revint toute joyeuse à son monastère.

VII

Seconde maladie et mort bienheureuse da la sainte. – Merveilles

qui suivirent son trépas.

Cependant le moment approchait où Dieu voulait récompenser sa fidèle servante. Un jour, succombant à la fatigue, la sainte était allée prendre un peu de repos. Il lui sembla qu’un ange la conduisait dans le jardin du convent, sous un olivier, et là lui présentait une coupe remplie d’une liqueur amère : « Bois, disait–il, épouse du Christ, bois en l’honneur de Celui qui but pour toi le calice de la Passion. »

Peu après la sainte tomba malade. Elle but avec ferveur le calice que Dieu lui envoyait, et montra au milieu des souffrances une patience inaltérable. Les médecins lui ordonnèrent des bains ; elle obéit, bien qu’elle eût peu de confiance dans les remèdes humains. Elle guérit plusieurs malades, fit jaillir une nouvelle source, dont l’eau opéra bientôt de nombreux miracles ; mais elle–même dut revenir à Montepulciano sans avoir éprouvé aucune amélioration.

Dieu lui révéla alors l’heure où son âme serait délivrée des liens de la chair pour aller jouir de l’éternel repos. Elle attendit l’heureux moment avec une sorte d’avidité. Ses filles gémissaient de la voir si joyeuse de les quitter. Mais Agnès les consolait par des paroles pleines de douceur et d’espérance.

– Si vous me portez une véritable affection, leur disait–elle, ne pleurez pas ma mort, puisqu’elle n’est, à mes yeux, qu’un passage de la terre au ciel. Il n’est pas convenable qu’un ami s’afflige, du bonheur de son ami. Je pars ; mais soyez certaines que je ne serai absente que de corps ; dans le ciel, où j’espère être admise, avec la grâce de mon Dieu, mon âme se souviendra de vous.

C’est ainsi qu’elle cherchait à employer au profit de ses chères filles spirituelles les derniers instants et le peu de forces qui lui restaient. Enfin, au milieu de ses élans d’amour et des prières de ses compagnes, elle leva une dernière fois les yeux au ciel, et rendit doucement son âme entre les mains des anges qui la portèrent au Paradis. C’était le 20 avril 1317, un peu après minuit. Elle avait vécu quarante–trois ans.

En ce même moment, à Montepulciano et dans les environs, tous les enfants furent réveillés en sursaut par une force surnaturelle, et se précipitant vers leurs parents, ils s’écriaient : « Sœur Agnès est morte ; elle est partie pour le Ciel. » C’est de cette façon miraculeuse que la nouvelle se divulgua bientôt dans tout le pays. La sainte apparut elle–même à diverses personnes, leur annonçant qu’elle montait au séjour du bonheur.

Une odeur suave se répandit dans le monastère et les lieux environnants. Les sœurs envoyèrent aussitôt chercher à Gênes des aromates, pour embaumer le corps de leur mère et fondatrice. Mais Dieu voulut montrer que les parfums de la terre sont inutiles à ceux qu’il oint des parfums de la grâce. Les mains, le visage de la sainte commencèrent à se couvrir d’une odeur odoriférante, en telle abondance que ses habits en étaient imprégnés. On recueillit, dans des vases de cristal, une grande quantité de ce baume céleste que le saint corps continua à distiller pendant plusieurs années.

VIII

Sainte Catherine de Sienne au tombeau de sainte Agnès

Sainte Catherine de Sienne professa une grande dévotion pour sainte Agnès de Montepulciano. Cette vierge, d’une vertu si éminente, et qui avait atteint un si haut degré de contemplation que Jésus–Christ lui–même ne dédaignait pas de venir, en personne, s’entretenir des heures entières et réciter des psaumes avec elle, connut par révélation qu’elle jouirait au ciel, du même degré de gloire que sainte Agnès. C’est là, sans doute, le plus bel éloge que l’on puisse faire de la vierge de Montepulciano.

Sur cet avis, désireuse de nouer, dès ici–bas, des liens d’une tendre charité avec celle dont elle devait être la compagne durant toute l’éternité, sainte Catherine vint deux fois en pèlerinage à son tombeau. La première fois, le pied de sainte Agnès, sortant de la châsse, se présenta lui–même aux baisers de la vierge de Sienne. La deuxième fois, une rosée de manne blanche comme la neige tomba sur Catherine et les assistants. Sainte Agnès témoignait par ces signes extérieurs combien ces visites lui étaient agréables.

Le nom de la bienheureuse vierge de Montepulciano fut inscrit au catalogue des saints par le pape Benoît XIII, en 1726.